le monde merveilleux de lucien

le monde merveilleux de lucien

CHAPITRE SOIXANTE QUATRE

– C'est étrange dit Habygâ en reposant suspicieusement le verre dont elle n'avait bu que très peu du vin qu'il contenait… Il me semble mon père, que dans ce breuvage, du reste délicieux, il y a une force tannique qui n'a rien à voir avec sa composition logique...

– Tu as raison ma chérie, confirmait déjà Néphysthéo qui à son tour interrogeait Gabryel du regard.

– Me permettrez-vous monsieur…

 

Joignant geste et parole, Charles-Henry s'était saisi de la bouteille dont versa un peu de son contenu dans un verre, et afin de l’examiner, il fit se déposer le nectar sur les bords, d'abord en tournant le contenant entre ses doigts qu'il avait habiles, et puis il remua le contenu afin de faire s'évaporer une partie de l'alcool éthylique, et après l’avoir humé, il y trempa enfin ses lèvres…

 

– Madame, ne buvez surtout pas le reste!... S’écria-t-il…

 

Et il se précipita vers l'intérieur du bungalow, pour étayer son soupçon... mais n’y pu voir que son Elfe hébété, montrant le regard vide d’un être dont l'esprit se serait un moment égaré, et cherchant à en reprendre possession alors qu'un autre, étranger celui-là, le lui avait subtilisé pour lui substituer un avatar… lequel à n’en pas douter avait été projeté par ce fourbe d’Athaânas...

Fort heureusement, le poison que ce pseudo de l'Ange Gris lui fit ajouter dans le vin de Charles-Henry, avait été bu en trop faible quantité pour s'avérer ne serait-ce que dérangeant pour celles et ceux qui en avaient consommé. Pourtant, cela prouvait non seulement que l'idée qu’ils avaient affaire à un adversaire partiellement désarmé était erronée, mais, ce qui était plus grave, ceci venait de remettre en question la théorie qui avait été émise tout à l'heure, concernant notamment la possibilité de repérer Athaânas par ses vibrations…

 

– Nous l'avons échappé belle, s'exclamait Morganie visiblement émue!

– Je ne pense pas que nous risquions de perdre la vie par cette action, proposa Habygâ: notre physiologie est robuste, et puis, le Naar mis à part, je ne connais pas de poison qui serait suffisamment puissant pour y parvenir! Je serais plutôt d'accord pour admettre qu'il s'agissait là d'un avertissement de l’Ange Gris, et que peut-être...

– C'est tout à fait cela, fit une voix moqueuse, venant d’un bosquet de houx situé en contrebas de la terrasse !

– Tu ne t'en tireras pas toujours en nous fuyant hurla Néphysthéo!

Mais la phrase ne reçut d'autre écho que le silence du soir qui installait peu à peu ses ombres. Alors, il fit un bond si prodigieux que Gabryel jaugea comparable à ce que savait faire l’intrépide Erzeré. Mais l'impétueux époux de sa fille ne trouva rien sur place.

– Ce salopard doit déjà être loin! Et la nuit qui sera sans lune pour cette fois, nous desservirait si nous tentions de le poursuivre.

– Tu dis bien mon chéri, et j'apprécie de te voir soudain plus sage et réfléchi, lui répondit Habygâ qui, craignant néanmoins pour son mari, était allée le rejoindre. Immédiatement suivie de son père, l'épée tirée du fourreau, et de Morganie, griffe de Crôol en main.

– Je ne m'explique pas comment ce scélérat a pu masquer ses ondes, reprenait Néphysthéo!

– Je reconnais bien là, l'impétuosité du jeune tigre qui tire inconscience de sa puissance mon cher, le tempéra Gabryel. Tu aurais pu te faire tuer!

– Père à raison mon chéri, approuva Habygâ. Si nous savons que cet être caméléon use de son art du camouflage pour se défendre, il se fait qu'en revanche, nous ignorons presque tout de ses armes d'attaque!

– Tu dis bien mon amour. Reste qu’il à préféré me fuir… et que si ma nature nous a déjà servi pour le débusquer de La Chose, c'est que je suis peut-être pourvu d’un moyen de le combattre efficacement et qu’il le sait. Il nous appartient donc de découvrir ce en quoi il s’agit, afin de mettre au point une nouvelle stratégie.

– Là encore, je reconnais que ta parole a quelque chose de sensé, admit à son tour Gabryel, mais j'ignore quelle est cette arme qu'apparemment tu es le seul d'entre nous à posséder, mais qui le met si bien en échec...

– Certes, vous avez sans doute raison, mais mis à part le fait que comme lui, je parviens à disparaître quand il faut...

– C'est peut-être en partie ce qui le gêne, mais il doit y avoir quelque chose d'autre...

– Père, je pense comme toi, acquiesça Habygâ.

 

Faute de contact mental suffisant (ceci est normal entre membres du même sang), la déesse avait appris à lire dans l'aura de son père. Elle ajouta aussitôt:

 

– Pourtant, cela me paraît assez discutable d'idée, et même dangereux. Alors, attendons d'avoir connaissance d'éléments plus sérieux.

