le monde merveilleux de lucien

le monde merveilleux de lucien

CHAPITRE SOIXANTE DIX HUIT



Ostensiblement, Lucien porte son regard bleu vers le ciel.
Puis il ferme les paupières, s'imaginant voir la lande:
Il y a là des Demoiselles qui tissent des chemin existentiels…
Elles ont dévidé les grands fuseaux de leur légende,
Tandis que sous des dolmens dorment des fées…
Mais voilà que de nouveaux évènements l'exhortent…
Ses nues: des Elfes couturiers les ont habillées!
Dans la fosse orchestrée, comme cuivre rongé à l'eau forte:
Son cœur fou s'affole. Il bat comme tambourinaire.
Le corps pantin, tous fils rompus, il dégonde la porte
D'Alcyon nichée sur l’amer: le voilà libertaire!
De son esprit jailli soudain la magie qui le tisse…
Tout se poétise! Plus rien de guerre ni de haine:
Dans l’âme du poète se trame  un amour qui s'y glisse.
Sur fon d’écran bleu, le beau rôle éblouit la scène!
Et puis voici venir les Demoiselles filandières.
Dans leurs cercles d'or, elles invitent à la "danserie".
Belles et brunes au teint nacré de blondes ouvrières,
Flottent aux vents leurs cheveux: telles des nues de féerie…
Demain le passé n’aura plus à tirer de rideau,
Il aura disparu, dilacéré par une tendre égérie.

 

 

 





– Regardez!... Le portrait!... Il est vivant!... Et voici qu’à présent il se dérobe!
– Du calme monsieur mon cher Pelleteur de nuages, s’était alors enhardie Maria, qui, semblait-il, y voyait là comme lui, l'expression d'une réalité émotionnelle s'attachant à lui révéler quelques bribes de son proche destin.
– Cette tapisserie occulte un passage qui conduit à la haute terrasse: et s'il bouge, c'est tout simplement pour laisser entrer ma mère, précisait à son tour Habygâ, hilare.
– Voyons ma fille, je me demande bien ce que Junyather va penser de toi s’il te regarde en ce moment!
– Assurément maman, il est vrai que notre ami ne s'attendait pas à vous voir arriver par là… Monsieur le poète: je vous présente Dame Athénéïse. Elle est cette "Flamboyante poétesse" qui sut plaire à mon père en un temps que connu votre précédent karma…
– Voulez-vous dire que votre mère, bien que présentant le même visage angélique que le vôtre, a cependant côtoyé jadis mon "Moi" d'autrefois?
– Oui jeune homme, c’est exactement ça!
– Alors mesdames: tout ce que mes parents m’ont enseigné est donc vrai?
– En fait, ils n’ont fait qu’effleurer la vérité des ailleurs où nous t’avons fait entrer. Et il se fait que certainement, tu as beaucoup à apprendre pour redevenir ce que fut l’autre « toi », d’autant que ce sera bien plus encore, si tu acceptes à présent de nous aider!
– Comment le pourrais-je? Vous êtes des entités dieu, et moi je ne suis rien d’autre qu’un misérable humain!
– Ça n’est déjà pas si mal mon cher Lucien, continuait Habygâ: et puis, comment expliques-tu que la personne que tu as aimée en rêve, se trouve assise quasiment contre toi? Elle est pourtant comme toi une humaine. Et renierais-tu à présent ce que tu éprouves pour elle? Alors même que tout le monde ici le sait?
– Je… Ainsi vous voyez donc tout ce que je pense, alors que moi, j’ignore ce qu’elle en sait… Et il se trouve que, oh et puis zut!

   Sur ce, Lucien avait porté son regard vers Maria qui esquissait déjà le même geste vers lui: et cela fit que leurs lèvres se rencontrèrent et même se soudèrent!

