le monde merveilleux de lucien

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CHAPITRE QUARANTE ET UN

 

41

 

Toi l'omniprésence insigne:

Je te présume habitant le sein froid de la lumière explosée,

Mais, ne me songerais-tu digne

De pénétrer le cœur brûlant d'un destin implosé?

 

 

      Lorsqu’en été, le soleil levant réchauffe le sang du serpent de verre, c'est de l’autre côté du mur que règne alors une douce fraîcheur...

Pourtant, quand vient le couchant de son étoile, l'être stigmatisé s'angoisse dans l'ombre de sa Terre. Impatient qu'il est de revoir le jour pour diluer dans sa lumière, l'image noire qui le taraude.

 

      Il en est ainsi de nos rêves. Ils s'organisent en scénographie lorsque notre semi-conscience devient spatiale. Pourtant, si l’on accepte qu’il existe bien une ou plusieurs entités déifiées, on peut penser que cela nous a fait cadeau d'un peu de l’énergie qui la, ou les compose. Ne serait-ce que par le truchement poétique d'une union proportionnellement idéale, de la matière avec la lumière. L’on peut même supposer que par ceci, serait obtenu l'aboutissement d'êtres (nous) qui seraient faits à leur image… à condition de s’imaginer la leur peu différente de la nôtre. Ce qui est loin d'être acquit!

D’autant qu’à se remémorer quelques temps en arrière, alors que du côté abstrait de notre planète, chacun s'était employé à oublier L'Hombre, l'on avait donc effacé les dernières traces de son passage, et la vie qui se voulait être à nouveau vécue en harmonie au sein des diverses dimensions avait repris son cours à la fois normal et paranormal. L'on avait pardonné à Néphysthéo ses égarements et signé un compromis avec Belzéé.

 

Ce dernier ayant accepté que l'on condamne à jamais le passage situé au fond de la grotte de la Fée diabolisée. Pourtant, plus encore que les précédentes, la nuit qui s'était annoncée à présent serait à jamais inscrite différente des autres dans la mémoire prodigieuse du jeune Ange dieu.

 

 

      Sublimé par la promesse engendrée d'une vision sacrée qui l'éclairait d'en haut, en l'occurrence le royaume céleste de Gabryel et Athénéïse qui se montrait bien représenté par l'astre lunaire faisant rayonner sa lumière argentée sur les toits ardoisés de Castel Anatha: un jeune prétendant espérait qu'elle serait des plus décisives pour le reste de sa vie…

C'était un moment d'importance notoire, car pour la première fois, il se trouvait invité à se rendre sereinement et librement au manoir. Et si par ailleurs, on avait aussi retrouvé la paix là-haut chez les autres dieux de lumière, il fallait reconnaître que c'était aussi parce que Dame Habygâ et le jeune Néphysthéo, s'étaient revus plusieurs fois chez Morganie pour se parler longtemps dans la clairière sacrée, cela laissait présager qu'un peu du meilleur temps déjà écrit allait en fin de compte se réaliser. Mais s’ils se trouvait décidément beaucoup d'amour et de belles pensées à partager, il se faisait qu'une préoccupation d'importance empêchait d'aller plus avant dans cette relation:

 

– Néphysthéo, lui avait confié Habygâ: Je t'aime depuis toujours et tu le savais, mais hélas, mon père est issu du même berceau que toi, alors ce faisant, il se trouve que tu peux être du même sang… Comment pourrions-nous dans ce cas nourrir l'idée d'une union plus intime ?

