le monde merveilleux de lucien

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CHAPITRE ONZE

 

11

 

 

 

– Que vous soit gardée la lumière éternelle déclara Henry tout en accueillant le nouvel arrivant avec respect…

 

      Décuplée par l’écho complice de la grand-salle, la voix conviviale du majordome s'entendait néanmoins de façon plus amicale que protocolaire.

 

– Que vous soit prodiguée longtemps cette même lumière éternelle; lui répondit aimablement l'Ange-dieu qui déjà, s’avançait dans la pièce tout en dévisageant curieusement la jeune femme. Elle était, il est vrai, visible comme si on l'avait statufiée! Car hésitant à quitter l'appui bienveillant de l'âtre crépitant. Gabryel n’avait pas interrompu son mouvement. S’adressant de nouveau à Henry qui s'était rapproché afin de le débarrasser de son vêtement de voyage, il ajouta:

– Mais présentez-moi donc cette charmante personne, je vous prie.

– Madame que voici a bravé la nuit afin de pouvoir vous rencontrer; lui confia Henry, justifiant ainsi la présence d’Athénéïse.

 

Il avait dit cela tout en s'activant auprès de Gabryel. L'on put voir à ce moment une pluie de minuscules particules de lumière s’échappant du long manteau couleur de neige. Elles scintillèrent, brièvement stationnaires. Puis elles rejoignirent doucement la surface du sol où elles s'étalèrent sur le dallage, comme de la poussière d'argent, juste avant de s'éteindre et disparaître.

 

Lorsqu'ils furent libérés de la capuche, les longs cheveux blonds de Gabryel tombèrent à la manière d'une cascade: ondulants et pâles, ils éclaboussaient ses larges épaules, jusque dans son dos. Après qu'Henry l'eut enfin débarrassé, il apparut alors dans une tunique trois quarts. Le vêtement était fait à partir d'une soie riche de sa belle couleur indigo, somptueusement ourlée d’or, et paré de précieuses pierres de lune. Il sembla évident à la Dame de la Forêt que cela avait sans doute été tissé d’une seule pièce. Elle imaginait cette tenue, sortie de l’atelier de quelque déesse couturière. Celle-là, assurément, l’avait ainsi confectionnée de façon parfaite. En voyant ainsi rayonner la silhouette de l'ange dieu de lumière, l’on pouvait songer au flot délicieux que produirait un soleil radieux, judicieusement filtré. Ou mieux, à l'aura de l'un de ces anges protecteurs qui sont attitrés aux humains qui les méritent. Un qui serait pareil, à celui impalpable, que l’on a de si chaleureux en soi quand le cœur se fait pur… Mais que l’on n'explique pas. Sinon que ce qui se ressent est infiniment proche du sentiment d'amour idéal…

 

Par la beauté de son visage, si joliment entouré de l'abondante chevelure qui ondoyait au moindre de ses mouvements de tête: Gabryel reflétait exactement la grâce et la sérénité d'un messager divin; hors le fait qu’il ne portât pas d’armure! Ni même un plastron protecteur. On aurait pu le confondre avec un Archange… Un de ces guerriers du ciel qui se montrent fervents servants d'un puissant dieu. D'ailleurs, ne répondait-il pas, à un signe près d’écriture, au même nom qu’un certain annonciateur? Lequel se présenta autrefois à une certaine Marie la pure: autrement nommée "Vierge-Marie"…

 

Gabryel regardait intensément la visiteuse. On aurait pu croire à ce moment que ses yeux couleur d’océan semblaient vouloir se noyer dans ceux profonds d’aigue-marine, teintés de pers, de la Dame. Le clair visage qu'il voyait lui était pourtant familier. Sauf qu'il disposait cependant lui aussi de cette particularité de regard qui offre, comme le sien, de pouvoir sonder l’âme...

 

– Madame, dit-il enfin. (C'était comme s’il reprenait ses esprits, après s’être un instant plongé dans l’exploration abyssale d’une mer sans fond) je crois vous connaître de longtemps par l’expression d’une même image, mais il se trouve que la vibration que je perçois de vous est très différente de l'autre personne que je sais… Me feriez-vous l’honneur d’entendre votre nom?

 

Henry s'empressa de faire les présentations :

 

– Sire Gabryel, fils de Junyather et Prince de Séléné, Ange dieu Chevalier de lumière auprès d’Athéna, elle-même Reine de lune pour la Terre ... Souffrez que je vous présente Dame Athénéïse de la Forêt d'Ardenne, Grande Poétesse par vocation Naturelle.