– Et quand nous les saurons, alors peut-être que notre ennemi sera à notre merci avait fini par ajouter Morganie.

Elle se sentait tout de même assez frustrée de conclure d'elle-même qu'il valait mieux s'abstenir de préméditer une action vouée à l'échec: du moment que chacun se trouvait provisoirement à devoir faire face au doute.

 

De retour sur la terrasse où les attendait Charles-Henry, chacun rassuré s'était confortablement assis. La nuit s’installant: l’on avait activé les éléments de quartz générateurs de lumière. Ceux-là étaient sensiblement analogues à d'autres qui sont couramment utilisés à Castel Anatha. Ainsi, le reste de la soirée fut passé comme aux chandelles: en une sorte de veillée intime. La bonne humeur avait vite été retrouvée. Ce n'est qu'alors il se faisait déjà fort tard, que Gabryel proposa d’entendre ce qu'il souhaitait que l'on fît demain après s'être reposé le corps et l'esprit:

 

– Si vous le voulez bien, nous irons interroger l'Arbre Faye que nous avons libéré. En espérant toutefois que cette gouape d'Ange Gris ne s'y soit pas de nouveau installée, malgré le courage et la vigilance des gardes, appuyés des Dryades Pillywiggins!

– C'est à peu de chose près ce que j'envisageais de proposer, confirma Néphysthéo visiblement satisfait.

– Si vous n'y voyez rien là qui soit objection, je ferai avec vous une partie du chemin, ajoutait Charles-Henry.

 

Il se montrait parfaitement ravi à l'idée de cette marche amicale dont il restait physiquement obligé. Puisque ne pouvant maîtriser l'action de téléportation dont sont capables les entités de lumière… mais non les humains: qu'ils soient devenus éternels ou non.

 

– Soit, c'est une bonne idée! Confirmait la fée Èrmandine. Et puis, en vous accompagnant aussi, cela me rapprochera de chez moi. Ce qui n'est pas négligeable d’intérêt, étant donné que je ne peux moi-même user de la téléportation que très limitativement.

– Il n'y a que moi qui ne serai pas de la promenade, prévint Estarie. Je devrai me rendre sur la partie virtuelle de la plage de repos des dieux de lumière. Ceci afin d'en utiliser la porte, et retrouver ma charge de gardienne du pays des âmes en attente.

 

¤

 

 S’il peut sembler étrange à qui s'aventurerait sur la planète Yäga, outre non seulement que l'atmosphère y est respirable en plus pur que sur la Terre, que de surcroît, quel que soit l'endroit du continent des dieux où l'on se trouve, il suffit de formuler le souhait de s’y promener tout en imaginant l'endroit où l'on désire se rendre, pour qu'aussitôt s'offre au regard étonné la réalité d'un joli chemin nouvellement tracé. Cela ne serait évidemment pas possible pour un mortel obnubilé, pensait tout en marchant la déesse Habygâ, lorsqu'un joli papillon couleur pervenche se posa délicatement sur son épaule droite:

 

– Bonjour Japiary! lui dit-elle sur un ton enjoué, car nullement surprise.

– Madame, vous saviez que je vous accompagnais depuis un moment déjà?

– Naturellement, mon gentil Pillywiggin, lui répondit-elle.

 

La déesse s'exprimait plus à l'intention de Néphysthéo, qui ne l'ayant pas ressenti de façon aussi fiable que son épouse, se demandait davantage si sa compagne, qu'il pressentait songeuse depuis un bon moment, ne pensait soudainement un peu trop fort.

 

– Madame, continuait Japiary en prenant une apparence, certes ne dépassant guère qu'une dizaine de centimètres, mais plus humaine, malgré qu'il eut gardé des ailes dans le dos… J'ai des informations très importantes qu'il me faut vous communiquer!

– Si tout le monde est d'accord, nous allons faire une halte, dit Habygâ.

 

Elle avait cette fois haussé la voix, afin que chacune et chacun du petit groupe puissent bien l'entendre et s'assoient comme elle, sur le bord du chemin. Tandis que du même mouvement, elle portait sa main gauche paume en l'air afin que Japiary s'y installe comme sur le plateau d'un ascenseur joliment humanisé mais confortable, et qu'elle put ainsi le déposer sur le tronc coupé qui se trouvait opportunément fiché en face d'eux. Elle avait choisi cette stèle improvisée, afin qu'il soit ainsi mieux vu et entendu de tous.