– Tu as raison. Mais il est que je t'aime tant et que je ne puis plus me penser d'avenir qui se ferait sans toi pour compagne. Et puis, si Junyather et ta famille me pardonnent de les avoir offensés, alors peut-être accepteront-ils que soit autorisé notre amour, même si c'est sans le consommer?…

 

Néphysthéo en était là de sa pensée alors que le déclin de notre étoile annonçait déjà le crépuscule…

 

      Il était écrit que ce serait un soir bénit. La barque féerique l'avait conduit sans rechigner jusqu'au ponton d'en face. Il avait ensuite emprunté le même chemin qui fit autrefois comme lui la douce Athénéïse. Et puis en murmurant le non de sa belle afin de s’en donner le courage: il avait gravi les marches constituées des mêmes longues pierres qui étaient de longtemps devenues boiteuses par l'usure du temps et la froideur des hivers. Tout comme l'avait vécu la mère de son aimée, il avait donc atteint le grand perron. Lequel est toujours éclairé par sa lanterne bizarre. Et une fois qu'il était arrivé devant la porte monumentale, avec autant d'émoi qu'il en pu supporter, il en avait levé puis relâché le lourd marteau de bronze qui était allé cogner sur la plaque d'acier protégeant le bois vieillissant de l'imposante menuiserie.

Il semblait alors à l'ange dieu de lumière, d'avoir gravi l’escaliers à la manière du profane empruntant pour la première fois celui d'un temple Maçonnique, s’attendant à ce qu’il le conduise directement dans l'étrangeté du Cabinet de Réflexion. Une sorte de sanctuaire, réservé à une élite dont il ne pouvait plus faire partie pour l'avoir un temps reniée et même combattue. Il s'apprêtait donc, avec logique, à s'en voir refuser l'entrée. Et pourtant il perçut clairement le glissement du loquet verrou libérant la porte qui s'ouvrit…

Pour cette fois, aucun courant d'air malicieux n'emporta aucune lumière… S'appliquant à mieux faire dans le moindre détail, et considérant d'avoir devant lui un invité qu'il considérait prestigieux, le brave Henry avait alors levé si haut son candélabre d'argent pour le soustraire au souffle facétieux des fils d'Éole, que l'Ange-dieu, tout en le voulant aussi vrai de symbolisme, le compara mentalement à une certaine statue de la liberté offerte par la France au Nouveau Monde à une autre époque… Mais il l'avait salué le premier, et si majestueusement que le majordome, l’avait gratifié d’un sourire qu’il assortit aussitôt d’une phrase avenante:

 

– Monsieur, votre bonheur se voit, mais je vous prie de ne pas m'affubler d'une noblesse dont je n'ai pas le titre.

– Que la lumière soit avec toi mon cher Henry, car tu portes comme un sceptre, une autre vision des brillantes particules de la paix universelle: celle qui par l'autre alliance céleste éclaire les justes. Je suis très honoré que ce soit toi qui m'ouvres en premier la porte de cette maison, car je te sais profondément humaniste et plus particulièrement louable du fait que ton charisme est certainement déjà aussi fort que celui d'un Ange de bonté.

 

      Bien qu'il fut depuis longtemps habitué à entendre ce genre de compliment qui se partageait, non pour lui, mais avec d'autres en façons et circonstances, car certainement mieux entre toutes les personnes déifiées qu'il servait: le majordome reconnu, mais en lui-même, que très certainement ce nouveau membre, probablement, en accréditant ainsi de belle manière un serviteur, promettait qu'il saurait certainement à son tour l'être aussi bien que lui pour la fille de Gabryel. Et cela lui fit chaud dans son coeur, malgré tout fort vieillissant, car le fait de pouvoir penser positivement qu'après lui perdurerait de belles valeurs, comme celles que son père lui avait transmises, lui fit même bénéfice d'un regain de bel entrain.

 

La grande table de chêne, qui trônait dans la salle où Henry introduisit Néphysthéo, était couverte de mets que l'on avait servis dans des plats de porcelaine blanche joliment ornée d'enluminures paléographiques. Lesquelles étaient produites à partir d'émaux de couleur, d'or et d'agent. Le grand lustre qui diffusait la lumière immaculée de ses quartzites les faisait étinceler à l'unisson des cristaux verriers et des couverts d'argent. Rehaussant du même coup certains détails d'une magnifique tapisserie d'Aubusson. De même que cela égayait la fibre laineuse du magnifique tapis recouvrant généreusement ce qui du dallage sous la table, se trouvait insuffisamment tempéré par un feu amène, crépitant pourtant généreusement et joyeusement dans l’âtre de la vaste cheminée.