 

La tirade académique qu’avait prononcée le majordome eut pour effet de souder davantage les pieds d'Athénéïse au sol de la grand-salle. Ce protocole lui paraissait pompeux à l’excès. Pourtant, elle eut le réflexe de s’avancer d’un pas. Pour saluer son hôte. Tout en esquissant un timide, mais gracieux hochement du buste. Geste qu’elle avait précédé d'un assentiment de la tête. Ne voulant en aucun cas déplaire au regard ostensible, bien que gentiment réprobateur, que le brave Henry portait déjà vers elle pour lui conseiller de s'exprimer pareillement...

 

– A…thénéïse… S’entendit-elle balbutier… je suis Athénéïse… et d'aucuns en effet me disent poétesse…

– Charmante attention enchaînait déjà Gabryel.

 

Puis il esquissa quelques pas dans sa direction.

 

Athénéïse subissait à nouveau l'étrange impression d’un fluide qui la parcourait en suivant verticalement l’axe de son dos. Mais le picotement électromagnétique émotionnel était cette fois différent de celui qu'elle avait ressenti tout à l'heure, alors qu'elle se trouvait inconfortablement assise, sur la banquette de pierre jouxtant la cheminée. Ce que la poétesse subissait à présent. S'il tenait du fourmillement. Se ressentait plus sensuel. Plus agréable. Il avait débuté depuis la racine de ses cheveux, glissant sur sa nuque puis parcourant sa colonne vertébrale pour aboutir à ses reins. Après quoi l'étrange sensation était passée par son ventre de femme, avant de s’étendre à tout son corps… Pour finalement remonter d'un coup.

 

Cette impression, totalement nouvelle pour elle, était si intense, et l’émotion si forte, que ne pouvant supporter tant d'ivresse, elle se trouva proche d’un état de Nirvana auquel elle n’était pas préparée. Alors, la jeune femme qui tant mal que bien se tenait encore debout s’affaissa doucement. Son corps et son âme se pâmant ensemble… Comme ceux d’une élue. Et qui serait soudain extasiée à l’extrême...

 

Lorsqu’enfin, Athénéïse reprit ses esprits, elle se trouvait confortablement allongée sur une méridienne toute capitonnée de soie rouge. En ouvrant les yeux elle put constater: se comportant comme si manifestement iconolâtrique [car pareillement ému qu’elle-même l’était avant de défaillir] qu'un prince la contemplait aussi religieusement que cela se ferait du portrait vivant d’une image pieuse.

 

– Nommez-moi Gabryel, se reprit le Chevalier en s’adressant à la belle… puis il ajouta, comme pour s’excuser, que cela lui était devenu trop rare de familiarité, sinon que par son père… Et alors, si vous le permettez, je serais ravi de faire de même à votre intention.

– Comment le pourrais-je, lui répondit Athénéïse: vous êtes un Prince, et peut-être même, car je le crois sincèrement, probablement un ange ou un dieu, ou les deux… Alors que moi je suis si peu !

– Allons ma Dame: vous irradiez autant qu'une déesse! Et puis, il me semble que je vous attendais depuis si longtemps! Ce que j'ai ressenti de vous m'a fait voir la Diane spirituelle! Et d’ailleurs, vous l’ignoriez peut-être, mais il n'est point là d'apagogie possible! Quand bien nous en douterions, il se vérifierait certainement, je le pense très sérieusement, que nos destins sont étroitement liés par un même karma céleste… À mon sens, ce qui se produit séant fut écrit probablement bien avant que vous ne soyez née. Bien mieux qu'une Dame poétesse, vous êtes une personne reconnue de plusieurs Fées qui se penchèrent sur votre berceau. Par celles-là, et selon de plus prestigieux que moi, il ne me fait aucun doute que vous représentez la bienveillante garante de ce qui rend force utile à servir de lien entre le Très-Haut et des humains qu'il me confie.

– Je... En quoi suis-je une garante? Enfin Monsieur, vous me surprenez! Certes, ce que j'écris s'adresse principalement à des entités telles que vous, et même, à la dimensionnelle invisible qui vous entoure par le fait non établi de son propre mystère… Mais je ne suis pas la seule qui se soit attachée à cette philosophie...!

