le monde merveilleux de lucien

le monde merveilleux de lucien

CHAPITRE QUINZE

 

15

 

 

      Tout comme sa mère avant d'être bannie de la terre, et bien qu’elle n’eût fait là que respecter son karma, Morganie exerçait depuis longtemps la charge de prêtresse. Et si elle officiait ainsi, c’était uniquement pour glorifier la lumière astrale. Elle ne faisait donc rien qui fut contre la volonté divine. Bien au contraire! Puisqu'elle vénérait, dans sa juste lumière, un aboutissement précurseur sans lequel, rien de ce qui vit sur terre ne serait ce qu'il est.

 

Amante…?

 

Certes: elle l'était! Mais seulement de "Gé"… Plus belle planète qui le soit de l’univers connu...

 

Et même s'il pouvait sembler, à quiconque s’adonnant à d'autres influences, que c'était agir cependant d'une manière plus ésotérique que religieuse... alors, sauf à mal interpréter ce que disent les runes… ces signes qui furent gravés sur une colonne bien étrange, des milliers d'années avant d'entendre prononcer, même le nom de Yahvé… il pouvait alors, passer à l'époque chrétienne qui suivit en ce pays de France, que ce qui ne figurait dans aucun livre jugé saint ne pouvait relever que de mœurs druidiques… cela ne prouvait en rien qu’il s’agissait là d’actions réputées pour être païennes aux yeux des suspicieux qui n’y entendaient rien. Sinon qu'ayant encore lieu en pleine montée d'un catholicisme devenant politiquement puissant par la volonté des Rois (d’aucuns en usant pour éliminer leurs rivaux!) en s'appuyant parfois de certains tribunaux d'inquisition...

 

En vérité, du moins, si l’on se réfère à celle du poète Lucien: tout aurait commencé bien avant elle et eux. Et notamment pour satisfaire des déesses et des Anges-dieu... Êtres pour le moins complexes, faisant en quelque sorte que se prolonge la pensée spirituelle des premiers grands croyants humains de la Terre.

 

Ces cultes, plus ou moins éloignés et fort différents, qui s’exerçaient en premier, car plus de six-mille ans avant celui de ce moine cruel, étaient de ceux qui prônaient le mieux l'amour spirituel. On les admettait clairs et prometteurs. Sans le moindre calcul. Aussi bien de jour, quand notre soleil se trouve à son zénith, que la nuit, lorsque la lumière céleste s'obtenait encore, mais renvoyée par un astre qui se pensait pour être "la conjointe divine" d'un soleil pluricellulaire. Lequel s'imaginant fait pour être un dieu de matière chaleureuse, issu d'un autre, plus puissant de son omniprésence universelle.

 

D'ailleurs, c'est bien dans cette minuscule vallée. Avec, en son centre, un tertre... situé non loin d’une clairière bien protégée, d’un côté par la lumière céleste, et de l’autre, par la grande forêt Ardennaise… et que, plusieurs siècles après son "enlèvement" Morganie, mue par la mémoire de son instinct, avait saura retrouver!

 

Alors, même si des tribunaux d’inquisition et/ou des hordes de guerriers impies avaient probablement achevé de décimer les descendantes et les descendants d'adorateurs celtes, lesquels ayant pourtant bâti des sites autour d’une colonne sacrée, absolument différente des menhirs: comment ne pas imaginer que tôt ou tard, quelques autres, et à plus forte raison un poète visionnaire tel que Lucien ne finisse lui aussi par s'y intéresser?

 

D'autant que celui-là, dont je vous parle se trouve au sein même de la vaste forêt d'Ardenne, et ce, malgré qu'il en fut devenu pratiquement indétectable par le seul pouvoir d’un regard humain, notamment à cause de l'épaisse végétation qui le dévorait, sinon que par Morganie... sachant qu’un sanctuaire, autrefois sali par des mains sacrilèges, restait visible et intact au sein du monde parallèle.

 

      En tant que site sacralisé, celui-là présente un côté de gradins construits en dur, selon une forme semi-circulaire, et à l’entour, suivant le tracé imaginaire d'un cercle complet, cinq grandes dalles de pierre. Elles ont été taillées chacune en suivant l’image géométrique d’un prisme rectangulaire légèrement arqué. Cela formant les segments d'un grand cercle. On les avait littéralement enchâssées au ras du sol. Leur affleurement marquant cinq zones protectrices réputées indéracinables. Au centre du lieu mythique. Faisant face aux gradins, il y a une colonne sur laquelle Morganie sait déchiffrer et expliquer les termes secrets d'une étrange écriture. Cela formant un texte incrusté, dédié par moitié à la Lune noire, et pour le reste, à la pleine lune et à son amant le soleil. Sur le dessus de la colonne il y a un lourd réceptacle de porphyre vert antique ourlé d'or fin. Il convenait autrefois d'y déposer quelques fragments d’une roche très particulière. Cela s'utilisant durant la cérémonie diurne. Précisément, il s'agit là de cristaux de magnétite "vivante" datant des origines de la terre.

