le monde merveilleux de lucien

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CHAPITRE SOIXANTE HUIT

      C'était pareil à un étrange tableau en clair-obscur où on pouvait voir un gigantesque arbre rouge… éclairé de derrière par une sorte de halo vaporeux qui le fait se détacher d’un décor non moins secrètement nébuleux. Vue de loin cette clarté mouvante faisait penser à un feu de Bengale. Sinon que cela s'extirpait nonchalamment d'un décor serti de diamants verts.

 

Vision organisée, portant en elle des caractères génétiques issus de plusieurs génotypes qui se présument différents. Quelques uns opéraient sous la voûte d'un ciel mauve. Il apparaissait ourlé de quelques rares nues féeriques qui y naviguaient de manière majestueuse, vaguement baignées par le discret rayonnement que diffusait avec parcimonie le zénith d'un soleil rivé, qui tel un œil fixé, distillait son regard au travers d’un autre flot régulier de lumière rouge quelque peu plus orangée...

Dans l'arbre: on pouvait voir des fruits oblongs. Jaunâtres cocons nourriciers translucides, qui pouvaient faire penser à des cultures in-vitro. Éternels embryons qui patientaient en attendant que vienne le mûrissement de leur noyau complexe après avoir été fécondés par la Lumière des Justes.

 

Devant le tronc gigantesque de cet arbre, l'on voyait aussi l'Ange dieu Néphysthéo terminant la xylographie d'un cœur. Il y grava les initiales HN; et puis, satisfait de cette représentation symbolique, il replia soigneusement le stylet qui s'en retourna de lui-même dans sa poche de cuir.

 

Sublime apparition: Habygâ s'approcha. Un peu du brouillard pourpre enflammait l’aspect soyeux de ses longs cheveux d'or. Cela rosit aussi son corps entièrement nu. Alors, ne contenant plus l'incendie de son désir, Néphysthéo s'en fut au devant d'elle et l'enlaça fougueusement. Plaquant ses lèvres brûlantes sur la bouche enfiévrée qui espérait de longtemps le tendre baiser... Et puis les deux amants disparurent...

 

¤

 

 

      À des années-lumière de cet étrange endroit… le poète Lucien essuyait à présent son front ruisselant. Il venait de s'accroupir pour mieux approcher et détailler l'objet métallique qui se trouvait étendu à ses pieds.

 

– Que vais-je faire de toi, marmonna le jeune homme…

 

Dans cet endroit rare de vie, comme à l'habitude, il y menait la sienne en ne parlant guère qu'à lui seul.

 

– Bzzzz...brrrr...twwwit... Fit soudain le cadavre technologique.

– Ainsi tu n'es pas encore mort, laissa échapper le poète…

 

Pourtant, cette fois le robot ne répondit pas: seul un L E D rouge clignotait encore sur le haut de son casque, n'indiquant que ce qu'il restait de vivant dans son regard de cyclope.

Dès lors, si cette fois Lucien s'agenouilla, ce ne fut pas pour prier. Il voulait juste entreprendre de retourner le robot, mais sans toutefois y parvenir.

 

– Te bile pas mon pote... certes, tu es trop lourd pour être déplacé par la seule force d’un humain, mais je crois avoir ce qu'il faut pour te réanimer.

 

¤

 

… Cependant que deux amants vibraient à présent dans la réalité sacrée d'un arbre-fée…

 

– Mon amour, je t'aime tellement, lui avait avoué la déesse Habygâ.

– Mon aimée, voici que je viens vers toi avec la raison aussi chavirée que mon corps qui te désire. Et cela, même si je ne m'explique pas le pourquoi de cette soudaine intensité charnelle qui me submerge, au point d'occulter le côté spirituel de cet endroit sacramentel.

– Je t'en prie mon chéri... L’amour charnel qui délicieusement de ses traits blesse celui spirituel, ne souffre jamais d’une rude épreuve que si nous sommes au plus près d’une passion qui est la récompense… offerte par le Très-Haut!

 

C'est ainsi que sur la lune de l'exo planète Yäga, vivaient des êtres bien étranges… Et ces deux-là ignoraient peut-être qu'ils étaient les seuls dieux-Anges dans toute l'histoire de l'univers, ayant obtenu l'immense privilège de pouvoir vivre l'acte d'amour charnel parmi un champ élargi de particules hautement sacrées. Lesquelles étaient fondamentales au sein d'une entité que beaucoup d'humains pensent pour être seulement mythique. Alors qu'elle est en vérité directement issue de l'essence divine: celle qui constitue en grande partie la noble matière du Très-Haut dans La Lumière des Justes. Ainsi, le fruit qui allait être fécondé à l'image attendue le serait aussi au plus fort de la leur unie à icelle. Faisant qu'à sa naissance, l'enfant de cet amour aurait probablement les mêmes dons, pouvoirs et valeurs, que l'Arbre-fée de la science et de la connaissance. D'autant que ce dernier avait volontairement imprégné les parents de son essence au moment précis où ils furent reçus en lui…

 

– Ton enfant sera sublime parmi les sublimes, lui avait confié Junyather… Il recevra des cadeaux de l'Arbre-fée de la Vie et de l'Abondance…

 

Et si l'Arbre s'offrait de lui-même aujourd'hui en recevant le couple au cœur de son essence, c’était en grande connaissance de cause, car il le faisait pour répondre positivement à son illustre concepteur qui le lui avait demandé.

 

– Habygâ...

– Mon chéri...

– Je t'aime!

– Je t’en prie… Viens!

 

 



06/07/2021
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