– En effet, je vous le concède. Et l'autre qui est assez proche de vous sans le savoir est un humain. Il se nomme Lucien. Mais tel n'est pas le but de mon propos. Cet acte que vous fîtes ce soir est lourd de conséquences. Ma démarche consiste donc à me situer tout en vous plaçant. C'est ainsi que vous pourriez bientôt devenir mon égale sur le "Grand Échiquier" de l'anathème ou du satisfécit. Vous seriez alors une reine au cœur des oppositions qui révèlent la vraie valeur des âmes, tout en engendrant le bon choix de la décision finale…

– Monsieur, à présent vous me flattez, et je ne vois toujours pas…

– Je dois vous confier Madame, que je suis issu d’un endroit où naissent des déités recevant leur nourriture physique par transition moléculaire et nucléaire. Alors que celle spirituelle leur est dispensée par des humains, qui comme vous-même et Lucien, les "Grandissent" par le biais de leurs mythes sacrés. De même que cela s'obtient par la foi de leurs écrits philosophiquement pensés. C'est ainsi même que toutes les spiritualités et prières, offertes par leur charisme, savent également nous atteindre dans leur qualité. Et si je vous parle de ce lieu Madame, c'est parce qu'il est comme vous à la fois mystérieux et naturel. D’ailleurs, si tous les êtres-dieu sont faits à l'image que vous donnez aux anges, c’est qu’ils sont justement le fruit des humains. Nous ne saurions croître et devenir comme je suis sans recevoir de nourriture complétive. C'est ainsi que les prières des vivants de la Terre font valeur pour notre développement d’esprit circonstanciel. Nous sommes le résultat d'un fusionnement volontaire de bonnes âmes. Celles-ci venant à nous après avoir quitté le corps péri dans lequel elles étaient actives sur la terre. Elles font cela par choix ultime. Elles nous apportent leur énergie neuronale et moléculaire autant que psychique. Elles sont autorisées à le faire, une fois terminés leurs dix karmas humains. Elles nous offrent alors le bénéfice de toutes les évolutions. Nous les regroupons en une seule et d'autant plus puissante entité d'esprit, que ces âmes abouties donnent avec elles toutes leurs connaissances, dûment sauvegardées de siècle en siècle. S'y ajoutant l’expérience humaine acquise de plusieurs vies. En agissant ainsi, ces énergies intelligentes répondent aux vœux créateurs du Suprême de Lumière. Elles lui permettant d’obtenir par cela ce que nous sommes: un juste retour de lui. Nous représentons son corps. Nous sommes la noble consécration qui s’obtient de cette matière qu’il a hautement spiritualisée pour faire ce "tout", formé d'accomplissement que vous voyez en moi et par moi. Depuis l’aube de la lumière des justes, cette énergie, à chaque fois que le suprême la guide, peut se concevoir pour nouvelle personnalité déictique très forte. En fait, il avait agi à peu près de la même manière dès lors qu’il créa la vie en premier dans les océans et sur la terre. Il fit pour cela se noyer des milliards de météorites contenant des lévogyres. Ces molécules dont la très grande majorité sont ces mêmes chirales qui se présentent encore de vos jours, selon les deux configurations non superposables, sinon que dans un sens identique, comme le sont vos mains ou les miennes et aussi, mais dans autre dimension, la lumière et les ténèbres. Ou encore ce qui vous semble bien ou mal, selon vos principes de vie, de croyances, ou d’athéisme… Quoique l’on puisse parfois éprouver quelque difficulté à différencier pour ce dernier exemple le bon grain de l’ivraie. Tant le comportement humain fait trop souvent preuve de déraison et de cruauté.

– Hum, je vous rejoins au moins sur ce dernier point…

– Ainsi je fus moi-même, et suis encore, nourri par tout cela dont je vous parle, et à quoi s'ajoute la pensée des poètes. Tout comme les pensées philosophiques des prophètes qui savent.. Et si Gaïa la féconde fut accessoirement notre seconde mère, puisque c’est aussi la vôtre, elle est par raisonnement celle qui de l'éther, avec un peu d'elle mêlé à des particules de matière et d’esprit émanant directement du "Suprême", a permis l'évolution de primates qui ont eux-mêmes participé sans le savoir, à l’élaboration parallèle de nos corps d’apparence humaine. Bien que nous soyons fissibles… En recevant pour eux, comme par eux, une sorte de «contribution revolving» de l’Esprit, lequel étant une extension du Très-Haut. Nous sommes ainsi, comme vous pour partie, le fait incarné de l'éternel. Tout en disposant physiologiquement d’autres enveloppes charnelles certainement plus complexes que les vôtres ordinaires. C'est donc que nous avons été grandis par d’autres esprits qui sont devenus des «électrons libres» d’humains. Ceux-là nous ont été donnés comme force et réalité, en passant notamment par celle associée de la vénération non obscure.