 

Selon ce qui était écrit sur la colonne, ils résultaient d'un choc survenu entre Gaïa et sa sœur Yäga. Ce réceptacle était en son point central le premier communicant de trois autres. Ceux-là se situant réciproquement à différents niveaux. Ils servaient de récepteurs qu'alimentaient trois fins canaux. Lesquels… toujours selon ce qui est gravé sur la colonne, sont destinés à collecter une coulée alchimique judicieusement séparée, afin que s’obtienne, par l’acte divin, des produits différents que l'on récoltait alors dans ces trois creusets spécifiques.

 

L’ensemble du site, quoique de taille relativement modeste, se présente donc comme un amphithéâtre de pierre. Dont le centre est occupé par la colonne ainsi nantie de son précieux dispositif de récepteur et collecteurs. Le tout, il convient de le rappeler, restant parfaitement invisible à l'œil humain. Sinon que sous l'apparence trompeuse de l'oubli… En l'occurrence, celui d’un arbre pétrifié, désormais couvert de lierre.

 

Selon ce qui en fut dit longtemps, de bouche à oreille. Bien qu’à présent oublié du vivant. C'est qu’en ce lieu. Dans un temps reculé où rien n'y figurait d’autre qu'une étrange attirance. On aurait d'abord vu converger une lignée d'hominidés préhistoriques…

 

Quelques-uns se seraient même établis dans une caverne proche. Cela évidemment s'étant produit bien avant la venue des Celtes, dont les druides auraient à leur tour perçu en cet endroit d'étranges phénomènes. Et puis il se serait dit encore, aux portes de la Renaissance, selon certains… que des mystiques affirmaient qu'un rite gaulois dédié à la divine chasseresse Ardvina y fut pratiqué... Ce n'est précisaient d'autres, qu'après que les cinq couleurs se furent éteintes et la divine devenue errante, qu'on y aurait retrouvé une première fois ce que j’ai décrit plus haut... Et qui fut donc entretenu par Morganie, au Moyen-âge. Période en pré culture de la nôtre moderne… durant laquelle se rassemblèrent pour un temps, avec elle, quelques pratiquants dont certains descendaient directement ou indirectement de druides précurseurs...

 

Si Lucien avait pu recueillir des bribes de l'histoire que je vous narre, c’était en compulsant les archives poussiéreuses d’un modeste grenier de mairie ayant miraculeusement échappé aux feux destructeurs de la Révolution française. Ayant alors obtenu suffisamment d’indices pour entreprendre une recherche sur le terrain, il avait longtemps sillonné l’endroit… Mais en vain...

 

Pourtant, se fiant à son instinct, et fort d’autres informations menant à des sites présumés pour avoir existé en d'autres endroits du continent européen [autant de notions, certes discutables, bien que glanées par des chercheurs archéologues sérieux] Lucien avait persévéré. Et même il avait appris que la lune noire fut autrefois associée à Lilith (ou ki-sikil lil, traduisible en Sumérien par – jeune femme aérienne –) en tant que présumée compagne du premier des hommes, et que d’autres Sémites s’empressèrent, mal inspirés, de considérer pour être démonisée! La remplaçant volontiers par une croqueuse de pommes, non moins mythique, une certaine Ève...

 

En tout cas, la circonstance fit que la féconde « ombragée » (dixit la Lune) se serait associée par écrit dans l’imagination collective à "icelle qui était née de légitimes descendances".

Le pacte faisant accointance sacramentelle à cette « Dame de Lune » qui, de par sa mère lui ayant enseigné, disposait d'une fort bonne connaissance de ces choses singulières issues de la lumière du ciel.

 

Et donc il existait bien alors, une personne physique, faite à l’image de la femme, qui se trouvait pourvue de suffisamment de dons mystérieux pour agir en prêtresse bleue. Et cela durant plusieurs années après que sa mère fut mystérieusement disparue.

 

Mais c’est justement en raison de son activité sacramentelle, laquelle fut pourtant qualifiée d'occulte magie par certains de ces pourfendeurs d'hérétiques, qui sévissaient autant au nom du pape que celui du roi de France, que Morganie, alias la Dame bleue de cette époque, avait été arrêtée, puis jugée par les représentants d’une croyance différente de la sienne.

 

Il se trouvera quand même que l'histoire de la Dame-Bleue sera transmise. De siècle en siècle. Et que cela permettra qu'en notre temps moderne, quelque chose de vivant subsiste, par la présence de Morganie. Ainsi, ce furent probablement ces mêmes raisons innées qui comme ce fut le cas de Dame Athénéïse, guideront encore les deux Dames de La Forêt, afin d’agir à point nommé et au bon endroit …

 

 



15/03/2020
14 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 13 autres membres