 

Quand le jeune ange dieu leur fut présenté, Habygâ avait alors quitté si rapidement la lourde chaise sur laquelle elle se trouvait assise, que Gabryel dû en attraper le dossier à la volée pour éviter qu'elle ne se brise en tombant. N'y tenant plus, la blonde déesse s’était littéralement ruée sur son prétendant qu'elle embrassait déjà si fougueusement que lui-même paru interloqué!

 

– Voyons ma fille, crois-tu qu'il soit bien raisonnable de se comporter ainsi ? La tempéra tout de même Athénéïse, d'une voix qui s'entendait pourtant troublée par l'émotion qu'elle ne savait cacher.

– Pardonnez-moi ma mère… Et aussi vous tous ici: je vous prie de m'excuser… Mais il se fait que je l'aime tant !

– Décidément, cette maison voit beaucoup de ce qui fait la force d'amour, n'est-il pas ma Mie? Émit cette fois la voix de Gabryel, qui tout en remettant la chaise en place, glissait un regard complice à l'intention de son épouse.

 

Alors, comme cela fut entendu par tous, le reste s'était naturellement enchaîné. Et c'est ainsi que l'on avait pu voir Néphysthéo tomber à genoux, pour la seconde fois, devant les pieds de sa reine, alors qu'autant que lui elle pleurait des larmes d'amour et de joie mélangés. Et puis Habygâ avait offert sa main pour inviter son prince à se relever. Et ils s'étaient étreints de nouveau. En montrant la même ferveur qui faisait plaisir à voir. Malgré que l'on ait pu croire à ce moment qu'ils faisaient comme s'ils étaient seuls au monde…

 

Le repas qui s'était ensuivi avait été complice du délicieux moment. Il fut servi peu de temps après que les deux « tourtereaux » se furent un peu calmés, du moins en apparence, et que Gabryel, s'étant levé et positionné face à eux, avait posé ses mains sur leurs épaules respectives, et puis que, plus chaleureusement encore, il avait ensuite entouré de ses bras, à la fois le jeune Ange dieu et sa fille. Les serrant l'un l'autre, comme pour les unir à sa façon.

 

*

 

      Plus tard, pendant que l’on desservait la table, toute la famille s'était confortablement installée dans le petit salon adjacent les conversations allaient bon train, lorsque soudain, mettant à profit un court moment de silence, Néphysthéo avait fait sa déclaration. Et c'est ainsi qu’il s’était levé. Puis il avait fit quelques pas, afin de se trouver au centre de la pièce. Et c’est en se tenant front baissé, en signe de grand respect, et sans le relever, il s’était adressé à Gabryel:

 

– Sir… Permettez que je vous nomme ainsi… Et même si cela est protocolaire… Mais c'est que, voyez-vous, j'ai une demande de haute importance à vous faire… Voilà... dit-il en relevant enfin la tête: ce serait pléonasme que de nier le grand amour qui depuis toujours me lie à votre fille. Mais hélas, j'aimerais être assuré que mes origines, comme autant la vôtre aussi nous permet…

– Et que crois-tu donc à propos de ton propre sang, lui répondit brièvement Gabryel, comme s'il cherchait à jauger le jeune Ange dieu.

– Et bien… C'est que vous et moi dépendions effectivement du même berceau: celui d'Hydro.

– Soit, mais alors que veux-tu dire ?

– En fait… Je ne sais trop…

– Je capte certaines de tes pensées fortes et tu ne l'ignores pas. Ainsi, puisque tu me le demandes, cela revient à dire que malgré son haut rang de Grande Déesse, ma fille n'a pas pu accéder aux données qui pourraient renseigner ce que tu lui as plusieurs fois demandé…