 



*



         Si des êtres incarnent la Terre-Mère, au même titre que la Déesse Gaïa qui en se matérialisant fit d’elle-même l'une des plus belles créations qui s’offrit à l’émergence de notre essence… cela produit en première expression de pensée qu'elle et eux, ont l’ont su concrétiser, et donc servir l’entité créatrice avec l'intelligence qui faut. Ceci en tant qu’aboutissement muni ou non de corps multiples qui sont issus de la même matière universelle qui permit notre propre concrétion. Sauf que ce dont usent les unes afin de se montrer ou non sous l'apparence humaine ne nous est pas vraiment accessible de notre vivant. Ainsi, qu'elle soit perçue pour Fée, Déesse, ou simplement le fait d’une humaine: la féminitude peut montrer d’innombrables noms, visages, pouvoirs et dons. D'aucunes seront sublimées depuis la naissance de la culture humaine, traversant les âges et le monde. S'obtenant plus ou moins pour résultat de plusieurs natures… Certaines étant issues de l’abstrait.
En ce qui concerne Maria-Luce et sa sœur Maria: cela ne fait aucun doute que leur mère est une simple Fée de la forêt. Et si Maria est seulement humaine, c’est pourtant qu’elles auraient dû être fées toutes deux. Mais il s'est trouvé que le Suprême en avait décidé autrement. Restait pourtant que le destin de Maria est, comme celui de Lucien, lié à l'avenir de Maria-Luce. Alors qui sait? En tout cas, c’est avec Maria que Lucien souhaitait maintenant de vivre longtemps pour la rendre heureuse. Ainsi, à l’issue de ce premier baiser qui valait bien une éternité, il était désormais persuadé que cette situation inattendue leur offrait la capacité de faire de leurs rêves une réalité…

– Eh! Voilà bien l'un de ces élans qui font plaisir à voir, dit soudain émue la Déesse Athénéïse.


Et puis elle adressa à Lucien et Maria un regard bienveillant.


– Veuillez excuser ma conduite, implorait déjà le poète, tandis que Maria, rouge de confusion, ne trouvait d’autre refuge que la tiédeur d’un cou contre lequel elle venait de poser son visage, s’évertuant à l’enfouir entre menton et bonne épaule, pour ne rien perdre de son tendre émoi.
– Le bonheur que vous me faites vaut pour ce qu’il représente, admit encore la reine de Lune: et si vous étiez une femme regardant son image dans un miroir, alors vous me verriez aussi. Puisque comme moi vous servez la poésie, vous disposez au moins de ce qui semble se perdre chez vos frères obnubilés: la sensibilité naturelle. Or vous êtes un homme, et c’est bien certainement à force de regarder à l’intérieur de votre cœur que vous y avez trouvé Maria. Comme vous l’aviez obtenu en premier de sa mère et sa sœur pour égéries! À présent que vous vous êtes embrassés, c’est ensuite à l’intérieur de votre âme que vous la conduirez. Car vous êtes désormais son temple. Grace à vous, Maria vient de naître une seconde fois, mais autrement, car elle réside maintenant en vrai dans votre cœur. Lorsque vous parlerez avec lui, vous parlerez d’elle, pour et par elle. Vous cultiverez sa présence en même temps que votre relation avec elle. Vous êtes aujourd’hui réciproquement entrés en chacun de vous en franchissant le seuil des deux mondes. Pour votre prochaine nuit: vous marcherez ensemble sous la voûte étoilée. Vous y décèlerez votre reflet. Et c’est qu’ainsi vous regarderez là-haut l’autre matrice de la création. C’est là sachez-le, que d’une certaine façon, vous vivrez le potentiel infini d’où provient toute existence. La force de vie qui donne naissance aux galaxies, et donc aux étoiles, et aussi à vous: humains, qui sont faits comme moi, de la substance des astres… Par la lumière qui éclaire l’esprit des justes, je vous souhaite belle providence et brillante aura. Et n’oubliez jamais que l’amour est à la base de tout être: il est votre « champ d’énergie quantique » et vous êtes sa raison d’être.



       Dès l’instant que le couple Maria-Lucien s'était formé, on pouvait espérer que cela allait faire enfin évoluer l'humanité de meilleure façon. Bien que supposant de Maria-Luce qu’elle n’en ignorait rien, l'épouse de Néphysthéo se posait quant à elle la question suivante: comment cette grande déesse de la Terre allait-elle à présent procéder ?  Certainement, sa présence à Castel Anatha n’était pas limitée à présenter sa sœur à un poète. En prenant le risque insensé de se démunir de Maria, alors qu'un combat au-dessus de ses forces l'attendait peut-être, elle devait certainement songer à quelqu’un d’autre qui saurait tous les appuyer: mais à qui?  Ce type de déesse est visible à travers le rythme des saisons de la terre. À travers sa capacité à donner la vie! Donc, si elle est également visible à travers les capacités de l’homme à créer, aimer et nourrir: alors pourquoi ne s'était-elle pas choisi un dieu pour la seconder, plutôt qu'un couple d'humains?