 

– Et bien voilà, leur adressa Japiary tout en doublant sa taille: cette nuit, il s'est trouvé que tout au début, nous avons vu tournoyer l'Ange Gris au-dessus de l'Arbre Faye pour lequel vous nous avez demandé de faire vigilance et protection. Alors, quelques-uns ont prévenu les Elfes archers installés dans les arbres tout autour. Ils l'ont immédiatement pris pour cible. Sans toutefois l'atteindre. Car il s’est aussitôt éparpillé sous l’apparence d’un nuage de fines particules. Ainsi, les gardes l’avaient tout de même contraint et obligé à plus de prudence. Mais ça ne l'empêcha pas de prendre ensuite l’aspect d'un ectoplasme gris. Et c'est dans cet appareil qu'il s'apprêta à s'installer dans le branchage de l'Arbre... Pourtant, il s'est ravisé lorsque l'un de nos frondeurs lui a cette fois envoyé une bille de Naar fort bien ajustée! Il nous a semblé qu'au moment précis où celle-ci éclatait, l’impact provoqua un bref dégagement de fumée. Et d’ailleurs, on a entendu un cri… lequel nous a semblé très proche de celui d'un animal blessé. L'instant d'après, il reprit son envol à la verticale, en direction de nues sombres, où il disparut.

– Ceci est positif sur au moins deux points, dit alors Gabryel, et tendrait à démontrer que non seulement vous avez réussi à le stopper, mais de surcroît, apporterait la preuve que même partiellement dématérialisé, ce qui reste de lui, quoique furtif, reste visible suffisamment longtemps pour être atteint. De plus, cette apparence lui servant de camouflage ne semble pas au point puisqu’elle ne le rend pas totalement invulnérable...

– Il reste qu'il peut s'être actuellement réintégré n'importe où, dans n'importe quoi, et rien n'empêche de penser qu'il est peut-être occupé à nous espionner en ce moment même, relativisa néanmoins Néphysthéo.

– Tu n'as pas tort, admit Morganie, mais il ne faut négliger en rien le fait, car alors qu'il pensait pouvoir violer impunément à lui seul une création emblématique force lui est de constater que sans La Chose, cela lui est devenu plus compliqué. Et puis, le fait qu'il se trouve à rompre face à des êtres qui sont pourtant physiquement très inférieurs à lui nous montre qu'il n'a pas complètement atteint la maturité qu'il voudrait.

– Il faut pourtant que je vous dise, maître Charles-Henry, m'en étant retourné chez vous, et donc chez moi, puisque j'habite votre parc, que je l'ai vu entrer dans le manoir en commandant à la lourde porte de vieux chêne de s'ouvrir d'elle-même. Et qu'il n'en est ressorti qu'au petit matin.

– Décidément mon cher Japiary, ce profiteur ne recule devant aucune vilenie, s'exclama Charles-Henry!

Il se montrait légitimement outré par le sans-gêne de l'Ange Gris! Se l'imaginant furetant chez lui partout. Et qui sait? Il n'en est peut-être pas à son dernier coup du genre, puisqu'il a su profiter de Fergos.

– J’en reste honteux Monsieur, acquiesça l'Elfe en question. (À la fois ami et serviteur particulier de l'ex-majordome, Fergos ne s'éloignait de Charles-Henry que très rarement.)

– Ceci est en effet très contrariant dit Habygâ songeuse... Ma tante, je pense qu'il serait prudent de dépêcher deux gardes Athsérians auprès de Charles-Henry qui ne saurait nous refuser cette manœuvre sécurisante et rassurante, n'est-il pas? Et je pense mon cher père, que vous êtes d'accord sur ce principe ?

– Certainement ma fille, d'ailleurs j'allais moi aussi le proposer. Il m’apparaît de plus en plus flagrant que l'Ange Gris est certainement très intelligent. Il me semble qu'il est décidé à tout tester pour nous faire abandonner la traque: voire, se montrer capable de nous intimider. Manifestement, il nous impose de participer à un jeu qu'il a marqué d'indices trompeurs, pour mieux nous embrouiller. Alors c'est entendu, nous allons lui laisser croire qu'il nous manipule à sa guise. Mais c'est nous qui en fait allons placer nos pièces en adéquation parfaite. Nous agirons de façon à ce qu'il pense que ses actes nous y obligent. Mais au moment opportun qui sera le plus inattendu de lui, nous déplacerons celle qui le piégera sur ce grand échiquier qu'il s'imagine maîtriser.

– Monsieur... Heu, père...

– Allons mon cher gendre, puisque tu me sembles t'empêtrer dans les mots semi-familiers, tutoyons-nous une bonne fois pour toutes et usons à présent de notre prénom respectif...

– Oui... J'avoue préférer cela... Alors... Gabryel, je voulais juste confirmer que vous... Que tu es de beaucoup, plus cérébral que moi, et qu'en l'occurrence...

– Allons, Néphysthéo, ce qui donne sa force à une bonne équipe, c'est justement le fait que les membres qui la composent possèdent tous un talent différent. Du reste, puisque tu me sembles plus expert que nous autres pour ce qui est de raisonner en tenant compte des valeurs scientifiques, je prévois aussi que l'association de ta personne à celle de ma fille chérie, nous réserve l'espoir qu'il en résultera quelque chose de très fort... De Très-Haut…

 

En entendant à peu près les mêmes mots que ceux qu'elle avait suggérés elle-même à son mari quelques jours auparavant, Habygâ posa un index sur les lèvres de son père pour empêcher que son débordement sentimental n'influe sur ce qu'ils savaient de l'avenir, et Gabryel se tourna cette fois vers Charles-Henry. Lequel connaissant bien le Prince-De-Lune pour l'avoir servi durant presque deux siècles, compris qu'il lui fallait créer une diversion.

