le monde merveilleux de lucien

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CHAPITRE SOIXANTE DOUZE

     Disposé comme serti au centre d'un frais tapis de verdure joliment ourlé de son eau diamantée, le Joyau d'architecture classique dressait les pointes coniques chapeautant ses tourelles au-delà de la cime des grands arbres Fayes. Lesquels, comme autant de sentinelles amènes, bordaient les rives extérieures d'un petit lac tranquille où se mouvait une barque au ventre clair. Elle allait seule, passant de l'un à l'autre de ses pontons de rondins. Cela se faisait en un jeu si calme et gracieux, que l'on aurait pu facilement comparer ce manège, à celui auquel se livrerait un cygne opérant d’inlassables vas et vient langoureux…

 

Consciencieusement mu par la féerie qui animait l’onde, l'esquif de bois aux bancs peints en vert, transbordait des invités ravis qu'il déposait quatre à quatre sans qu'il fut utile d'user de la moindre godille.

 

Fidèle à son habitude, Charles-Henry avait bien fait les choses. Sitôt débarqué: chacun pouvait profiter à sa guise d'un buffet copieux. Il était consciencieusement tenu par des elfes amis. Ils se dévouaient en affables serviteurs, pour satisfaire au mieux la trentaine de personnes qui avaient été conviées à fêter dignement l'événement sacramentel.

 

La plupart d’entre eux avaient été constitués selon l'image humaine qui leur convenait. Ils étaient donc fait pour majorité de matière naturelle auto féconde assortie de matière Grise invisible. . Suite intelligente, de la grande déflagration qui donna naissance à de multiples mutations.

L'Ange-dieu Néphysthéo qui s’en inspirait proposait de grandes théories à propos des autres systèmes solaires, les comparants à celui plus modeste, qui permettait la vie sur Yäga:

 

– Nous avons eu l’occasion d’expérimenter ici, avec bonheur, le bienfondé de l’alchimie d’Athséria. Elle nous a été d’un secours presque inespéré pour anéantir Athaânas... Mais que faut-il penser selon vous de la force antagoniste?

– Je ne saurais l’expliquer, Monsieur… Sachant toutefois que cette idée que d'aucuns qualifient de bien et de mal, semble pourtant nécessaire à garder un semblant d’équilibre entre ce qui se crée et meurt au sein de notre Univers. Mais peut-être savez-vous mieux que nous d’où proviennent ces créations qui nous semblent être certainement plus aléatoires, qu’intermédiaires…

– Mon cher Charles-Henry, lui répondit cette fois Gabryel, visiblement très instruit de l’histoire de notre galaxie… je crois pouvoir penser que ce que fit la Déesse-Mère Gaïa pour punir l’infidélité de son amant Ouryanos, notamment en lui envoyant des chimères innommables qu’elle avait fabriquées dans l’enfer de ses flancs, avec l'aide d'on ne sait guère qui de déchu lui-même, pourrait être à l’origine de ce qui grippa la machinerie céleste primaire, en y créant l’aléatoire, le hasard. Je pense aussi que c’est à partir de ce moment qu’eut lieu le chaos.

– Oui, c’est ce que je pense aussi, fit Habygâ… (Elle venait de les rejoindre afin de participer à la conversation…) Mais, poursuivit-elle: il semblerait qu’en cette occasion, la matière sombre énergisée, qui fut prélevée par le pseudo-frère du Très-Haut, lequel la lui accorda afin qu'il puisse, en même temps que son ainé, se constituer un autre royaume servant pour équilibre, soit à jamais entachée par certaines idées obscures. Certes, on peut l'estimer pour être indispensable. Mais il faut reconnaitre que ce côté là contient tout de même des énergies inquiétantes, ainsi que des matières sombres non moins sinistres qui sont capables d'engendrer des êtres belliqueux difficilement contrôlables en raison de certaines déviances, tel qu’il nous fut donné de devoir combattre l’un des dix fils du Très-Haut dieu des ténèbres, et ensuite Athaânas, cet Archange gris, oiseau de malheur, que citait mon époux tout à l'heure, et qui se serait aigri de s’être senti, comme son maître, relégué à ne jouir que du moins enviable côté de l’Univers.

– Certes ma fille, reprenait Gabryel: tout comme l’Archange déchu Belzéé qui pêcha par embition. Mais je subodore en t’écoutant, qu'il se pourrait que nous ayons peut-être à reconsidérer la chose.

– Monsieur, vous faites peut-être allusion au hasard, à l’aléatoire?