– Où donc es-tu ma fille, dit soudain Athénéïse qui voyait Habygâ profondément pensive depuis que Lucien et Maria s’étaient embrassés.
– Ma mère, si tu savais comme mon fils et son père me manquent cruellement.
– Penserais-tu vraiment ma fille, que je ne puisse me languir autant que toi de ton père et de mon Petit-fils?
– Si Junyather est intervenu sur chacun de nous afin de nous réunir ici durant l’absence de nos fils et époux qu’il a voulus accompagnés de Morganie, c’est qu’un grand bouleversement humain se prépare. Ainsi, puisque c’est en créant la Terre que le Très-Haut de lumière avait pour objectif d'y voir émerger des êtres capables d’évoluer de manière intelligente. C’est peut-être aussi depuis elle qu’il ambitionne de pouvoir peupler l’univers.
– N’est-il pas vrai madame… heu déesse Habygâ, qu’en fermant les yeux sur certaines appropriations qui s’obtiennent dans l’ombre, l’Entité qui nous est commune aurait permis à un clone de sa personne  de faire là, en quelque sorte un bout d’essai, ou de tenter au moins une alternative du genre?
– Cher poète, je constate que la fée Marie m’a bien conseillée à votre sujet.
– Je… excusez-moi, je ne voulais pas…
– Il n’y a rien à excuser cher monsieur, je suis ravie de constater la qualité de votre aplomb, et donc pleinement satisfaite, de voir vos connaissances s’affirmer de manière utile! Alors je vous répondrai que si le Très-Haut des ténèbres est aujourd’hui en bonne voie de s’affranchir de son ressentiment envers un créateur de lumière sans qui il ne serait rien, il se trouve que ses tâtonnements restent néanmoins dangereux. Et puis, il faut savoir que l’impatience dont a témoigné l’un de ses fils, a entrainé ce dernier à comploter contre nous. Sans oublier un certain Athaânas, qui bien que très diminué, semble toujours dangereux car plus que jamais incontrôlable…
– C’est pourquoi, approuvait cette fois la déesse Maria-Luce, nous aurons besoin de votre concours, et de celui de ma sœur, pour mener à bien une mission d’importance.
– Bigre, moi qui éprouve déjà des difficultés pour ressusciter un carré de pelouse, je ne vois pas comment…
– À bon pelleteur de nuages il n’est rien qui ne soit réalisable avec du temps humain, le rassura Athénéïse. Et puis, notre but est de préparer sur la terre une médiation entre les représentants du dieu suprême et l’esprit de son pseudo frère qui lui est complémentaire, bien que ce dernier n’existât au tout début que dans l’ombre qui se créait derrière de la matière éclairée, et donc avant d'accéder à une véritable omniprésence dans une énergie sombre ne pouvant être réalisable, sans l’esprit créateur de son ainé de lumière. Ainsi l’action à venir d’un couple d’humains tel que vous et Maria s'avère obligée. Vous vous êtes tous deux révélés apodictiques en la situation. Nous vous avons observés: vous êtes révélateurs de l’évidence absolue d’une vérité. Celle-ci est nécessaire à justifier ce qui sera. Ainsi vous voilà certainement devenus utiles à notre créateur pour ce qui lui convient de voir faire. En l’occurrence: coloniser d’autres mondes, d’autres galaxies. Nous savons que si d’autres civilisations vous ont précédés. La plupart ont fini par devenir infertiles. Tandis que d'autres encore se sont abêties au point de s’auto-anéantir. Très peu des rescapés pensants du précédent millénaire restent fiables. Et puis, seuls des humains de la terre tels que vous, sont restés suffisamment