 

– Bien mes amis, puisque tel est votre volonté, j'accepterai que le manoir soit mieux sécurisé, mais à la condition que vous veniez un prochain soir pour y dîner et vous reposer.

– C'est entendu Charles-Henry, lui répondit aussitôt Gabryel.

Il était satisfait de constater que la complicité bon enfant qu'il avait toujours eue avec son ex-majordome, s'engouffra si volontiers dans cette échappatoire:

– Je sais que le Manoir n'est plus très loin à l'est, et que l'Arbre Faye s’y trouve à peu de marche en allant au sud, alors nous vous libérons. Je vous enverrai les deux gardes promis sitôt notre arrivée à la caverne aménagée.

 

Ainsi fut-il dit et fait: Charles-Henry et Fergos s'en allèrent de leur côté par un autre sentier qui s'ouvrit spontanément. Tandis que le reste du groupe continuait son chemin en direction de la clairière de l'Arbre Faye, s'acceptant que ce serait en passant d'abord par la caverne aménagée en poste de halte, où ils savaient trouver l'essentiel des gardes Athsérians.

 

– Eh bien Morganie, dit alors Èrmandine lorsqu'ils y furent arrivés: c'est ici que je vais vous laisser. Il est temps que j'aille rejoindre mon peuple, sur le continent d'Éden.

– Soit ma sœur, tu fais ce qui te semble juste, mais crois-tu raisonnable d'aller seule là-bas? Ne devrais-tu pas autant que Charles-Henry être dûment accompagnée...

– Elle à raison, confirmait Habygâ: tant que nous ne saurons pas exactement où se trouve l'Ange Gris, il serait risqué de te laisser seule.

– Allons, rassurez-vous, je voyagerai par téléportation, et...

– C'est moins cela qui me gêne, reprenait Morganie, que le fait de te sentir seule une fois dans ton palais.

– Allons ma sœur, je te promets que dès mon arrivée, je ferai venir quelques amis à mes côtés, ainsi je ne serai plus isolée.

– Dans ce cas, promets-moi de me faire prévenir si quelque chose autour de toi te semble anormal.

– C'est entendu Morganie, et à présent, il me faut partir.

 

Alors, les deux sœurs prêtresses s'étreignirent, et chacun dit au revoir à la Fée Blanche, qui après un moment de concentration mentale, obtint que sa constitution matérielle soit convertie en énergie et disparut.

 

– Je ne suis pas tranquille, laissa encore entendre Morganie, j'aurais dû l'accompagner...

– Ta pensée et louable, ma tante, mais ici, nous ne serons pas trop de quatre pour trouver un moyen de réduire notre adversaire.

– En effet, reconnut Gabryel, car vois-tu Morganie, je compte beaucoup sur ta mobilité surnaturelle, et aussi sur ta capacité guerrière pour filer l'Ange Gris. Tu devras le faire dès que nous saurons où il est. Et puis il se fait qu'Èrmandine est une de mes pièces maîtresses...

– Je ne pense pas qu'elle ait à craindre notre ennemi de façon vitale, fit remarquer Néphysthéo.

 

Il venait juste de comprendre à quel genre de partie d'échecs allait jouer son beau-père. Alors dans le but de rassurer Morganie qui devait aussi se douter de cela, il lui précisa qu'il ne voyait pas, en dehors de celles affaiblies qui venaient de la terre, comment l'Ange Gris pourrait s’approprier durablement les âmes robustes des humains éternels du continent d'Éden. Puisque finalement, celle de Fergos avait réussi à réintégrer rapidement son enveloppe…

 

– Par contre, enchaîna t-il, ce ne serait pas étonnant qu'il cherche à s'introduire dans le pays des âmes en attente pour en dérober quelques-unes! Mais comme on y accède seulement par le bouclier-barrière d'énergie...

– Mes enfants, si nous allions plutôt demander conseil à l'Arbre Faye, comme il est prévu de le faire, leur proposa Gabryel ?

 

Il pressentait un nouveau dérapage, mais venant cette fois de Néphysthéo. Il se trouvait contraint à son tour de trouver un autre sujet de débat. Il agissait ainsi dans le but d'éluder certaines questions trop embarrassantes de Morganie auxquelles de toute façon, il ne tenait pas à devoir répondre à ce stade pré évolutif de son plan d'action…

 

*

 

      Pour cette fois, ils purent pénétrer librement dans la clairière. Ils furent salués du haut des arbres de guet par les archers de faction. Ils se dirigèrent directement vers le centre. Ils y furent accueillis par une multitude de Dryades. Elles papillonnaient joyeusement comme des lucioles dans les branches de l'Arbre-fée. Les petits êtres se montrèrent ravis de voir arriver les deux anges-dieux et les deux déesses qu'ils connaissaient à présent très bien.