– Soit, votre longue définition me dit peut-être qui vous êtes, mais elle est bien compliquée!

– C'est ainsi pourtant que j’ai été créé des milliards d’années après le Big-bang, puis spirituellement élevé parmi ceux d'entre nous qui ont d'abord pour mission de faire ce qu'il faut d’utile pour notre Père en direction de votre galaxie. Et afin que par eux et moi, les âmes sensibles des humains ayant terminé toutes tâches inhérentes, jamais ne soient englouties dans les sombres abysses de l’éternité stellaire de l’Avant-Toutes-Choses… Alors, je vous le dis: comme tous les Anges-dieu issus de la force éclairée, j’ai pour mission d’aider durant leur court séjour sur Terre, ceux des humains qui font preuve de courage et de bonne volonté. Ceci pour maintenir avec eux, l’équilibre naturel et spirituel qui convient. En considérant du mieux possible, l’évolution de ce qui semble utile en bien ou mal.

– Et comment donc, sachant à présent cela, pourrais-je me sentir à l’aise, lui répondit Athénéïse.

– Parce que mon père vous a élue entre toutes les femmes pour devenir ma compagne…

Ce que venait de préciser le dieu de lumière était venu d’un bon sentiment, mais hélas, s’en était probablement encore beaucoup plus qu’une humaine extrasensible, et trop peu initiée aux valeurs suprêmes, pouvait supporter. Et cela fit que cette fois la belle s’évanouit profondément …

 

***

 

– Athénéïse…

 

Le doux nom chuchoté par la voix attentionnée de Gabryel eut pour effet de délivrer la Dame de sa torpeur de "belle au bois dormant".

 

– Madame, voici que vous vous êtes assoupie durant deux jours et deux nuits, renchérissait même ce brave Henry qui s'était montré inquiet de cela, lui aussi.

– Où… Suis-je… Demanda-t-elle en ouvrant des yeux d’enfant étonné.

– Considérez que vous êtes ici chez vous ma Dame. Et vous le serez autant qu’il vous plaira d’y rester.

Reprenant peu à peu ses esprits, Athénéïse s’appuya mollement sur ses avant-bras. Puis elle entreprit de déplacer son corps, afin de relever un peu son buste, mais sans y parvenir pourtant.

– Vous me semblez bien affaiblie. Souhaiteriez-vous prendre quelque chose, un peu de lait tiède ou du thé vert vous feraient-ils plaisir? [Aidée de Gabryel et du majordome, Athénéïse parvint enfin à s’asseoir dans son lit.]

– Oui, j’accepte volontiers, et après vous me direz peut-être…

Mais déjà, car il était très respectueux des convenances, le prince avait quitté la chambre. Sachant laisser Athénéïse aux très bons soins d’Henry qui lui-même, s’était déjà enquis pour elle d’une douce servante collaboratrice en ce côté féerique.

Plus tard, alors que le char de Phébus allait déjà d’un bon train dans le ciel Ardennais, Athénéïse avait quitté sa chambre. Comme elle avait l'habitude de le faire pour sa forêt qu'elle aimait, elle s'était aventurée seule. Afin de découvrir l'intérieur du manoir. C'est ainsi qu'elle arriva par hasard devant la porte ouverte donnant sur le bureau de Gabryel…

 

Bien éclairée par une très large baie vitrée donnant au sud-est, la pièce était somptueusement meublée d’acajou finement ornementé de bronzes dorés au mercure qui en soulignaient la préciosité. Confortablement assis dans un fauteuil anglais, et tenant un parchemin très ancien, Gabryel semblait si préoccupé qu'il ne leva pas les yeux tout de suite. C’est à peine s’il avait tenu compte d'un doux parfum de fleur, assurant le discret accompagnement d’un froissement de soie annonciatrice. Odeur suave, qui pourtant bien avant que n'entre Athénéïse avait renseigné Gabryel sur la présence imminente de la jeune femme. Quand il leva son front, abandonnant volontiers une importante mais fastidieuse lecture, l'image lui évoqua l’époustouflante apparition d’une sublime Reine de beauté!

 

– Madame…

– Monsieur, je suis votre obligée…

– N’en faites rien! Et puis…, que vous êtes belle!

– vous me flattez…

– Je dis ce que je vois et….

– Je ne suis qu'une humaine poétesse, sans rien davantage à vous offrir que ma sensibilité féminine.