ouverts aux idées qui mènent à lui. Vous représentez donc, pour un panel qui s'attend, ceux des êtres intelligents qui seront capables afin d’abolir avant la fin du prochain million d’années terrestres, ce qui est trop conflictuel. Et ce, jusqu’à obtenir le meilleur état fusionnel avec l’esprit  universel. Vous êtes aussi les seuls que nous connaissons a véritablement éprouver de l’émotion durable et louable. Et donc, vous êtes considérables avec d'autres, pour conduire l’humanité vers l’aboutissement de l’idéal de sensibilité paisible auquel aspire lui-même le créateur.
– Enfin, regardez-nous madame: nous ne sommes guère que poussière vivante pour un temps qui est très bref en regard du vôtre. Je ne vois donc pas comment, un couple de mortels amoureux, pourrait bien servir de puissants immortels!
– Ma fille Habygâ, ainsi que la déesse Maria-Luce, peuvent ensemble vous aider à évoluer physiologiquement vers ce que nous sommes. Mais à la condition que vous le souhaitiez…
– Hum, voilà que vous intéressez cette fois ma curiosité de chercheur-biologiste.
– Les dieux- Anges et Archanges de lumière sont intimement constitués de photons et de matière sombre. Le reprit à son tour la déesse Habygâ. De plus, en faisant de mon fils Erzeré-Gabryel son propre fils par adoption, notre créateur l’a rendu capable d’emmagasiner beaucoup de cette énergie noire qui est devenue l’indétectable constituant majeur de sa personne. J'ai perçu ce grandissement nucléaire de sa force depuis qu’il a rencontré ce père spirituel. Si nous-mêmes avons la lumière pour énergie particulaire, et possédons plusieurs enveloppes très complexes, c’est que nous disposons aussi de plusieurs paires de chromosomes supplémentaires. Parmi ceux-là, il y en a qui nous permettent d'obtenir la reconstruction permanente et sans altération de tous nos tissus… Tandis que d’autres font agir pour ample partie, ces étranges molécules de matière noire invisible tirant leur énergie de molécules de lumière-matière. Nous savons qu'elles sont perpétuellement traversées par des positrons à haute énergie. Ils entrent en collision avec leurs contraires électrons. Cela pour produire des photons gamma. Mais sans s’annihiler comme cela se passe pourtant dans le vide stellaire. Ainsi, même votre ami Topiary  dispose de constituants vivants éternels. Ils sont cependant dissociables, mais peuvent être de nouveau rassemblés sans le moindre dommage. Cela pour effectuer certaines dématérialisations et autres transformations qui sont autant d'actions indispensables à l’accomplissement de notre charge.
– Vous voudriez madame, me suggérer peut-être qu’il vous suffirait de faire don d’une paire de chromosomes supplémentaires à l’humain que je suis, pour modifier mon métabolisme…
– Ma propre mère, la déesse Athénéïse que vous voyez était autrefois aussi humaine que l'est Marie, ou vous-même.
– Ainsi ce serait une entité supérieure devenue en quelque sorte "agrégée éternelle" par l'intervention en haut lieu d'une certaine médecine biologique très avancée par rapport à la nôtre et qui…
– Non Lucien: ces deux-là sont déjà pourvues en raison de leur lignée. Pour eux, il a suffi d’activer quelques brins d’ADN. Ce sera donc un peu plus délicat pour vous de nous rejoindre que pour Marie. Il vous faudra aussi obtenir le « Sacrement d’Athséria » pour que votre constitution soit préparée à nous recevoir… Mais nous n'en sommes pas encore là.

