le monde merveilleux de lucien

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J’aimerais tant vivre mon rêve,

Avant que mon tour ne s’achève.

Avant la chance desservie…

J’aimerais rencontrer ma vie…

Mais l'amour fait triste destin,

Quand l’orage le rend chagrin,

Mouillant mes yeux rompant ton charme,

Le ciel m’efface, il me désarme.

Lors, si je perds tout du combat,

Mon éthique en ploie sous le bât!

Sans l’épique de ce qui fuse,

Plus de merveille, plus de Muse.

Or je te sublime ô ma Femme,

Quand tu réanimes ma flamme.

Magnificence en l’exutoire,

Tu nais de force absolutoire.

De mes péchés spirituels…

Te voici l'Archange éternel.

Ô ma Gardienne, ô ma suprême,

Délivre-moi de l’anathème.

Par Dieu ma belle conquérante

Contre tous démons je te chante,

Archange-fée ô magnanime:

Tu connais bien ce qui m'anime:

Un cœur d'’homme né troubadour,

Qui bat comme un chagrin d’Amour…

Dans ce premier bonheur du jour:

Qui tendre est né pour mon secours...

… Ô femme...

Toi qui souffles sur mes nuages,

Pour dévoiler d’autres mirages,

Marcherais-tu dans mes déserts

Suivant mes pieds nus syllabaires?

Entendrais-tu si bien aussi,

Tous ces mots bleus que j’associe,

Coloriant la belle image,

Que je peins pour te rendre hommage?

Je te sens prête à partager,

Jusqu’à ne rien d’autre penser,

Que même regard même idée,

Qui ferait naître l’orchidée…

Alors, femme:

Si d’aventure c’est cela,

Qui ouvre ton cœur et tes bras,

Ce soir tu banaliseras,

L'énigme de Mona Lisa.

      L’épouse aura toujours ceci de précieux qui n'appartient qu'aux femmes: le maître mot! Et cela lui octroie à la fin des conversations, qu'elles soient orageuses ou non, de «noyer si bien le poisson» que forcement pêcheur, mais pour le coup toujours en manque d’argument contre ses appâts, son mari la verra transformer immanquablement chaque essai verbal à son profit. Un peu comme on assure un point dans une partie de tennis en jurant ses grands dieux que la balle n'est pas tombée "out" tout en sachant pertinemment qu'elle l'est! Cela figurant ces moments qui font jalons bienheureux ou malheureux, tout au long de cet étrange chemin que représente une vie de couple. Générant des souvenirs pour lesquels aucun mot connu de tous les langages ne les saurait mal décrire…

À l'instar du poète Lucien, quand l’indicible sentiment d'amour émane de sa propre femme comme aussi, mais autrement, par l'essence sacrée d’une humaine fée bleue, qui est certes entité, mais faite comme lui de poésie par nature, car disciple d’un dieu des poètes omniprésent: ledit sentiment s’en ressent d'autant plus fort psychiquement qu’il est fait d'émotions trop intenses car tenant à la fois du merveilleux, et se combinant par l’étonnante alchimie des sens exacerbés... Ainsi le charme de ces instants lorsqu’ils précédent ou annoncent un grand amour, devrait ne jamais cesser, mais au contraire, se figer dans la mémoire des gènes. Pour être à jamais indélébile, avec pour mère sacramentelle la matrice universelle qui fonda l’acide désoxyribonucléique... pour notion héréditaire.

Mais le temps est assassin… Colette et Lucien avaient subi la peine de voir souffrir, puis mourir leur amie Gladys, emportée par un cancer foudroyant. Le petit bistrot, en perdant son âme, n’avait plus jamais rouvert ses volets de bois vert. Alors, la Dame bleue n’était jamais revenue glisser décalcomanie. Lucien avait bien tenté à nouveau l’expérience, mais il manquait quelque chose... Peut-être cette alchimie qui s’obtenait lorsqu’ils étaient tous trois réunis…?

Notre poète ignorait comment le quartz s’active au point démettre la lumière bleue. Sinon que peut-être il lui manquait un lien que lui apportait la présence de Gladys… Alors notre poète avait oublié le dessin. Désormais inutile, son « caillou », gisait dans un tiroir de son atelier. Même son premier livre exposé dans les points Syndicats-d'Initiative Ardennais avait perdu de sa magie. Les quelques exemplaires encore proposés à la vente commençaient à prendre la poussière. Il avait achevé le tapuscrit du second tome. Puis ébauché le plan d’un troisième, mais le cœur n’y était plus. Et puis Colette n’était pas au mieux. Elle subissait une lente dégradation inexplicable de sa santé. La situation s’était amorcée peu après la perte de leur amie intime. Ce deuil avait aussi mis à mal les idéologies sentimentales du poète. Quelque chose de mesquin avait le don de brouiller au petit jour les pages qu’il écrivait en rêve, durant la nuit. On aurait dit que comme la Dame bleue de son histoire, toute son énergie créatrice s’amenuisait. Ses actes guérisseurs lui semblaient vains. Ils lui apparaissaient comme autant de coups d’épée portés à une eau triste. Il avait bien tenté de magnétiser sa femme. Faisant usage de sa connaissance pour lui transmettre un peu de son énergie. Avec l’espoir de rétablir un semblant d’harmonie.

Après chaque séance, le poète se sentait vidé de sa propre substance énergétique. Alors il finirai par renoncer. D’ailleurs il n’était pas loin de sombrer à son tour dans le même état de dépression destructrice… Et pourtant il l’aimait sa Colette! Et elle le lui rendait aussi… lorsqu’elle allait mieux. Mais cela ne durait que les quelques jours qui suivaient chaque séance. Ensuite, la morosité se réinstallait insidieusement… Il n’aurait plus manqué que Colette s’éteigne à son tour pour que Lucien ne fasse le choix d’aussitôt les rejoindre toutes deux au pays des ailleurs…

***

Sur un banc sont assis là deux enfants,

Serrés l’un contre l’autre et regardant,

À l’ombre bleue de leurs nuits la lumière,

Reflétée par l’astre gris sur la terre.

Deux corps confondus, deux cœurs sans dénis.

La vie et le hasard les ont unis…

Dans l’espace-fruit du temps de la lune:

Qui rend glamour ce que l’un fait à l’une.

Quand deux regards se rejoignent aux cieux

Illuminant ceux-là d’Azur blanc bleu.

La force d’amour, les rend merveilleux...

Mais le monde autour est plein d’aléas.

Et tourne l'horlogerie d’ici-bas:

Faisant du temps que les astres n’ont pas...