– Oui, Charles Henry, et d’ailleurs, cette condition me préoccupe au plus haut point de mes interrogations. Voyez-vous, durant les trois mille ans de ma vie passée, si j’ai connu la naissance, l’apogée, et la déconfiture de ce qui restait de démons dans le ventre terrestre de Gaïa, je crains que ce qu’il subsite d’eux, pourrait bien finir par contaminer ce que vous nommez le hasard… Et tout ce qui avec lui, se conçoit maintenant du côté de l’aléatoire que nous savons devenu d’autant plus dangereux depuis que nous avons eu affaire à "La Chose" qui en est l'exemple type .

– Père, tu veux sans doute parler de ces humains qui en jouant parfois aux apprentis sorciers, finissent par se croire devenus plus puissants que nous, et tendent même à se vouloir éternels avant l’heure, en usant de manipulations génétiques hasardeuses, et… hum, je crois que je viens de répondre à ma propre question!

– C’est cela qui me semble vrai, ma fille… En effet.

– Il y a autre chose, reprenait Habygâ, en s’adressant cette fois à sa mère, la douce Athénéïse… Comme il en est de la relativité, cette théorie bien connue qui fut proposée sur la terre par le nommé Einstein. Lequel disant en gros que plus un objet va vite, et moins le temps s’écoule pour lui, ainsi puisque la sphère de père, qui lui sert de moyen de transport, est en grande partie composée de cellules particules vivantes: si l’on admet que celles-là sont aptes (comme le fit "La Chose") à user de l’énergie stellaire tout en s'en nourrissant, et de fait pouvoir se déplacer sur de longues distances chiffrables en mégaparsecs… L’on peut penser que, comme l’Archange Gris, cette sphère dispose aussi d’un corps invisible, constitué de photons plus complexes, et plus rapides en translation que les nôtres pour lesquels le temps ne s’écoule jamais. Ainsi, à priori, plus la sphère ira vite, moins ce qui se trouve autour d’elle fuira vite. Cela jusqu’à pouvoir voyager à l'inverse jusqu’à rétrograder dans le temps, et nous emmener vers des siècles passés comme père l’a obtenu pour secourir Morganie, et puis alors…

– Non ma fille, il n'est pas permis à un Ange-dieu de lumière d’aller agir en arrière de l'évolution pour supprimer des aléas, car ce serait prendre le risque de modifier aussi l’avenir. Je te le dis puisque je pense que c’est là que tu souhaites en venir. En fait, mon intervention pour sauver Morganie du bûcher était déjà écrite dans le grand livre des karmas bien avant que je le fis. Reste qu’il n’est pas exclu qu’un jour prochain, quelque chose aille dans le bon sens de ce qui sera réalisable. Je pense notamment à une nouvelle génération au sein de la déité…

– Père tu ne veux pas dire que…

– Justement si ma fille, car j’ai médité à propos du message que notre Suprême t'a adressé, ainsi qu’à Néphysthéo. Il se trouve que tu portes probablement dans ton ventre, le premier des dieux Photons qui sera créé de manière naturelle.

– Me croirez-vous Gabryel, si je vous avoue que j’ai songé à cette même possibilité? En fait j’ai réalisé de cela en écoutant parler notre Très-Haut, Poursuivit Néphysthéo. Il me semble qu'il disait alors, que la Lumière des Justes ne nous a pas encore tout révélé d’elle-même: ainsi je crois possible, que sa promesse de sacre à l’intention de notre futur fils, soit liée à cette idée que j'ai aussi d’une lignée à venir de dieux Photons qui seraient autrement plus puissants que nous et certainement plus mobiles. Ceux-là se montreraient alors peut-être capables, comme le disait Habygâ votre fille, de déplacements qui seraient sans commune mesure avec celui de la lumière ordinaire, car immédiats, et ce jusqu'aux confins de l’univers, sans avoir à utiliser le moindre véhicule. S’entendant que cette particularité jusque-là intrinsèque de notre Très-Haut dieu dans sa propre lumière, serait offerte par lui, afin de leur permettre d’agir en bien pour contrebalancer les dérives du hasard. Lequel semble vouloir établir des complicités parmi des dieux qui sont principalement constitués d’énergie sombre, et qui de fait, l’utilisent au sein de la galaxie, suffisamment discrètement pour ne pas sciemment écorner le pacte qui fut signé devant Junyather, alors qu'il était le digne représentant de notre Suprême de Lumière auprès du Maître des Ténèbres. Lesquels Ténèbres furent librement accordés à ce dernier en cette occasion pour en faire ce qu’il voulait, à condition que cela serve d’équilibre et ne nuise pas à son "frère": Créateur avant lui.

– Et bien, Monsieur, je constate que votre gendre est celui qu’il fallait à Dame Habygâ, intervenait cette fois Charles-Henry pour conclure. Et à présent: que diriez-vous, toutes et tous, si nous passions maintenant à table...

 

 

 



14/09/2021
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