 



¤

 



        Sitôt qu’elle eut quitté le manoir de Gabryel, Maria avait voulu s’isoler quelque temps avec Lucien. Outre le fait que les deux tourtereaux avaient choisi l’intimité naturelle de la caverne aménagée pour se découvrir autrement qu’en rêve, au-delà de leur amour délicat, elle désirait aussi lui parler longuement de ce qui pourrait être réalisable au niveau de la forêt avec l'aide de sa divine sœur:

– En nous réunissant toi et moi, Maria-Luce nous offre aussi la possibilité d’ouvrir de nouvelles portes… avait-elle confié à Lucien.
– L'union de deux êtres, lui avait répondu le poète, c'est aussi  l’expression d’une chaleur qui se désire et infuse, tant dans le créateur que dans le créé. Si toutes vies s'associant se trouvent alors à être reliées, comme je le pense, par un champ d'énergie sensuel, nous devons accepter aussi que les plantes, les animaux, et nous mêmes, enfin toutes les choses issues de la création et de ses mutations, ne soient pas seulement complémentaires, mais aussi sexués. Ainsi, l'engagement qui se dessine entre toi et moi, s’il est humain, est forcément en rapport avec le reste de la toile cosmique qu’il renforce.
– Naturellement Lucien, le bon moyen pour que les humains dont nous sommes, cessent de s’entredéchirer, serait peut-être en premier de leur communiquer notre sérénité. Et puis, si l’on tient compte de l’état dans lequel ils ont mis cette planète, et du fait que la prochaine pandémie pourrait bien anéantir la race humaine, on peut comprendre que le Très-Haut cherche des solutions pour nous aider.
– À la condition que nous apprenions enfin à nous aider nous-même.
– « Aides-toi et le ciel t’aidera » dit le proverbe!
– Quand je pense à ces communautés qui vivent aujourd’hui parquées sous des cloches translucides, toutes pareilles à celles qui sont installées sur la planète Mars: je vois instantanément l’image d’un troupeau de moutons tournant en rond le long d'une frontière infranchissable qui leur évite le pas fatal! Et s'ils n'avancent plus guère, c'est pourtant en regardent tous dans une même direction, avec un même but: survivre tout en suivant un autre mouton… qu’ils pensent particulièrement plus grand et sage qu'eux.
– Il me semble que nous avons peut-être atteint l'amorce d'un tournant dans l’évolution du genre humain, mais il se trouve que celui-là s'avère difficile à négocier.
– Je me sens pourtant prêt à prendre ma vie à bras-le-corps. À créer un autre chemin, dans lequel ils pourraient de nouveau avancer. Toutefois, la place de leadership ne saurait être occupée par un simple pelleteur de nuages!
– Lucien, accepterais-tu qu’une femme devienne ta propre leader temporelle?
– Je ne doute pas que tu puisses m’aider à accomplir ce qui me rapprocherait de mon but…
– Si tu m’invites aujourd’hui à suivre ton chemin, cela signifie que tu ne souhaites plus devoir y marcher seul…
– Pourtant ma chérie, chaque conscience est unique. Comme l’océan est unique. Même s’il est constitué d’une quantité incalculable de gouttes d’eau...
– Lucien, c’est la première fois que tu me nommes ainsi «ma chérie».
– C’est que, vois-tu, l’osmose qui existe dans cette grotte est magique…
– L'énergie contextuelle qui nous unit peut être canalisée consciemment. Dans des buts qui sont propres à la condition naturelle. Pour faire aboutir tes recherches, il te suffit d’invoquer les quatre éléments.
– J’entends bien, mais je n’ai obtenu jusqu’à présent dans mon monde, que des repousses éphémères, alors que dans le tien, la forêt est restée luxuriante.
– C’est peut-être, mon chéri, que tu aurais mises de côté, certaines subtilités alchimiques et philosophiques divines, qui sont encore propres à refaire les choses de la création, autrement mieux que des tentatives biochimiques hasardeuses, qui du reste sont enseignées par ceux qui l’on conduite à l’agonie, et qu’alors, il te faudrait peut-être mieux regarder cette fois de mon côté que du leur…
– Je reconnais que tu as certainement raison. Certes, mes semblables ont probablement failli en reniant leurs dieux. Mais il est que j’ai beau jeu, puisque sachant à présent mieux qu’eux qu’ils existent… À commencer par ta sœur… Pourtant je me vois mal demander de l’aide auprès d’une Déesse, à présent que l’humanité entière les a toutes trahies…
– Ainsi nous en revenons au début de notre conversation…
– Pardon?
– Tu as pu constater ce qui se produit dans le sillage de ma sœur.
– En effet, j’ai bien quelque talent de magnétiseur, mais de là à faire reverdir la forêt rien qu’en la traversant comme elle !...
– C’est évident: seul tu n’y parviendras pas.
– Tu voudrais dire qu’avec toi…
– Avec moi avec toi… Mais aussi toi et moi avec elle… Et eux tous pour secours: nous pourrions peut-être…

 



Quand des espoirs modérés subliment un songe délirant:
À l’esprit endormi s’impose quelque tableau triomphant…
Dans la juste lumière, toute difficulté devient chimère:
Leur ultime karma accompli, les amants quitteront la terre.
Et pour l’amour du ciel, ils glisseront comme si le survolant
Or, sous ces nues sublimes, le monde fera recommencement…

 

 



