le monde merveilleux de lucien

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CHAPITRE QUATRE-VINGT-UN



         La seconde planète se trouvait là, bien tapie derrière un autre Trou-Noir primordial que le dieu-ange Erzeré-Gabryel jugea tout de même, pour être constitué d’un bon milliard de tonnes d'antimatière. Toute habillée de blanc, elle avoisinait la taille de Neptune. Située à quelques quatre millions de Kilomètres de son étoile – une autre naine rouge qui avait probablement été avalée sans trop de dommages par ledit Trou noir – elle se présumait munie d'un monde marin nourricier qui serait imbriqué dans un univers glacé.

– Voici à n’en pas douter une planète qui me semble transpirer de froid, laissa soudain échapper Néphysthéo dubitatif.

– En fait, elle ne ressemble à rien de trouvable dans notre bon vieux système solaire, si ce n'est peut-être Europe, cette modeste lune de Jupiter, ou encore  la grosse lune Titan qui est aussi le plus grand satellite de la planète Saturne… Et certainement pas à l'étoile obscure, et pourtant peuplée de mollusques aussi glauques qu'elle, que nous venons de quitter, lui précisait aussitôt Erzeré-Gabryel.

– En effet reconnaissait à son tour son grand-père, l'ange-dieu Gabryel décidément au courant de tout. Et vous serez peut -être étonnés de constater que le seul, mais vaste accès qui se devine par l’image de cet étonnant cratère que voici, n’est autre que l’espace élargi par lequel s’engouffra, il y a quelques millions d’années de la terre, un vaisseau spatial venu on ne sait trop d’où. C'est ainsi pourtant que mon père, le grand Junyather, pense que des êtres intelligents vivent encore aujourd’hui à l’abri des glaces protectrices. L'on peut même présumer que les descendants possibles des colons égarés qui s’y étaient profondément enfoncés, sont probablement à présent quelque peu démunis des connaissances technologiques très en avance, qui ont permis à leurs ancêtres d'aller si loin. Sinon, ils auraient tenté à leur tour de rejoindre une planète plus propice. Il se prétend aussi qu’il pourrait s’agir de gens du peuple atlante. Lesquels auraient vécu un temps sur la Terre à l'ère des grands sauriens, mais qui l'auraient quittée, juste avant qu’elle fût ravagée par une comète.

– En tout cas Monsieur, rien ne nous permet de croire qu’ils seront hospitaliers…

– Certainement Morganie! Et c'est pourquoi il convient de vous préparer cette fois à combattre! Car tout m'amène à craindre que Windthorst: cet autre fils du Très-Haut des ténèbres, et qui règne sur, ou plutôt sous ce monde, fut peut-être lui aussi complice de ce que trama L’HOMBRE contre nous.

– J’ai appris du Très-Haut de Lumière, mon père spirituel adoptif, que c’est lui en effet qui a pourvu La Chose que son frère Chondrichtyus lui confia pour qu’il lui donne sa motricité après l'avoir génétiquement modifiée. Ainsi, cet immense protozoaire qui servit à Athaânas pour nous attaquer sur Yäga, serait le fait, sinon des trois, au moins de ces deux-là.

– Bigre, reprenait la chasseresse, dois-je m’attendre à devoir combattre des créatures gélatineuses, et ressemblantes comme tout à l'heure, à des cloches munies de tentacules?

– D’après ce que j’en sais, la reprenait déjà Erzeré-Gabryel, ils auraient su néanmoins s’adapter au point de bâtir un monde. Ils l'auraient entièrement creusé dans la glace. À son endroit le plus épais. Celui-ci étant de l’ordre de deux-mille-quatre-cent-quatre-vingts et quelques mètres… C’est d’ailleurs, ce vers quoi nous allons à présent que nous avons trouvé le passage.

– Ne trouvez-vous pas étrange messieurs les Anges, le fait que plus la sphère s’enfonce dans cet utérus glacé, et davantage nous nous trouvons entourés de lumière?

– Chère Morganie, j’aime votre côté ingénu. Il vous va à ravir! Mais à présent, faisons silence voulez-vous, car il se trouve que si la sphère nous protège, nous devons néanmoins être prêts à la défendre en cas d'attaque-surprise.