Alors, procédant de la même façon qu'ils avaient utilisée pour pénétrer le corps du Grand Cèdre Faye sur la Terre, quand ils avaient eu pour mission de signer le pacte des Fées sous le sceau scrutateur de la Vielle-Mère: dieux et déesses, l'aura en éveil, plaquèrent leur corps, et plus particulièrement leur joue gauche, contre le tronc rugueux du grand Arbre Faye qui pour l'occasion redevint un véritable Arbre-Frère de celui de la Science & de la Connaissance originelle. Et tandis que de leurs bras écartés et tendus à l'horizontale, ils entreprenaient de le ceinturer comme il se doit d'un être que l'on chérit, Gabryel prononça le sésame que Junyather lui avait confié. Et l'on put remarquer presque aussitôt qu'une blanche lumière s'installait en même temps qu'un brouillard épais se propageait lentement dans toute la clairière. Et cela s'épaissit au point de pouvoir estomper graduellement dieux déesses et arbre. Aboutissant qu'ensemble, plaqués comme un accord musical sur le grand corps végétal, les êtres carnés disparurent totalement en lui cependant que l'épais brouillard couleur d'aurore fut obtenu au plus dense…

C’est à ce moment fort de spiritualité que les deux anges-dieu et les deux déesses pénétraient virtuellement le concept abstrait.

 

*

 

      Nul ne saurait déterminer combien de temps cela avait duré: une minute, ou un centième de seconde? Et comment se fit-il qu'ils réapparussent d'un coup, exactement à leur point de départ, dans la même position, comme si rien de tout ce qu’ils venaient de faire ne s'était passé? Restait que de toute façon, cette notion de temps inventée par l'homme aurait été difficile à établir dans cette dimension inconnue. Alors si en plus il fallait expliquer l'inexplicable!... Du reste, ce qu'ils avaient appris de l'esprit végétal n'était pas fait pour les rassurer. Ils en discutèrent longuement avec le doyen Subtiary. Ils savaient que le sage Pillywiggin était de fort bon conseil. Il était logique de le consulter aussi avant de prendre une décision qui sans ce type de précaution, pourrait s'avérer d'être trop hâtive:

 

– Nous avions vent de cette information, car nous pouvons de nouveau communiquer aussi avec l’arbre-fée admit le sage… d'ailleurs, il se fait qu'à présent celui-ci nous renseigne presque systématiquement de ce dont il a le pressentiment en son futur. Il le fait notamment, pour ce qu'il considère comme pouvant se révéler dangereux à la fois envers lui et pour nous qui sommes ses débiteurs. Depuis que cet Athaânas l'a enfin libéré de son emprise, notre hôte a jugé qu'une union plus étroite de nos forces serait spontanément admise par le prince Artiary.

– Habygâ, comment peux-tu te montrer aussi calme, alors que nous avons peut-être envoyé ma sœur Èrmandine, se jeter carrément dans la gueule du loup.

– Chère Morganie, l'échiquier sur lequel mon père place ses forces, s'il représente un damier naturel fictif, n'est pas porteur d'un seul risque qu’il n’ait longuement médité. Il sait comme toi que ses deux "Tours" ne sont pas des pièces taillées dans un bois précieux, mais bien des êtres vivants... De surcroît, si l'Arbre-fée qui connaît en proche l’avenir, nous a avoué qu’effectivement l'Ange gris Athaânas se trouverait vraisemblablement, à un moment donné dans le palais d'Èrmandine, mais il ne sait probablement pas qu'en cet instant présent, il n'y est plus et que la Fée gouverneur, se porte bien...

– Excuse-moi Habygâ, mais comment sais-tu mieux que moi ce que ressent ma jumelle?

– C'est que, ma tante, j'ai mis en pratique ce que tu m'as enseigné depuis bien longtemps.

– ?

– Ne sommes-nous pas toutes trois, Grandes Prêtresses auprès du culte d'Athséria?

– J'y suis, tu as communiqué avec elle par la voie de la lumière!

– C'est exactement cela ma tante, confirmait Habygâ plus radieuse qu'un astre, mais je t'accorde que si j'ai acquis un petit plus que tu n'as pas dans la force de cet acte, c'est au cours d'un voyage qui eut lieu lors de la dernière grande convergence terrestre. Ainsi non seulement je peux émettre et recevoir sur l'onde de lumière qui vous relie, toi et ta sœur, mais je sais aussi intercepter en premier tout ce qui se destine à une personne située dans un rayon approximatif d'une bonne centaine de mètres par rapport à l'emplacement d’une autre personne que la mienne physique.

– Hum, j'ignore si cela nous sert… bien qu'il puisse s'avérer utile de...

– Par exemple pour intercepter une pensée malsaine qui serait une attaque mentale peut-être, tenta négligemment Néphysthéo sur le ton du questionnement...

– Où peut-être la dévier, proposa Gabryel, se montrant lui aussi interrogateur...

– Voilà messieurs! Nous y sommes, leur confirmait Habygâ satisfaite de son jeu-manège énigmatique.