– C'est cela, hélas…

– Ton ambition amoureuse est née d’un sentiment fort louable mon cher Néphysthéo. Il est donc normal que tu attendes la seule vraie réponse qui puisse t'autoriser sereinement d'aboutir à une union totale, et aussi de la vivre, comme il se doit, avec l'élan de tendresse qui est équitablement charnel et spirituel. Et donc d'une façon encore plus aboutie que celle qui irradie présentement en vous deux tour à tour, âme pour âme, comme aussi à la fois, dans ton cœur et celui de ma fille. Et si vous le faites voir par ce charisme qui émane de vous, même si cela vous va bien: je peux te dire que tu ne cherches pas la réponse là où tu devrais... Alors, dès demain, si tu le veux, je t'aiderai d'une autre façon. Dussions-nous pour cela nous rendre chez mon père. Afin d'apprendre par lui, s'il l'admet, ce qu'il connaît de toi et d’avant toi.

 

*

 

      Pour ce faire, Ils avaient d'abord utilisé la sphère, afin de se rendre du côté caché de la lune, puis, quand ils furent arrivés dans le palais relais, Gabryel avait poussé la porte dite de diamant. Après quoi ils furent emportés par la blanche Ezaïhelle, et avaient pénétré avec elle dans le vortex qui relie le satellite naturel de la planète Terre à la géante jovienne. À peine arrivés, ils en avaient instantanément traversé les trois couches d'atmosphère. Une fois sortis de celle composée d'eau et de glace, ils s'étaient trouvés dans un sas identique à celui de Séléné. Mais s'il comportait la même porte dite de diamant, il s'était trouvé que le passage semblait donner sur nulle part. Alors ils avaient néanmoins mis pied à terre. Et Gabryel avait ouvert une porte de côté qu'il savait dissimulée dans la masse environnante des nuages. Elle permettait l'accès vers des locaux destinés à recevoir tout ce qu'apportait le vortex d’êtres autorisés. Gabryel y avait fait entrer Ezaïhelle qui, connaissant comme lui l'endroit, s'en était allée toute seule vers le box des écuries célestes qui lui était dévolu.

Après quoi il avait soigneusement refermé l'accès aux locaux annexes et, se retournant, il avait fait signe à Néphysthéo de le suivre. D'un geste circulaire, il avait clarifié l'extrémité du vortex. Alors, devant eux, quoique ce fût à bonne distance: deux objets lumineux de belle taille étaient devenus visibles. Entièrement constitués de particules vivantes et vibrantes, mêlées à des gaz irisés qui les animait de vives fluctuations multicolores, on pouvait les voir interconnectées par des sortes de filaments vivants s’échangeant des molécules fluorescentes qui, alternativement, se formaient ou disparaissaient. L'ensemble représentant quelque chose de bien étrange, dont la configuration particulière de fonctionnement pouvait faire songer par à une activité cérébrale. C'était comme s'il s'agissait en fait de deux pulsars intelligents qui seraient abondamment pourvus en matière matricielle.

 

– Je pense que c'est un élément de l'ESTH qui s'adresse ainsi directement et confidentiellement à mon père, avait expliqué Gabryel sans plus de précision.

– Que voulez-vous dire, lui avait tout de même demandé Néphysthéo?

– Ce que j'entends dire par ESTH ? Eh bien, je veux émettre le plus simplement possible qu'il s'agit d'une configuration réduite de l'Entité suprême. Celle-là même que beaucoup de monothéistes vivant sur la terre, disent unique en la nommant Dieu, Jehova, Vishnou, Allah, Yahvé, et la sacralisant sous d'autres noms encore…

– Comment savez-vous cela?

– Je suis sensé l'ignorer autant que toi. Mon père ne m'en a jamais parlé que par des mots de substitution. Mais cela fait des dizaines de siècles que je suis en mission sur la Terre. J'y ai pu donc apprendre qu'avec la montée du monothéisme, beaucoup d'humains l'auraient vu, ou au moins aperçu sous d'autres aspects… Mais certainement que ce fut de moindre façon qu'ici où il consent de s'ajuster! Ceci rendant parfaitement concevable que même mon père, ici représenté par l'autre intelligence, ne soit pourtant qu'un subalterne de l'ESTH que tu vois par l'image qui est la plus compacte. Mais attendons qu'ils aient terminé et que mon père reprenne son apparence humaine.

