le monde merveilleux de lucien

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CHAPITRE VINGT-QUATRE

 

24

 

 

       Avec ses ailes déployées, le grand ptérosaure devait faire plus de dix coudées, il tournoya un instant, puis il fondit sur sa proie...

Ce drame fugace avait pour cadre un "jardin de curé" discrètement arboré. Veuf esseulé et méditant sombrement, un certain Lucien s’y voyait assis sur un banc de pierre rugueuse. L’oiseau venu d’un autre âge le saisit entre ses griffes acérées comme des rasoirs et l’emporta…

 

¤

 

      Les jours qui passaient à présent leurs nuits sur la Terre, avaient remplacé de longtemps ceux des anciens calendriers d'hier... Alors l’enfant dieu qui avait été enlevé sur Hydro avait muri... C’était à présent un fort gaillard au regard querelleur et cruel, dont les pupilles se coloraient en rouge sombre à chaque fois que l’HOMBRE lui apportait une nouvelle âme en peine. C'était avec un plaisir non dissimulé, que Néphysthéo tourmentait les pauvres bougres. Il le faisait pour plaire à son pseudo père qui, semble-t-il, avait su effacer sa mémoire originelle. Et puis il lui arrivait souvent de s’aventurer dans des souterrains qu’il pensait être viscéraux . Il avait commencé par hanter les catacombes de Paris. Et pour se nourrir autant qu'une chimère immonde le ferait, il s'empiffrait volontiers de restes d'esprits errants, s'abreuvant volontiers du sang noir des êtres les plus répugnants qu'il rencontrait. Plusieurs fois pourtant, il avait trouvé Morganie sur son chemin. Mais lorsque se faisant plus vampirique que lui, la courageuse guerrière l’attaquait, l’HOMBRE plus puissant quelle, intervenait pour le défendre, faisant même si bien que la chasseresse ne pouvait rien entreprendre de probant pour le contrer un tant soit peu dans de tels lieux.

 

Plus infernal qu’un gouffre qui se goinfre, Néphysthéo continuait de s’approprier les âmes des faibles et des maudits. L'ex-enfant de lumière devenait maître dans l'art de la psychologie vorace. Notion qu'il avait acquise en peu de temps, grâce aux leçons assidues qu'il recevait de son ravisseur adoptif. À l'entour de ces deux là, tous les espoirs des êtres côtoyés se transformaient en nuées empoisonnées annonciatrices de mutations malsaines. À les suivre dans l'implacable parcours de leur déraison, il se voyait que des exploits indécents de vouivres gluantes et dégoulinantes de sang noir. De toute façon, à leurs yeux, le monde entier semblait voué à se perdre lui-même dans la démesure organisée du désir aveuglé. Les femmes, et autant d'hommes, en venaient à vouloir avant tout se vautrer à loisir, dans le profit et l'orgie. Mais si Néphysthéo pestait contre Morganie: c’est qu’elle parvenait encore, non seulement à se jouer de lui, mais de surcroît, commençait à user elle aussi d'acquis qu'elle obtenait en étudiant le côté sombre de Fées mutantes. C’est même en suivant les conseils de quelques bonnes copines fée-sorcières, qu’elle réussissait peu à peu à s'immiscer en contre, jusque dans les affaires de détournement d'âmes du dieu mutant, parvenant alors à en reconduire quelques-unes sur de meilleurs chemins...

 

L'Hombre devait en admettre l'évidence: par l'utilisation conjointe de ses pouvoirs occultes retrouvés, s’ajoutant à ceux que Junyather et la Reine Anatha lui avaient concédés, à condition qu'elle les utilise comme on traite, avait-elle précisé « le mal par le mal » Il se faisait que la déesse Morganie devenait une guerrière redoutable et redoutée!...

 

– Nous devrons nous méfier de cette sorcière, avait-il avoué à Néphysthéo. J'ai toujours considéré que je pourrais la détruire comme on écrase un moustique... Pourtant j'avais sous-estimé son intelligence et son courage; il convient donc que je continue à t'instruire car tu n’est pas suffisamment préparé. Et puis je te donnerai la même force qu'elle, pour la combattre efficacement. Je crains cependant que tu ne sois jamais aguerri autant qu'elle; car elle est née de beaucoup plus longtemps que toi, et de surcroît, elle est appuyée par un dieu-maître qui est aussi puissant que moi, et qu'il vaut mieux ne pas courroucer tant qu'il restera de ce côté-ci de la galaxie. Et puis il y a la fille d’Athénéïse. Elle évolue en intelligence. Certes, elle pourrait représenter pour le moment une proie facile et forte de choix, mais il se trouve que j'ai d'autres projets pour elle...

 

En fait, L’Hombre comptait bien pervertir lui-même l'esprit de la déesse Habygâ. Il avait même une idée du destin qu’il lui voyait. Et d’ailleurs, s’il ne l’avait pas encore anéantie, c’est qu’il s’attachait au contraire à la préserver. Ceci afin de l'unir plus tard à Néphysthéo... Il voulait faire d’eux un couple, qui tout en connaissant les faiblesses des grands anges dieux de lumière, serait diabolisé par la Force Noire, et donc capable d'évincer Junyather lui-même. C'est dans ce but, que profitant des longs endormissements extatiques de la blonde prêtresse, il s'insinuait dans ses « voyages ». Mais il ne comprenait pas comment celle-ci, malgré ses tentatives répétées, ne présentait pas la moindre faille qui puisse lui permettre d'agir sur son cerveau comme il l'aurait voulu. L’Hombre s’en agaçait d’autant! Malgré qu’il disposât de force maléfices, et de pouvoirs certes différents, mais égaux en puissance, à ceux de Junyather, il butait sur l'hermétisme mental de la jeune divinité à laquelle il s'attaquait. Habygâ ne lui permettait en aucun cas de prendre le moindre contrôle, même partiel, de son esprit de lumière.

 

Néphysthéo ne se connaissait pas ce talent particulier. Il ignorait que lui aussi était muni de cette résistance sécuritaire mentale qui empêchait l'asservissement d'un Ange dieu de lumière. Et quelle que soit l'emprise de son conquérant de faux père, il resterait en lui quelque chose d'inaliénable. De fait il s'agaçait de ne pouvoir haïr cette Habygâ dont lui parlait souvent L'Hombre! Ce sentiment bizarre qui l'atteignait avait même grandi depuis qu’il avait aperçu la fille de Gabryel et d’Athénéïse... Ce jour là, elle montait étrangement vers le ciel, comme une Immaculée Conception… C’était par un beau midi de grand soleil. Son père, après s’être métamorphosé, l'avait emmené pour lui montrer cette femme dont le pouvoir semblait devoir s’intensifier à l’opposé du sien. Néphysthéo avait alors pressenti que la force d’amour était de taille à affronter la haine que L’Hombre s’échinait à installer dans son esprit. Un véritable conflit avait alors germé dans son cerveau en ébullition, car malgré les efforts pour l'en sortir, cette infime réserve de Lumière Sacrée qui préserve les Anges dieu de lumière s'avérait inviolable. Même acculé, le phénomène resterait inscrit dans le psychisme profond de sa conscience, comme dans ses gènes. Mais cela ne s'obtenait pas sans créer une sorte d'arène virtuelle, au centre de laquelle se déroulaient comme ce jour là des combats de pensées gladiatrices...

 

 

 



13/04/2020
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