         Maria n’était pas une mortelle ordinaire, puisqu'elle était la fille de la fée Marie! Laquelle était issue de déités très anciennes. Cependant, il arrive que la conciliation des meilleures thèses avec des systèmes existants, mais qui furent modifiés par l’aléatoire d’un hasard avec lequel il faut tout de même compter, soit le meilleur choix qui se présente en la circonstance. Ainsi, certaines décisions qui sont prises par le puissant dieu Junyather, puisqu'il est régisseur de la galaxie nommée La Voie lactée, finissent, à force d’éclectisme, par engendrer des conceptions différentes. C'est ainsi qu'une fée de la forêt peut être née d’une mère déesse, et donner indifféremment la vie à une autre déesse terrienne telle que Maria-Luce, autant qu'à une humaine, qui, mais d’une autre façon, serait reine aussi bien… Il reste que l’amour, lorsqu'il est à pareille image que celle que voyait Lucien en Maria, donne tant parfois force d’ailes, que le rêve devenu réalité, rend sublimes des amants qui peuvent finalement se révéler complémentaires en bien des points!

 



¤


    

         La cérémonie avait eu lieu comme les dieux l’avaient souhaité. Habygâ et Maria-Luce avaient ouvert une porte donnant sur le monde parallèle. Elles y avaient conduit Maria et Lucien, jusqu'au pied de la colonne sacrée. Comme autrefois, le site secret leur avait montré les gradins de granit qui avaient été installés en suivant les instructions des druides, et malgré les dévastations résultant autant de la modernisation que des guerres humaines, placides puisque paisiblement assis, ils garnissaient encore le site de leur architecture semi-circulaire indélébile, tandis que leur faisant face, complétant par leur présence le tracé imaginaire d'un cercle complet, le sol de ce domaine hautement sacré resterait marqué à jamais par ses cinq lourdes dalles de pierre bleue. Lesquelles avaient été taillées de manière à paraitre légèrement arquées dans leur forme terminale visible. Probablement était-ce pour « pointiller » le sanctuaire d'un cercle protecteur virtuel, sans rien briser de sa courbe régulière. Elles se trouvaient littéralement enchâssées au ras de terre. Leur affleurement marquant sur le sol cinq zones auto protégées par les bonnes fées. Elles avaient été rendues indéracinables par les dieux.


         Au centre du lieu mythique, faisant face aux gradins, trônait la colonne sur laquelle en initiée Habygâ, comme autrefois Morganie, savait déchiffrer et expliquer les termes d'une étrange écriture. Cela représentait un texte divin incrusté. Habygâ expliqua à Lucien et Maria, pourquoi il existait un lien appartenant par moitié à la lune noire, et pour le reste à la pleine lune. L'ensemble colonne et pierres sacrées devant assurer pour les siècles passés et à venir, la transcendance figée de ce tout perpétré.


Sur le dessus de la colonne, à la différence des cérémonies destinées à produire les trois éléments, pour la nouvelle circonstance on avait disposé quelques cristaux de magnétite dans le lourd réceptacle de porphyre vert antique ourlé d'or fin. Ils dataient des origines de la terre. Ces derniers, selon ce qui était écrit sur la colonne, contenaient les germes de vie qui restaient indispensables à favoriser un nouveau départ naturel... Ce réceptacle, par son orifice central, jouait le rôle de premier communicant pour trois autres. Lesquels se situant réciproquement à différents niveaux inférieurs: ils se trouvaient donc dument reliés au réceptacle par des circuits complexes présents dans la masse de la colonne. D'autres récepteurs étaient reliés par trois fins canaux. Ceux-là plus directs, étaient destinés, toujours selon ce qui est gravé sur la colonne, à collecter la coulée alchimique. Laquelle devait ainsi se trouver judicieusement séparée pour que s’obtiennent par l’acte divin, des produits différents, que l'on récoltait en bas dans des creusets spécifiques amovibles…
Sauf que pour cette fois, Lucien qui devait agir selon les conseils de Maria-Luce, y avait délicatement installé trois échantillons de terre qu’il avait prélevés de ses mini-jardins d’expérimentation.

        

       L’ensemble du site se présentait comme un très modeste amphithéâtre de pierre. Son centre était occupé par la colonne ainsi nantie de son précieux dispositif de récepteur et collecteurs. Bien qu'elle resta invisible à l'œil humain. Sinon que sous l'apparence de l'oubli. Lequel était représenté pour eux par un tronc pétrifié couvert de lierre…

Étaient néanmoins présents pour cette cérémonie: quelques adeptes du culte d’Athséria. Ils étaient venus dans le but d'assister les deux déesses dans leurs préparatifs.