 

      Ainsi fut fait: et par respect, ils avaient décidé de s'agenouiller. Puis, solennellement ils avaient longuement médité…

Quand enfin ils avaient relevé la tête et rouvert leurs paupières, ils avaient pu voir cette fois devant eux une grande couronne translucide. Conçue comme un immense couloir circulaire, elle paraissait pour avoir été installée entre l'atmosphère intérieure et la masse d'hydrogène nuageux. Suspendue en position fixe autour de ce qui enveloppe le noyau de la planète. Cette immense conception rendant ainsi la « gazeuse » habitable, était munie de grands renflements en forme de sphères reliées à des cylindres, donnant eux-mêmes accès à la grande couronne. Cela s'apparentant en fait à une gigantesque station spatiale ressemblant à un anneau planétaire qui serait plus grand que la terre! Sauf qu'elle était très différente en ses matériaux constitutifs! Ici, pas de matières synthétiques tirées de biochimie et autres ressources pétrolières. Et encore moins de métal! Car il s'agissait bien de la même matière vivante qui protège le palais lunaire de Dame Athénéïse, et aussi le Berceau des Enfants dieux…

 

L'accès à la grande couronne ayant été libéré, la porte du sas tout aussi transparent où se trouvaient Gabryel et Néphysthéo s'était ouverte sur l'une des sphères. Un factionnaire les avait respectueusement accueillis, alors ils étaient entrés. Après avoir décliné leur identité céleste et invoqué la raison de leur visite, ils avaient pu prendre place à bord d'un véhicule dont le déplacement vertigineux s'était révélé aussi silencieux que celui d'un nuage. Cela les avait emportés directement là où Junyather les attendait.

 

L'entretien fut plutôt bref. Gabryel avait même perçu de la froideur dans le premier regard que son père avait adressé à Néphysthéo. Il avait semblé au jeune Ange dieu que le maître absolu de la Voie lactée n'avait aucune intention de pardonner les atermoiements d'un écervelé qui avait tout de même bien accepté de s'allier avec le fils de son pire ennemi! D'ailleurs, Junyather s'était montré suspicieux et peu enclin à lui dévoiler des secrets de famille. Ce fut d'un ton appliqué qu'il intima donc à Néphysthéo de sortir de son bureau. Et ce ne fut qu'une fois seul avec Gabryel qu'il s'était fait apporter le Grand Livre de Naissances. Ils s'étaient appliqués à l'étudier, s'arrêtant notamment sur des schémas généalogiques:

 

– Vois, avait dit Junyather à son fils: il se trouve que tu as beaucoup de frères, car j'ai certes côtoyé toutes les déesses, mais aussi beaucoup de Muses… Ta mère est celle-ci… (Il avait posé un doigt sur le nom de Thalie) Florissante et abondante Muse des poètes… Et si pastorale! avait ajouté le dieu supérieur avec de la nostalgie dans la voix. Et puis il était revenu plus au début du livre. Et, s'arrêtant à une autre page, il y posa à nouveau son doigt:

– Ah, voici la mère de Néphysthéo... et qui s'est laissé séduire par un un moins que rien!

– Comme vous y allez! Décidément, tout me fait penser que vous détestez ces gens. Mais puis-je en connaître la ou les raisons sans que cela vous offense?

– C'est que, vois-tu, ils sont d'une autre lignée que la nôtre...

– Ne croyez-vous pas qu'un mariage entre ma fille Habygâ et Néphysthéo n'aboutisse justement à créer une nouvelle force d'amour universel, par l'union des deux lignées? Et puis qui sait si ça n’est pas justement notre créateur attends de nous?