– Soit, ma fille, mais cela ne nous dit pas ce qu'est devenu Athaânas, et où il se trouve à présent. Pourtant, nous ne pouvons pas passer notre temps à interroger l'Arbre-fée, et à plus forte raison si son savoir s'avère décalé, puisque finalement rapporteur de mouvement ou d'action future probable qui sont dépendantes de la création, mais ignorant autant que nous quels peuvent être modifiées par aléas intercalés. Ainsi sa science est peut-être utile à un simple humain, mais elle est probablement dépassée pour notre ennemi. Lequel ne s'est certainement pas gêné, ne serait-ce qu'en le piratant au-delà de sa parade sous forme d'avatar afin d'en prélever ne serait-ce qu'un peu de l'essence, comme j'en ai la presque certitude.

– Justement, moi je peux te renseigner mieux que lui, puisque je le sais par l'un des Anges Gardiens de l'Arbre-de vie.

– Ne me dis pas mon ange... Heu...Ma chérie, que tu reçois aussi des messages destinés à des Anges gardiens de Lumière, alors qu'ils se trouvent à des centaines de milliers de kilomètres à l'extérieur des limites de ton fameux cercle d'interférence secrète, qui au demeurant, se montre comme un don gentiment indiscret!

– Si mon chéri... Mais cette fois c'est eux qui les ont déviés sans le vouloir, en même temps qu'ils le faisaient de la matière énergie noire de l'Ange Gris...

– La divinité que j'ai épousée est une visionnaire magicienne, dit soudain Néphysthéo délicieusement agacé par cet imbroglio didactique affiché sur fond de clair-obscur galactique.

– Mais non mon chéri, je ne suis qu'une féminité... Et puis elle lui sourit et l'embrassa.

– Quand vous serez rassasiés d'amour, tous les deux, peut-être pourrons-nous... leur dit doucement Gabryel en arborant un sourire de connivence à destination de Morganie et du prince Artiary.

 

En fait, chacun, lorsqu'il fut informé par la pensée que partageait Habygâ pour la circonstance: avait acquis le vif sentiment qu'une fois de plus l'Ange Gris, même s'il était loin d'être 'Mat', venait tout de même d'essuyer un autre échec! De bribe d'information en bribes d’informations, la déesse allait de déduction en déduction. Cela fit que l'on avait pu facilement deviner qu'Athaânas aurait bien intégré le corps d'Estarie. Probablement juste le temps qui convenait pour lui d’obtenir une première information. Celle notamment qui lui permit de trouver l'entrée du vortex reliant Yäga à sa lune. Mais il put se rendre compte très rapidement que la fée qui s'y attendait l'avait bel et bien leurré. Du reste, il advint que le couloir céleste ne reconnaissant pas en lui un être de lumière, cela l'avait littéralement recraché sur Yägastre sans ménagement: à la manière d’autrefois sur la terre s’agissant de tubes à messages, faits de rhodoïd et munis d'embouts caoutchoutés, qui se propulsaient par simple transit, d'un bureau à un autre, à l’intérieur d’un conduit pneumatique! L’esprit envahisseur avait abouti assez brutalement, tel un vulgaire "pneu"!... Bien qu'il se trouvât tout de même à atterrir directement dans le "Monde Enfoui". Mais il ignorait à ce moment qu’il était très proche de découvrir l'Arbre de Vie et réaliser son projet de l'intégrer... Certes, pour sursoir au risque évident de se voir immédiatement intercepté par le redoutable Archange protecteur de la Pouponnière des corps éternels, il avait eu recours à l'état de dématérialisation énergétique dès l’issue brutale de son voyage dans le vortex. Cette solution s’accommodant toutefois maladroitement à la technique de la téléportation qu'il avait probablement chapardée aussi à l'esprit d'Èrmandine, mais en ignorant que pour elle, cette fonction se limitait à de courtes distances. En fait il s'était montré encore plus maladroit que Néphysthéo. Par l’usage de cette formulation, Il n’avait pu obtenir qu’une vague manœuvre en saut de puce, qui pour limitée qu'elle fût, se révélera toujours carrément hasardeuse si l'on ne connaît qu'avec imprécision le lieu où l'on veut aller! Athaânas avait donc abouti comme cela s’était produit pour le dieu de lumière. Il était même arrivé sur le même plateau téléporteur du Monde Enfoui. Mais son intrusion fut probablement trahie par sa grande proportion de matière grise. Ce qui entraîna un repérage qui fut encore plus immédiat par cinq anges guerriers qui lui volèrent aussitôt dans les plumes. L'ange doyen ayant informé l'Archange gardien, lui-même arriva juste au moment où ses subalternes combattants s’efforçaient de brouiller mentalement la reconversion de l'énergie noire qui commençait à se réintégrer avec la matière grise d'Athaânas. Cette phase le rendit paradoxalement vulnérable au moment où il s'y attendait le moins. Doublement en position d'insécurité: par le fait qu'il devait attendre la fin du processus de reconversion avant de pouvoir l'inverser, il donnait contre son gré suffisamment de temps à l'Archange pour qu'il intervienne dangereusement. Alors, pour échapper à un combat dont l'issue devenait improbable, vu qu'il avait face à lui six attaquants déterminés à le détruire, l'Ange Gris diminué se sentit soudain moins certain de sa supériorité. Pourtant, dès qu'il fut reconstruit dans sa chair, et qu’il avait récupéré une partie appréciable de son énergie, il décida néanmoins de s'intégrer à l'Arbre de vie et d'abondance qu'il venait de percevoir en contrebas. Alors il s'élança sans savoir vraiment vers quoi il allait… Et c'est lorsqu'il amorçait sa descente que sous les yeux sidérés de L'Archange, un puissant éclair rouge avait jailli de l'Arbre-fée! Frappé en pleine poitrine, Athaânas dut encaisser une violente décharge électrique qui lui rappelait amèrement celles qu'il avait reçues en touchant la sphère de Gabryel. Alors, sans insister davantage, l'Ange Gris s'était définitivement résolu à aller jusqu'au bout de l'inversion du processus de sa téléportation. Dépensant pour l'obtenir, beaucoup de son peu d'énergie encore viable. Mais c'était la seule ressource qu'il lui restait afin d'annuler purement et simplement cette bribe d'espace-temps trop néfaste à son goût… Il était finalement retourné à son point de départ. Et c'est honteux, confus et brisé, qu'il avait réintégré le corps de la fée Èrmandine, qu'il aurait aussitôt quitté sous les yeux étonnés des gardes Athsérians. Il craignit même un instant de se voir carrément rejeté par la fée de lumière, qui à ce moment se trouvait aussi forte que lui... D'ailleurs il fut dit que les gardes, en fin de compte, n'aperçurent guère plus que son ectoplasme de matière grise, et qu'il avait de nouveau disparu comme de la fumée qui se dissout dans l’air…