Si ce jour-là avait été choisi plutôt qu’un autre, c'est parce que les astres étaient en bonne position, et le moment avait donc été jugé favorable.


Les deux déesses étaient prêtes. La grande cérémonie allait avoir lieu.

 

      Quelques couples qui avaient pu être initiés comme le fut Lucien, avaient été autorisés à pénétrer en même temps que lui dans le monde paradoxal. Ils s’étaient respectivement positionnés debout, par petits groupes répartis sur les cinq dalles. L'on prenait garde à ne pas gêner les préparatifs augurant d'un bon déroulement. Pour accéder chacun à sa place, l’on avait dû progresser prudemment, en file indienne. Un Observateur Astronome, se trouvait de son côté à occuper un lieu bien précis. Il ne s'atteignait que par un sentier sacramentel. L'on pouvait le situer au nord magnétique, par rapport au centre du site. Sur un acquiescement de lui, Habygâ avait pris sa place au sommet d’un autre tertre. Celui-là était au sud: directement en face de l'étrange colonne couverte d’inscription et plantée comme un if, à cinquante mètres de la blonde Déesse-Prêtresse, au beau milieu du sanctuaire…

Le signe attendu du grand observateur astronome s'était montré favorable. Alors, en contrebas, assis dans les gradins de pierre, les membres confirmés de la confrérie faisaient déjà preuve d’une belle intensité de méditation et de fusionnement de pensée. Pour la décupler encore, ils entonnèrent des chants vibratoires.  Non loin devant eux, Maria-Luce qui se tenait au bas de la colonne, alors que Lucien et Maria lui faisaient face, posa respectivement sa main droite sur l’épaule droite du poète, et sa main gauche sur l’épaule gauche de sa sœur Maria. À la manière d'un adoubement. Mais sans qu'il soit question d'équipement ni d'arme.

Déjà le cercle d’or vibrait au sommet de la colonne. Le phénomène valait pour acte annonciateur. Il brillerait bientôt d'une lumière très blanche. Et cela irait crescendo. Jusqu’à obtenir l’éblouissement aurique.

Tout semblait de bon augure pour accéder à la réussite. Le regard pers de la grande prêtresse Habygâ semblait capable de percer l'azur jusqu’à l’éther. Elle avait les bras levés vers des cieux où l'on pouvait penser trouver le très haut Dieu de lumière. Elle se tenait offerte: mains ouvertes, paumes tournées vers le ciel, les doigts écartés pour en recevoir l'expression qui émanera quand il voudra bien offrir de son essence.



      Quand ses pieds nus quittèrent doucement le sol, l’on put voir le corps d'Habygâ monter de plusieurs mètres. Alors, par des gestes, elle mima le dessin de la grande spirale. Celui représentant notre bel univers galactique…  Avec ses longs cheveux blonds et sa silhouette divine, on pouvait clairement penser qu’elle apparaissait tel un ange qui était capable de s’élever à la verticale, sans avoir besoin d'ailes. Pareille à l’un de ces êtres de lumière dont l’esprit très pur est animé par l’essence suprême, elle prononçait d'étranges formules…

Habygâ s’exprimait effectivement dans un dialecte ancien qui à présent était oublié des humains. Et puis les choses s'étaient accélérées. L’on eut pu croire à ce moment que même l’atmosphère n’était plus qu'un tourbillon de lumière. En bas, les adeptes se réjouissaient déjà virtuellement de percevoir bientôt les saveurs d'essences sublimes et le miel, que les sens de leurs enveloppes charnelles allaient pouvoir goûter. Tout ce qui était transmuable par l'émotion alentour semblait suspendu. Le temps s'était aussi arrêté. Même l’air que l’on respirait à peine devint immobile. Transcendé qu’il était lui-même, par le phénomène d’aboutissement spirituel.

À leur tour, les adeptes Athsérians se trouvaient à présent debout. Leurs pieds ne touchaient plus la pierre des gradins. On pouvait les voir en pleine lévitation: détachés qu’ils étaient de plusieurs dizaines de centimètres par rapport au sol.