– En effet mon fils, c'est cela qui va sans doute arriver, et qui sait, peut-être me remplacer… Ainsi, malgré qu'il l'ignore pour le moment, Néphysthéo est comme toi plus qu'un simple Ange-dieu, car, même si l'on occulte le fait qu'il vous faut évoluer encore, il n'en est pas moins que vous êtes considérables pour agir ensemble dans un autre plan de cet univers. Ce qui explique la connexion télépathique qu’il à toujours eu avec ta fille, bien quelle fut volontairement brouillé par L’Hombre. Vois-tu mon Fils, ils sont tous deux précurseurs d’une nouvelle génération. Laquelle se doit d'obtenir l'aboutissement prochain d'un Ange-dieu de lumière qui sera différent de toi et de moi parmi la force vive… un dieu Photon est à venir! Voilà pourquoi notre Suprême les protège à ce point. D'ailleurs vient de m'entretenir à ce sujet: il a pour eux de grands projets…

– Je ne sais que dire… je ne m'attendais pas à cette révélation.

– Tu vois bien mon fils: c'est à ton tour de vivre l'expectative. La situation peut se comparer à celle que Néphysthéo a vécue chez toi, quand tu lui as répondu à propos du berceau des dieux que vous avez connu tous les deux. Mais tu dois garder pour toi ce secret d'avenir. Car c'est aussi la raison pour laquelle j'ai refusé à Néphysthéo qu'il puisse rester dans ce bureau. Il devra auparavant faire la preuve de ses capacités, tout en s'armant de grande ténacité pour faire preuve de droiture.

– Tu as raison père, et comme il ne m'est pas permis de consulter directement notre créateur, c'est donc bien à toi, qui es proche de lui, qu'il m'appartenait de demander en premier quelles sont précisément les origines et le rang céleste de Néphysthéo. C'est ensuite, selon ce que j'apprendrai aussi de ses intentions, qu'il m'appartiendra de consentir ou non à ce mariage. Selon que tu me donneras peut-être l'autorisation de les unir.

– Soit mon fils, je te donne cette autorisation puisqu'elle est déjà écrite. Et, je dois admettre que, hormis ton union avec Athénéïse, je n'ai jamais vu durant les deux derniers millénaires, autant d'amour partagé qu'avec ces deux-là! Et comme il plaît au Très-Haut d'y voir son avantage… Eh bien peut-être que c'est par cela que ma Petite-Fille saura mieux t'épauler avec un mari, et même te seconder… En attendant que leur descendance finisse par «s’asseoir au même niveau que moi».

– Alors père, puisqu'il en va de la volonté suprême: ainsi soit-il.

 

*

 

      Quand Gabryel rejoignit Néphysthéo dans le salon d'attente, il lui demanda mentalement de le suivre, sans qu'ils se disent un seul mot autrement. Et puis ils s'en étaient allés pour retrouver Ezaïhelle, qui devait cette fois les emporter sur Hydro, via un autre vortex. Plus précisément, il s'agissait pour Gabryel de rencontrer Médéniagâ, et d'abord seul à seule. Ce qui fit que là aussi, il avait demandé à Néphysthéo de patienter au dehors…

 

– Bien à vous Madame, avait commencé le prince de lune, s’adressant à la la déesse reine.

– Bien à vous mon neveu, lui avait-elle rétorqué en reprenant sa phrase.

– Soit, saluons-nous ainsi qu'il faut dans le respect du protocole, mais pour le reste, cessons s'il te plaît cette mascarade, avait aussitôt enchaîné Gabryel. Et d'ailleurs tu sais fort bien que je ne suis pas plus ton neveu que ta sœur n'est ma mère! Et puis il me semble que vous auriez bien fait toutes deux, en m'informant de votre parenté avec cet enfant qui fut bizarrement enlevé du Berceau sacré dont tu as accepté la charge! J'ose au moins espérer que l'une ou l'autre, voir ensemble, ne fûtes point complice du dieu Sombre qui n'a pas pu trouver tout seul l'endroit. À moins que peut-être, tu n'aies agis dans l'idée de faire de ton fils, une plus puissante entité que moi!?

– Je respecte ta colère Gabryel, puisqu'elle est justifiée, mais ne me pardonnerais-tu pas d'être avant tout une mère?

– Certes, j'admets que ma mission consiste en premier de préserver l'amour du prochain sous toutes ses formes, mais de là à permettre de telles dérives, dont celle-là qui faillit me tuer et a vu périr l'un des meilleurs d'entre nous, il y a peut-être des limites !