– Vous êtes bien plus que cela!

– Sauriez-vous mieux que moi ce que je suis?

– Madame, c'est que durant votre long repos, un nom s’est échappé plusieurs fois de vos lèvres.

– Me direz-vous lequel?

– Èrmandine...

– Ah! C'est encore ce rêve obsédant...

– Puis-je vous demander à mon tour?

– Cela est bien étrange en vérité… J'y perçois la présence d'un couple très amoureux. Tous deux sont penchés sur un berceau d'osier garni de tissu rose. Les visages sont sans traits. Et puis il y a autre chose… Quelqu'un, ou plutôt un être indéfinissable les attend au dehors. Derrière la porte d'une masure qui ressemble à la mienne...

– Et c'est tout?

– Oui… Ou plutôt non… En fait le reste est si embrouillé dans mon esprit que je ne saurais l'exprimer… Attendez… Voici qu’une autre conjecture de pensée m’interpelle, car à vous entendre répéter ce nom d'Èrmandine, je viens de me rappeler que votre majordome me l’a déjà cité. Il m'a précisé que la personne qui le porte aurait été proche d'une autre... Une certaine Morganie... Cela s'accordant et celle-ci me ressemblant trait pour trait. Comme l'image peinte qui se retrouve en principal dans la grand-salle de votre manoir… Sapristi! Vous avez peut-être mieux que moi eu connaissance de ceux qui pourraient avoir vécu, en proche ou en loin d'une lignée qui serait rattachée, d'une manière ou d'une autre à la mienne.

– Croyez-vous au karma?

– Certes... Enfin... Un peu...

– Par ce document que vous me voyiez étudier tout à l’heure, il apparaît qu’Èrmandine, comme vous l'a suggéré ce brave Henry, fut effectivement la sœur de Morganie. Il s’y précise que c'était une "Dame Blanche des bons secours". Une bonne Fée de la Forêt, qui malgré l'interdit aima un humain. Elle fut donc bannie de la terre pour cela. Votre mère était sa cousine. Elle aussi s’était entichée d'un être humain de grande valeur. Pas plus autorisée à vous enfanter qu'Èrmandine, elle fut bannie à son tour par la reine des Fées. Ainsi c’est un Karma exceptionnel qui vous unit toutes les trois. Et si votre corps vous semble être aussi humain que fut celui de votre père, en revanche, tout comme celui de votre grand-père maternel, il se trouve qu'un peu de lui et de votre mère se retrouve par héritage dans le vôtre... Ainsi vous êtes le tiers d'un esprit dieu pareil au mien.

– Pardon...?

– Cette nuit, alors que vous dormiez, le très grand Junyather m'a parlé. Il m'a confié qu'il était autrefois intervenu auprès de la Reine des Fées, afin de préserver votre lignée: lui proposant de déporter lui-même vos parents et ceux de Morganie dans une région particulière de la galaxie. L'organisation planétaire et l'étoile y sont sensiblement analogues à ce qu'est la nôtre. Il s’agit d’un monde où gravite une planète nommée Yäga, qui sinon sa taille très inférieure, présente tout de même la double copie quasi conforme d’un continent de la Terre. Cette planète est en fait la sœur de Gaïa. Ainsi, c’est de là-bas, où ils œuvrent à présent directement pour le dieu des dieux, que vos aïeux et parents, par l'aide bienveillante de Junyather, furent à même de revenir tour à tour sur la Terre. Ils le firent afin d'assurer votre subsistance et votre éducation. Mais à la condition que leur visage soit effacé de votre mémoire. À présent qu'ils sont partis à jamais, comme il en était convenu, c'est donc Morganie, qui en tant que proche de votre aïeule, a été choisie par mon père afin de veiller sur vous et votre descendance. Elle est de votre famille, mais vous ne le saviez pas. Et comme vous êtes pareilles entre vous, non seulement de corps para physiologique, mais aussi d'esprit parapsychologique: il fallait que d’abord elle vous apparaisse autrement.

 

À la fois émue mais pas nécessairement rassurée d'apprendre cela, Athénéïse admit que finalement, l'écriture de son destin pouvait être liée à celle qui s'entend de Gabryel. Alors elle s'avança spontanément vers lui lorsqu'il se leva pour quitter son fauteuil. Et cette fois elle ne s'arrêta pas. L'instant d'après, ils étaient l'un comme l'autre, à n’en savoir que dire ou faire. Sinon que s'enlacer et s'embrasser tendrement...

 

 



23/02/2020
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