En raison de l'étroitesse du boyau d'accès, le vaisseau était contraint de percer la glace à l’aide d'un puissant faisceau laser. Il s'enfonça encore d’un bon kilomètre et soudain s'arrêta. L'on pu alors se demander s'il avait besoin de se recharger en énergie. Sans que l'on puisse savoir toutefois où la trouver en dehors de celle diffusée par les étoiles. Mais cela ne dura que peu. Il reprit sa progression. Ayant découvert un passage en pente douce, il l'avait aussitôt suivi, afin justement d'économiser sa réserve de particules energétiques. Puis, sans que Gabryel y fût pour quelque chose, la sphère de Junyather se déconnecta de sa pensée et se mit à ralentir graduellement, faisant songer à un cœur artificiel fatigué, et enfin elle s’arrêta pour de bon.

– Vous avez atteint la zone quatre, fit la voix métallique qui soudain s’exprima: veuillez quitter ce véhicule non répertorié. Nous allons le détruire dans cinq minutes de votre temps terrien. Cela est recommandé afin de nous protéger contre toute contamination. Nous procéderons ensuite individuellement à votre identification.

               Conjointement, quelque chose de vivant et d’énorme venait de se dissocier du plafond gelé de la grande salle dans laquelle ils se trouvaient. Le lieu devait servir de sas de contrôle pour tout ce qui venait du dehors. Essentiellement formé d’eau comme elle, l'être était aussi transparent que la glace qui les entourait de partout. Personne pourtant, ne s'attendait à ce qu'un sortilège aussi rudimentaire soit capable de l'inquiéter… Jusqu'à ce que de longs tentacules apparurent à leur tour. , Ils étaient chacun munis à leur extrémité d’un œil inquisiteur. Tandis que se rapprochant dangereusement, l’espèce de cloche, tout en chapeautant la sphère, se mit en devoir de l’engamer.

– Bon sang, laissa échapper Gabryel: je crains que nous soyons en péril. Et puis la sphère nous est indispensable pour assurer ensemble notre mission. Nous ne pouvons prendre le risque de la perdre.
 
Puis il adressa une pensée cryptée à l’intention d’Erzeré-Gabryel, qui à son tour, tenta une reconnexion mentale avec leur vaisseau-entité de lumière. Cette manœuvre étant censée tromper le cerveau artificiel qui s’était interposé devant celui de Gabryel. Soudain libérée de ce joug qu’elle tentait vainement de rejeter, La sphère obtempéra si brusquement que Néphysthéo surpris ne put s’empêcher de sermonner son nouveau pilote, tout en rétablissant néanmoins son équilibre.

– Bigre, mon fils: que de puissance!

– Excusez-moi père, mais moi-même je l'ignorais. Notre Très-Haut de Lumière, m’avait pourtant prévenu que le bénéfice qui s’obtient lors d’un bain au sein de l’énergie sombre, se révélerait au fur et à mesure de mes réussites. J’étais cependant loin de penser que la première signature que nous avons obtenue sans trop besoin d'en imposer, suffirait à m’apporter un tel complément d’énergie mentale…

La progression normale avait donc repris. Gabryel se félicitait d’avoir choisi la bonne décision. Pourtant, ce fut à la sortie d’une courbe annihilant tout espoir d’en présager l’imminence, que la voie se révéla cette fois sans issue.

– Vous avez atteint la zone trois, fit la voix au timbre d’acier, tandis que la galerie disparaissait d'un coup derrière eux.

– Une mise en sécurité à durée indéterminée s’impose, dit encore le robot vocal.

– Hum, si notre force mentale peut s'avérer suffisante pour nous aider à nous échapper en traversant rapidement plus de deux-mille mètres de glace, émit Erzeré-Gabryel, en revanche cela consisterait à fuir un ennemi invisible, avant même qu'il nous propose un véritable combat. D'un autre côté, il me semble prématuré d'obtempérer en quittant la sphère, sous prétexte qu'elle ne trouve plus d’énergie galactique qui lui serait suffisante, et je ne saurais longtemps lui proposer la mienne sans m’épuiser à mon tour… Et puis ne croyez-vous pas que ce que nous faisons jusqu'à présent, peut faire penser que nous sommes porteurs d’intentions qui peuvent paraitre belliqueuses? Croyez-vous vraiment que de vouloir forcer tous les barrages soit la meilleure solution? Ainsi voici ce que je propose: faisons une sortie prudente, afin de mieux nous rendre compte de la situation environnante…

– Ça me semble évident, reconnut la chasseresse.