 

Et puis sans plus ne rien dire d'autre à Médéniagâ, il fit tomber le barrage mental et ouvrit son esprit à Néphysthéo afin de l’inviter à entrer.

 

– Mon fils! S'écria la gardienne avec une drôle de voix… Et puis elle s'effondra.

 

*

 

      Ce fut plus tard, ayant enfin repris connaissance, qu'il lui fut accordé de Gabryel, car légitime, d'étreindre son enfant devenu adulte…

L'instant d'après, les trois s'étaient installés ensemble dans le grand bureau directorial, tandis que la responsable des registres célestes leur communiquait des informations:

 

– Afin de répondre à la demande conjointe des dieux ange Gabryel et Néphysthéo, ex enfants du Berceau Céleste, et ici présents, voici que je vais lire ce que pour eux disent nos livres: au commencement de Gaïa qui fut voulue et créée par association du Dieu de Lumière avec celui de Matière, et en accord avec le Dieu des Ténèbres, les trois valant pour trinité créatrice de l'univers… La déesse au corps «vivant d'une autre manière», entreprit de s'unir à Ourianos au sein d'un nouveau "ciel" qui, pour la circonstance, fut rendu Suprême… Il s'en est obtenu Trétéhys, et puis les Titans. Ensuite ce fut Rhéhéa. Après quoi de Cronynos, vinrent les Olympiens… Et puis aussi, mais directement placé par le souffle magnétique du Très-Haut Dieu de Lumière: vint le dieu superbe Phœbus, qui fut l'amant de… la reine de Lune Anatha.

– Enfin Madame! Ne pourriez-vous dire cela moins cérémonieusement et en venir au plus près de ce qui nous intéresse? Car voyez-vous, il se trouve que je n'y comprends que peu de cet embrouillement de nom d'un autre temps, s'était soudain emporté Néphysthéo que la patience commençait à abandonner…

– Certes, fit une autre voix.

Une manifestation lumineuse venait soudain d’apparaître dans la pièce. Elle se précisa sous la forme d'une image hologramme dont la saisissante qualité aurait certainement rendu jaloux le meilleur des techniciens éclairagistes terriens.

– Certes, avait réitéré l'esprit d'Anatha qui en était la source, mais pour les raisons que vous voyez, et le fait qu'il faut de la matière charnelle pour procréer: il s'est trouvé que ma sœur fut porteuse pour moi de l'enfant de Phœbus que j'avais espéré de lui. C'est donc elle qui enfanta secrètement, et le nourrit ensuite juste ce qu’il faut de temps pour qu'il soit ensuite déposé dans le Berceau des Enfants dieu pour y être mieux abouti.

– Donc, lui avait rétorqué Néphysthéo: plus que la mère spirituelle de Gabryel vous seriez la mienne intentionnelle… Et c'est à lui que vous montriez du faux amour afin de mieux cacher à Junyather qui n'était certainement pas dupe, celui que vous me destiniez, alors que c’est pourtant Médéniagâ qui m’a porté! Je comprends mieux que le père de Gabryel puisse me battre froid! D'autant que vous y êtes allées de paire pour mieux tromper tout le monde!

– Ce n'est pas tout à fait cela, car même si ça ne semble pas, il se trouve que j'éprouve beaucoup de respect et d'amour pour Gabryel et sa famille. C'est le même amour que l'esprit de Phœbus vous offre encore à tous les deux et qui l’a fait pleurer des larmes-particules issues de son corps flamboyant sur celui horriblement mutilé de Gabryel qui du reste, lui doit d'être encore en vie…

– Et bien Anatha: puisque vous n'êtes ni ma mère, ni celle de Gabryel, pas plus que je ne suis l'un des enfants de Junyather… Me voici au moins le cœur libéré, car apte au mariage avec qui vous savez.