 

– Voilà... C'est tout, fit Habygâ qui venait juste de transférer ces données dans les esprits grands ouverts, mais presque béats de son mari, de sa tante-marraine, et de son Grand dieu de père.

 

*

 

      La soirée passée chez Charles-Henry fut utile à se détendre. Cependant, alors qu'ils eurent rejoint leur chambre, d'aucuns ne purent s'empêcher de réfléchir avant de s'endormir. Ainsi Habygâ et Néphysthéo conversèrent encore longtemps après qu'ils s'étaient confortablement installés entre les draps de satin du grand lit à baldaquin:

 

– Ne trouves-tu pas étrange mon chéri, que l'Arbre de vie ait pu repousser si violemment l'Ange Gris, alors que ce dernier pensait pouvoir l'intégrer sans difficulté comme il l'avait fait pour l'une des répliques de l'Arbre de la science et de la connaissance?

– En fait pas vraiment... Je pense même pouvoir dire sans trop d'erreurs que c'est son séjour dans un Faye certes relié à d'autres seigneurs en leur clairière, mais dont chacun ignore lequel d'entre eux est Roi , qui l'aurait en cette circonstance plutôt desservi en l’affublant d’une sorte de « mouchard » .

– Je reconnais ton grand savoir, à propos des sciences générales dont celles naturelles, et c'est d'ailleurs la raison de mon questionnement.

– Comme quoi, ton père qui est un sage, me fait reconnaître avec son raisonnement pertinent, que c’est bien la complémentarité qui fait notre force. Étant admis que toi ma chérie, tu excelles mieux que moi par ta grande connaissance de ce que les humains nomment: le paranormal, l'abstrait. Tu sais donc certainement qu'à l'inverse de l'Arbre de Vie qui fait don d'éternité aux corps obtenus de la Pouponnière crée aussi leur embryon, celui de la connaissance est capable à l'inverse de leur fournir des outils pourvoyeurs de la mort, afin de préserver l’univers contre une évolution qui serait trop exposée aux aléas de la perversité. Alors, comme il se fit pour les êtres qui sur Terre en premier n'avait pas autorisation d'accès aux fruits de son vis-à-vis de la science et de la connaissance: jugeant d’Athaânas qu’il s'était lui aussi nourri du "fruit défendu", il est normal que l’Arbre Sacré réponde pareillement à la voix du Très-Haut, et fasse en son nom ce qu'il faut pour que soit expédié l’intrus hors de l'Éden.

– Voilà donc mon chéri, que cet Arbre là serait mieux pourvu que l'autre en défense et que c'est rassurant pour sa propre sécurité…

– Selon des écritures: une certaine désobéissance aurait provoqué (entre autres) le grand courroux du Dieu des chrétiens… Il s'affirme par elles qu'il décida le bannissement de ses premiers enfants: Ève et Adam. Ce qui provoqua qu'ils se retrouvassent seuls à vivre sur une planète, qui se révélait cette fois pour être beaucoup moins hospitalière que sa petite sœur Yäga...

– Évidemment mon chéri: tu ne m'apprends cette fois plus rien…

– Si tu veux bien, je vais te réciter l'un des premiers poèmes que j'ai appris de ce vieux poète que j'ai pu côtoyer autrefois.