 Mais craignant de voir à nouveau surgir le monstre tentaculaire, elle leur proposa de la laisser sortir en premier.

– Il reste que je me demande bien comment nous pourrions nous échapper de cette nasse, avait-elle ajouté, et puis…

Mais elle ne termina pas sa phrase, car, à peine y avait-elle touché le sol que soudainement il disparaissait…

 


*



           Si la glace avait cédé sous le poids pourtant modeste de Morganie, c’est que la chaleur résiduelle délivrée par la sphère faisait fondre la couche de glace qui se présumait épaisse tout autour alors qu'il n'en était rien! Cette raison expliquant le bluff dont avait usé le robot gardien, tentant ainsi une dernière fois de déstabiliser des intrus qu'il se savait incapable d'arrêter. Mais la divine, qui n'avait pas pour habitude de céder devant une menace, avait réagi en substance. Et c’est en flottant dans l'air, sans avoir besoin d'ailes, qu’elle admirait à présent ce qui s’offrait à ses yeux.

Délimitée sur sa circonférence, par des parois résolument verticales, l'image précisait qu'on avait creusé là une salle circulaire disposant d'un diamètre de plus de cinquante mètres, et haute d'au moins vingt-sept en son point de voûte central. C'était d'ailleurs précisément à cet endroit que la glace avait cédé…
Percée dans la partie murale basse de cet espace en forme de yourte, une arche voûtée semblait donner accès à un tunnel. D’instinct, la chasseresse avait déployé sa triple griffe de Crôol. Bien que présentant l’apparence relativement limitée d’une arme blanche peu propice à intimider un adversaire coriace, l’objet, s’il était bien manié, était néanmoins apte à occire n’importe quel être, démoniaque ou non, qui aurait eu la maladresse de vouloir l'affronter. Sans hésiter, elle s’engagea dans ce passage afin de le sécuriser.


La déesse combattante s'aperçut pourtant très vite qu'il donnait accès à tout un réseau de galeries. Les suivantes paraissant assez semblables à la première. Sauf que certaines comportaient des sortes de silos d’où partaient de gros conduits apparemment constitués du même matériau indéfinissable que lesdits silos. En inspectant cela de plus près, il s’avéra qu'en leur base, d’étranges racines s’enfonçaient profondément dans le sol, cela lui faisant penser à celles de « La Chose » qu’elle avait eu à combattre en d’autres temps sur la planète Yäga. Partout suintait la même lumière que celle particulièrement blanche éclairant premier tunnel qu’avait emprunté la sphère, et qui à présent lui rappelait plus précisément ce qui s’obtenait des quartzs lunaires, qu’utilisait Gabryel pour éclairer son manoir.


Ne décelant aucun péril immédiat, Morganie s’apprêtait à rebrousser chemin quand elle "la" perçut plus qu’elle ne "la" vit:

Surpassant en beauté celles qui s'admirent sur les publicités des voyagistes de la Terre, la femme était superbe d'exotisme! Parée de somptueux bijoux, elle était vêtue de pourpre et d’écarlate. Ses cheveux roux qui avaient été tressés depuis son front se voyaient artistiquement disposés autour de sa tête, tel un ruban qui se porte à l’horizontale, sinon que lui faisant une couronne naturelle, tandis qu’une calotte de velours bleu ourlé d’or et soigneusement posée sur le sommet de son crâne, présentait en fine broderie, l’image d’une gorgone jaune flanquée de deux cnidaires. Les yeux pers levés vers la voûte glacée, sans doute était-elle occupée à prier quelque dieu marin?... Toujours est-il que la créature n’avait pas décelé la présence de Morganie. Ce n’est que lorsque cette dernière se manifesta qu’elle avait quitté l'agenouilloir pour se relever et, tout en gardant ses mains jointes l'une contre l'autre, elle s’était ostensiblement tournée vers Morganie tout lui faisant de la tête geste d'accueil.