– L'amertume est parfois légitime Néphysthéo. Je peux même admettre que mon récit puisse te choquer. Tu vis une époque très différente de la mienne où la matière spiritualisée était autrement représentée que par l'enveloppe humaine qui n'est apparue que des milliards d'années plus tard. Tu comprendras certainement que ce sont plus que des millénaires d'engourdissement lunaires qui m'ont vu attendre votre aboutissement à tous les deux. À défaut de lien de sang, puisque le créateur ne m'a pas faite déesse pourvue en matière charnelle comme vous, je vous ai néanmoins offert la matière sacrée qui s'y ajoute. Vous pourrez même le vérifier, si vous apprenez à lire les Runes gravées sur les différentes colonnes des sites sanctuaires du culte d'Athséria. Sachant que si Ardvina assura comme il faut la sublimation des prémisses, c'est bien de celle qui descendit en première Dame en la forêt d'Ardenne, qu'ont pu émerger d'abord Morganie, puis Athénéïse et enfin Habygâ. Alors que durant cela, et toujours en bonne partie par moi et la Diane, vous furent prodiguées en nourriture d'aboutissement bien des prières adressées des humains depuis la Terre au nom prestigieux de la Lune dite Noire lors de ses absences lumineuses de ce côté-ci de la terre, mais qui permettait acte et puissance psychique par la grâce du Très-Haut en ses illuminations. Sachant qu'en même temps elle le faisait aussi par force de cœur pour Gabryel, de son côté radieux d'alternance. Étant entendu que rien de ténébreux ne vous atteignait, puisque s'agissant toujours de la même lumière de Phœbus qui se reflétait par l’intermédiaire de mon corps sélène. Sinon que l'une se voyant tantôt de jour et l'autre tantôt de nuit… Ainsi je vous le dis: tout a bien été fait afin que pour l'autre et l'un, cela protège au mieux les intérêts et ceux de lignées obtenues ou à venir. Toi-même ayant failli Néphysthéo, je te demanderai donc moins de juger que de te consacrer à propager la grande valeur des sentiments que je te porte. Et je continuerai autant qu'il me sera demandé de faire mon devoir, pour que ce bien-être que j'ai autrefois connu de mon aimé perdure autant qu'il se peut pour vous deux et vos proches, mais aussi pour toute l'humanité qui émergeas grâce à moi et que vous êtes sensés devoir protéger.

 

Anatha avait souffert de devoir ainsi se justifier d'un temps pré-humain qui au regard de celui cosmique, ne signifiait rien, mais n'en était pas moins chiffrable… Notamment pour définir une période formatrice où les dieux et les étoiles, savaient encore se confondre en des amours étranges, qui avaient permis l'émergence de la vie cellulaire…

Son trouble pouvait se remarquer rien qu'à bien regarder son image hologramme qui avait pâli. Alors elle les avait observés tous les deux. Et puis elle avait tendrement posé un baiser sur le bout de ses doigts. Juste avant de disparaître si brusquement que chacun pensa que c'était probablement pour toujours…

 

*

 

      C'était donc ainsi que Gabryel pouvait imaginer la florissante Thalie, qui après l'avoir mis au monde, l'avait confié au Berceau des dieux nourrissons, pour qu'il y puisse puiser durant des millions d'années ce qu'il lui fallait de nourriture et d'éducation sacrée. Tout comme ce fut le cas de son futur gendre. Émergeant quelques millénaires après… En outre, il avait pu conclure que même, si tous ces amours folâtres, qui eurent lieu aux temps reculés de la création universelle n'avaient plus cours, il se pouvait néanmoins que s'unisse sa fille Habygâ à Néphysthéo, Fils du Soleil… Lequel soleil s'était amouraché d'une lune, en un temps où le Dieu de la Matière savait leur prêter double vie, probablement à la demande du Très-Haut Dieu de Lumière… Cela les mettant néanmoins en sûreté pour ce qui concernait leurs rangs prestigieux… Ce qui permettait d'espérer d'eux une descendance qui ne pouvait que s'annoncer superbe, et que cela pour lui et eux était déjà l'expression de quelque chose qui s'annoncerait merveilleux pour le genre humain!

 

 



18/09/2020
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