L’instant sublime se précisait. Une jouissance profonde se lisait sur les visages. Plus rien d'humain ne pouvait à présent arrêter la transfiguration du couple de prétendants. Alors, une fulgurance de lumière apparut. Elle sembla se figer. Comme si, suspendue dans le ciel vierge de tout nuage. Habygâ se voyait belle en elle!  Resplendissante, elle irradiait maintenant comme un astre. L’on aurait pu penser que l'image de la Déesse sublimée surpassait celle du soleil qui se trouvait au-dessus d’elle, mais qu'elle éclipsait. On la voyait cernée par un halo bleuté. Elle ramena ses bras à l'horizontale, ses mains toujours ouvertes avec les paumes tournées vers le ciel. Puis elle les rapprocha de façon à former un réceptacle de chair. Un flot de particules de lumière s’y déposa. Alors elle souffla dessus et l'ensemble alla précisément frapper les pierres sacrées que l'on avait déposées dans le réceptacle de porphyre. Et puis cela pénétra la colonne, pour y descendre dans les trois canaux. Ce qui en résultait arriva en minces filets, au niveau des petits creusets judicieusement situés au bas de la colonne. Une partie des particules s’incorpora immédiatement aux échantillons disposés par Lucien. Tandis qu'une sorte de fil scintillant qui sortait de l'un des canaux complexes se connectait à l'aura de Maria-Luce. Et puis, transitant des bras aux mains de la déesse qui dirigeait ses doigts vers les communiants, d'étranges particules la quittèrent pour irradier cette fois autour du corps de Lucien autant que dans celui de Maria, les pourvoyant à leur tour d'une aura comparable à celle que montrait la Déesse.

Ainsi fut révélée l’entéléchie!

Le principe métaphysique qui détermine un être à une existence définie supérieure avait été obtenu!


Tout s’était passé comme il était prévu dans le grand livre du ciel: la cérémonie était réussie.


Chacun en sortait pleinement transfiguré. Or, bien plus encore, un peu comme s’il avaient mêlé leur sang matériel à celui spirituel de l’éternel… Ce qui s’était produit pour Lucien et aussi celle qui était devenue sa compagne par le même sacrement les avait marqués d'avantage. Ils se trouvaient par cela autrement mieux unis que ce qui s’obtient d’un acte pratiqué d'humaine conception.

C’est à partir de ce moment que Lucien avait pu disposer comme Maria de moyens qui se jugeaient non conventionnels par les sceptiques. Un sixième sens dont certains d'entre-les humains n'auront jamais l'accès qu’avec limite et parcimonie. Mais qui se révélera hautement utiles pour percevoir ce que les « yeux » technologiques de la science radicale ne verront jamais. Pourtant, ils restaient des humains: ils n'avaient pas acquis ce qui se donnait d’ADN supplémentaire à tout être de lumière pour lui permettre de vivre sans jamais vieillir…

La fée Marie les avait tout de même aidés pour qu'ils obtiennent un prolongement qu'elle jugeait suffisant, car supérieur, de ce sixième sens, en l'assortissant d'un pouvoir hautement protecteur de leurs chromosomes.


Le couple, bien que resté mortel, possédait ainsi une clé qui leur permettait d'avoir accès à l'héritage des êtres féériques. À la condition d’en faire bon usage ils pouvaient aussi s'attendre à devoir collaborer comme elles avec des dieux-anges. Puisque comme eux, ils étaient présumés aptes à tenir le même langage.

 

 

      C'est ainsi que notamment l'on s'apprend à définir humainement ce qui se perçoit, mais ne s'explique qu'en tant qu'observateur oint, alors que cela se peut transmettre dans un langage d'amour qui se comprend, afin que soient reconnues les vraies valeurs qui font d'une existence qu'elle s’avérer limpide comme l’eau cristalline, lorsqu'elle jaillit et courre, bénéfique en tous points, abreuvant les hommes et les femmes qui la conçoivent comme telle…
   

Si votre vie s’écoule en incertaine rivière…
Des fantômes figés qui la croient en ravière
Lorgnent sur le teint libre de l'aventurière…
Bouviers comme chiens bergers, assis plantés prou;
Observateurs jaloux de courants en cailloux.
Négociants nonobstant vos désirs ripoux,
Des êtres altérés ne voient-ils que dans l’onde,
C'est une belle qui file entre des idées sombres?
Une fée aux mille tours, belle comme le jour…
Et qu'aussi, chers amours, son lit n'est sans atours!






















04/12/2021
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