le monde merveilleux de lucien

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CHAPITRE SOIXANTE QUATORZE

 

 

 

      L'évolution charnelle qui se faisait dans le ventre de la déesse Habygâ l'invitait à prévoir son retour vers la Terre… Alors Néphysthéo s’y préparait aussi.

 

Bien qu'il fût né puis élevé dans le berceau d’Hydro, c'est vers notre terre, considérable pour être une mère dont la nature primordiale pourvoit de son mieux aux besoins de tous les êtres qui la peuplent, que la pensée du jeune Ange dieu de lumière dérivait doucement elle aussi.

 

– C’est étrange, dit-il soudain, je songeais à la planète Terre, et voici que m’est apparue l’image de feu Lucien.

– À moins qu’il s’agisse de sa resurgeance…

– En fait, je n'en suis pas certain… Mais il se pourrait bien que cet humain vive en ce moment un nouveau karma ? Mon esprit me dit aussi qu'il a peut-être choisi une cavité rocheuse pour habitat. À moins que ce ne fut le hasard qui l’aurait conduit là plutôt qu'ailleurs…

– Mon chéri, il m’arrive de penser à la forêt luxuriante qui m’a vu naître… Alors que dans le monde de Lucien elle se meurt.

– Certes ma chérie. Tu sais cependant que dans le nôtre tous ses gènes sont préservés.

– Oui, mais elle pourrait disparaître à tout jamais! Car si les humains finissent par rejeter toute idée de déité qui est utile à nous "réaliser" alors nous quitterions Gaïa, et ceci engendrerait le risque de voir notre espace-temps se perdre peu à peu, entrainant avec lui dans ses méandres obscures, le monde parallèle terrestre où nous évoluons...

– Quelque chose me dit que peut-être cet autre Lucien… À la condition que Marie et Maria lui viennent en aide...

– Hum, à moins que ce ne fut Maria-Luce…

– Ou bien les trois à la fois ?

 

      Quel âge pouvait donc avoir Lucien quand il prononça l’allégorie: "Mère Nature" pour la première fois?

 

Sans se soucier des croyances de toute sorte, cette représentation anthropomorphique devrait éveiller en nous des sensibilités capables d’émouvoir jusqu'au plus profond de l’âme. À moins d’évoquer certaines « briques-de-vie extra-terrestres » nous sommes tous sur cette terre des descendants probables d'entité qui naquirent d’un "utérus premier" : l’Océan. Pourtant, de nos jours, en vivant à l’intérieur d’environnements artificiels, bien des communautés se sont enfermées en se coupant d’elles-mêmes des sources bienfaitrices qui ont été pillées jusqu’à les annihiler. Alors, qui plus est, en cette "veille" de vingt-troisième siècle du calendrier grégorien que vivait notre jeune poète, l’inspiration que procurait autrefois sa beauté n’avait plus pour exemple que des éléments épars qui se trouvaient dans un état déplorable… Et la tendre épouse de Néphysthéo le savait!

 

– Les hommes mon chéri, ont tendance à oublier que la nature est réellement représentative de la robe que la déesse Maria-Luce porte afin d’être vue dans toute la splendeur de sa fertilité. Je crains pourtant que toute vie sur cette planète qui donna naissance et nourriture à tous ses enfants: plantes, animaux, humains... ne s'y trouve à jamais anéantie. C’est pourquoi nous devons retourner là-bas, non seulement pour l’aider à renaître, mais aussi afin de mettre au monde le sauveur qu’attend Gaïa.

– Ma douce Habygâ, en prenant conscience de cette profonde vérité spirituelle: Dame nature, par l’action de sa divinité lorsqu'elle sera accompagnée de sa sœur humaine, nous conduira peut-être encore pour quelque temps, sur des chemins simples même si intimes…

 

 

Dans l'espace écru des transes d'anges fugaces,

Vont tenaces des glaces étranges et pugnaces.

Âmes atlantes pour des passantes brillantes,

Qui filantes font des vœux d'amantes galantes.

Immuables jeux acceptables et louables,

Immesurables et ineffables comme fables…

Sittelles froides, et donzelles en dentelles,

Matures et belles ingénues étincelles…

Crânement, toisent le vent de leur firmament,

Souffle lent d'indigent qui fuse chaudement,

Puis s'envole, fumerolle hors de corolle,

Cœur rousserolle, qui se colle à l'idée folle…

 

 

 

      Le départ depuis Yäga fut émouvant d’adieux et de promesses. Le bon Charles-Henry y était même allé de sa larme. Et d’ailleurs, Èrmandine et Estarie n’en menaient pas large.

 

Pour cette fois, la taille de la sphère que commandait Gabryel, lui-même assisté pour cela d’Athénéïse, avait été modifiée. Elle emportait avec eux Habygâ, Néphysthéo, et Morganie. Il fut décidé que le voyage s'effectuerait par le vortex intemporel. Ils avaient opté d’emblée pour ce mode couplé de transfert. Celui-là se révélerait certainement plus rapide et plus sûr pour l’enfant à naître que la téléportation. Cela évitant ainsi une désagréable, car parfois douloureuse, reconstitution cellulaire, dont on ne connaissait guère l’influence possible sur un embryon dieu conçu physiologiquement, et donc autrement constitué que le sont ceux directement issus des fruits de l’Arbre-De-Vie du Jardin d’Éden.