– Peut-être veux-tu parler du premier Lucien, ce gentil "jongleur de flèches" que j'ai aussi rencontré…

– En effet…

 

Toute paternité qui sait agir en sage,

Se reconnaît par sa complémentarité.

Ce qui fait notre force est un libre bagage:

Excellent de par sa propre félicité!

Il reste que sur soi se prend le sens moral

S'il importe et sursoit la pré adolescence.

Dans la vie l'équilibre est sens primordial,

Qui oscille entre noirceur et luminescence.

Par la Grâce du Dieu des dieux naît l'embryon.

Ève écoutant son Moi s'égara dans sa nuit!

Par la voie d'yeux s'oublie la promission.

Adam eut-il raison de mordre l'autre fruit?

«Qui transgressera l'usage établira sa mort»...

Dieu les a bannis du paradis sans manière.

L’hétérodoxie nous le fit perdre en confort:

Couchant l'humain en zone moins hospitalière!

 

– J'y suis mon chéri! Alors: si les Arbres-Fée que l’on pense porteurs de fruits complémentaires, se révèlent pour certains porteurs de fruits divergents, il en résulte que comme pour ce qui est des humains, quelques-uns, carrément contraires, sont donc naturellement opposables... Ceci expliquerait pourquoi, l'un simplement attractif se trouve par multiples de lui mais à l’état végétatif sur Yäga, tandis que l'autre très actif est carrément isolé au cœur d'un astre.

– C'est exact, mon amour, et du fait que l'ange gris a puisé de la fausse connaissance et de l'énergie trompeuse dans l'un des Arbres leurre qui est modifiable à souhait par son "Arbre-Roi", il est devenu logiquement opposable à l'autre, autant que le sont les notions de vie et de mort, et celle de dieu ou diable.

– Ainsi c'est cette alchimie antagoniste, pourtant nécessaire, qui expliquerait son incompatibilité "déflagrante"!... Et donc l'échec cuisant de sa tentative pour intégrer l'Arbre de Vie qui du coup a vu rouge!

– C'est le cas de le dire! Ne put s'empêcher d'ajouter Néphysthéo.

– Blague à part (reprenait déjà Habygâ, non sans laisser apparaître un léger sourire, qui pareil à un chaleureux rayon de soleil éclaira son beau visage) la thèse que tu avances me semble très bien argumentée! Et ton propos me fait penser à quelque chose te concernant. Si comme je le présume l'idée s'avère exacte, cela ferait que tu possèdes effectivement cette arme supplémentaire que les autres n'ont pas...

– Et bien je t'écoute, accepta Néphysthéo en échange d'un baiser coquin.

– Voyons mon chéri... Si tu me fais le coup du baiser langoureux, je risque d'écourter ma disserte au profit d'un câlin...

– Ce n'est que de l'amour ma câline... Bon c'est d'accord... reprenons, mais tu ne perds rien pour attendre…

– Tu te souviens peut-être de la conversation que nous avons eue avec mon père, lorsque tu sautas de la terrasse du bungalow, dans le but: oh combien téméraire, de t'attaquer seul à l'Ange Gris qui avait intégré le corps de l'Elfe. Il te fallut bien admettre que c’était une erreur de prendre conseil de sa propre colère, et que tu t'es précipité un peu vite, seul, et sans arme, vers un ennemi dont tu ignorais alors qu'il est plus puissant que toi. À mon sens, ce fut une chance pour toi qu’il ait choisi de s'esquiver. Ceci dit, en constatant qu'Athaânas n'a pas profité de son avantage, il se trouve que mon père a pensé que quelque chose le dissuaderait non seulement d'agir contre toi, mais que par surcroît, une autre raison, ou la même, le rend systématiquement nerveux en ta présence.

– Tu ne veux tout de même pas dire que mes emportements le déstabilisent?

– Si !

– Je me demande bien pourquoi...

– J'ai peut-être une explication...

– Dis toujours...

– Je pense à ces quelques particules d'âme issues de la désintégration de L'HOMBRE qu'il a probablement récupérées.

– Géniale... Tu es simplement géniale! Et de fait, ces particules renfermant de l'ADN, il se pourrait sérieusement que l'Ange Gris ait envisagé de s'auto-cloner en feu mon père adoptif! Et puis, il pourrait aussi se trouver que de la mémoire cognitive soit contenue dans ces mêmes particules et qu'il compte l'utiliser à profit? Mais de là à déduire que leur présence interagirait naturellement et même surnaturellement en prenant possession du Surmoi en s'activant électriquement dans ses synapses, et donc, jusqu'à atteindre des neurones dans le cerveau d'Athaânas, ce peut-être carrément délirant… Ainsi le piégeur d'âmes se serait piégé lui-même... À moins que… géniale ma chérie: tu es absolument géniale, se répéta Néphysthéo!

 

Il était totalement subjugué par l'esprit et le charme de son épouse: alors la sentant voluptueuse et amoureuse, il la prit dans ses bras, et leur nature mi ange mi humain fit le reste.

 

 



16/06/2021
13 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 13 autres membres