Ils avaient ainsi rejoint l'autre manoir sans rencontrer le moindre problème.

 

Et puis les mois de la Terre avaient passé leurs jours à effacer des nuits sur le calendrier des humains… Or, à présent, comme Gabryel l’avait vécu pour Athénéïse, c’était cette fois Néphysthéo qui avait amené Habygâ jusqu’à la clairière mythique. À ceci près que ce ne serait pas Morganie qui serait là pour les recevoir…

 

 

*

 

      Si l’idée d'une Entité Créatrice du Ciel et de la Terre, s'avéra longtemps la meilleure image-réponse que les humains puissent évoquer avec foi, il est souhaitable aujourd’hui que s'obtienne un possible dessein d'amour égalitaire entre hommes et femmes. Pourtant, même au sein de la déité multiple, nul ne saurait dire, ni même s'imaginer à quoi la dite entité pourrait ressembler sans prendre le risque de commettre quelque erreur. D’ailleurs, et c’est là un paradoxe, Lucien n’était pas loin de refuser malgré lui tout crédit à celles et ceux de l’humanité entière, qui affirmaient la connaitre. Alors que pourtant, il se dit aussi que si elle n’existait pas, l’univers ne serait peut-être que résidus de poussières portés par des gaz en expansion. Lesquels restant éternellement chassées par le souffle interminable d’une explosion qui serait surgie d'eux-mêmes, depuis l'endroit présumé d'un supposé néant.

 

N'est-il pas cependant que l’harmonie se peut d'être obtenue d’une entité dont l'énergie est capable de manipuler les atomes jusqu'à produire la matière et sa gravitation en usant de concepts qui de moins en moins nous échappent et donc nous permettent d’appréhender l’univers physique dans lequel nous vivons? L’atome est une des clés qui ouvrent à la compréhension de l’infiniment petit; la gravitation nous renseigne sur les mouvements des corps célestes tandis que l’énergie, concept plus abstrait et qui se décline sur bien des modes - cinétique, mécanique, calorique, potentielle... intelligente… reste ce qui se fait de mieux pour empêcher que tout soit livré au hasard!

 

Alors certainement, s’il n’y avait quelque part cette intelligence pour tout maitriser, et quand bien ledit hasard eut su les engendrer lui-même, les étoiles et même les galaxies s’échapperaient une à une de l'univers connu. De même que les planètes se disloqueraient aussitôt formées…

Tout comme il faut que soient instaurés un minimum d’ordre et de lois sur la terre pour que vivent les hommes: l’univers entier est probablement soumis à l’ordonnance d’une entité étrange qui est pour le moment invisible. Ce peut être une force constituée de matière ou/et d’énergie inconnue, qui pour le moment restent inaccessibles à l'entendement dont nous disposons en tant qu'être simplement humain, et donc seront indétectables tant qu'elles s'y refuseront. Malgré que depuis qu’ils ont acquis une conscience suffisante, beaucoup des hommes de la planète Terre ont admis ces évidences à leur manière. Philosophes, prophètes, et aussi beaucoup de poètes, ont souvent parlé au nom des anges et des dieux. Certains comme Lucien, allant jusqu’à concevoir que ceux-ci pouvaient comme les humains être hiérarchisés. Et ce jusqu’à ce que s’obtienne à certains moments l’aboutissement de l’un d'entre eux. Faisant de celui-là une sorte d'être sauveur. Et qui s'attend agissant directement. Pour le meilleur à venir de l'humanité. Au nom de l’Entité créatrice de la pyramide dont nous sommes les assises.

 

Il reste qu’un poète est un homme faillible, car rêveur, et que le terme "sombre" que Lucien utilise pour définir certains de ses personnages, est moins à lire comme adjectif, qu’à le dire par la bouche d’un "Pelleteur de nuages" hautement respectueux, qui ose clamer qu’il se pourrait qu’il y ait au moins trois entités! Dont deux seraient suprêmes en leurs pôles respectifs. L’un considéré positif, et l’autre négatif. Et que cela est bien ainsi. Et puis que ça fonctionnera tant qu’elles agiront de concert. S’admettant que l’une serait Dieu autant qu'Allah, Jehova, Vishnou, ou qui sais-je encore: pour s'accepter tel qu’admissible par beaucoup d’humains qui le considèrent représentatif en tant que puissant créateur universel de lui-même, autant que de l'autre (ou des autres)… lesquels (ou lequel) seraient une ou plusieurs entités issues d'une première les voulant faites à l'image qu'il s'en fit … Donc, divinement constituées à la fois de l'énergie visible en tant que lumière blanche alliée à celle présumée "sombre" en tant qu'invisible… Tandis qu’une autre encore, restée anarchique (puisque la perfection, affirment certains, ne serait pas de ce monde) ferait figure par… hasard… d’aléatoire.

 



26/09/2021
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