– Eh bien, je m’attendais à tout, mais certainement pas à une soumission aussi radicale! admit soudain la chasseresse.

– Madame, vous présentez une aura de Déesse! Or je ne suis qu’une modeste prêtresse.

– Certes, mais est-ce cela qui vous fait croire que je viens en paix et non l’inverse?

– Je l’ignore en effet… Mon nom est Thinassa. Je suis née Gordonniene… pour vous servir… car à l’inverse de notre Seigneur, il se trouve que je n’ai jamais connu la haine.

 



*


 
          Pendant ce temps, la sphère continuait de s’enfoncer doucement dans la glace, et elle aurait certainement entrainé ses passagers dans sa chute prévisible si Gabryel, qui en avait repris le maniement, ne l'avait stabilisée avant que tout ne s’effondra. Ils convinrent de la quitter. Gabryel ouvrit un sas de sortie . Après quoi il verrouilla l’étrange véhicule qui disparut sitôt qu'il eut capté le code mental de l'Ange-dieu. Ensuite, ne voyant pas Morganie, ils avaient à leur tour emprunté le seul passage possible. C'est ainsi qu'à suivre la trace magnétique qu'elle avait volontairement laissée, ils entraient à leur tour dans la crypte où la chasseresse et Thinassa se trouvaient à les attendre.

– Voilà enfin une situation qui n’est pas à dédaigner mesdames, reconnut le dieu archange Erzeré-Gabryel. Nous nous attendions naturellement à vivre cet instant, puisque vous voyant par les yeux de Morganie, mais c’est encore plus de plaisir à vous découvrir en vrai.

– Mes seigneurs dieux, croyez que de nous tous: c’est moi qui suis certainement la plus honorée et que…

– Chut! l’interrompit soudain Erzeré-Gabryel. Je viens de percevoir une menace.

– C’est étrange, lui répondit Morganie, car moi qui… Attendez… Vous avez raison. Quelque chose me dit que nous allons avoir de la visite.

C'est alors qu'un être d’apparence humaine, était apparu presque simultanément. Il portait à sa ceinture un étui qui pouvait cacher une arme inconnue des dieux de lumière… Il était le premier d'un groupe constitué d’une vingtaine d’êtres lui ressemblant, tandis qu'il en arrivait aussitôt vingt autres derrière eux. Ceux-là cependant différents étaient couverts d’écailles de la tête aux pieds! Leur apparence très éloignée de celle des premiers arrivants les faisait ressembler davantage à des poissons armés de tridents. Cependant que quelques autres encore, débouchaient d'un autre couloir, situé cette fois dans le dos du quatuor qui s’en émut.

– Je suis Windthorst, fit un des clones du premier groupe, tout en modifiant son visage au fur et à mesure qu'il s’éloignait de ses compagnons.

– Voilà un bon moyen de passer inaperçu au sein d’une foule, murmura Néphysthéo…

– Sans l’aide de mon père… Rien de ce que vous voyez ici ne serait. Et la prêtresse Thinassa n’existerait pas davantage… En fait, sans ce soutien, ses ancêtres auraient tous péri avant même de sortir du système solaire de la planète Terre. Ceci précisé, sachez que si vous n’avez pu vous en rendre compte au cours de votre intrusion dans nos glaces: vous verrez que ce milieu propose des environnements marins qui sont de véritables prairies oligotrophes, et que c’est grâce à cela qu’il est riche en nutriments. D'autre part, bien qu’il ne reçoive jamais la lumière de son Soleil rouge, ce vaste domaine nous permet de subsister par l’usage, et aussi la consommation de ce qu’il contient. Beaucoup d'organismes vivants ici peuvent bénéficier des bienfaits dispensés par des éclairages organiques que mon père a fait naitre par rejaillissement créatif. Au demeurant, ils font aussi avantage en tant que sources d'énergie alternatives. S'admettant que l'héritage des Gordaniens qui ont su si bien développer des stratégies de survie, fit qu’il s'est presque obtenu maintenant que nous disposons d'un petit paradis issu de ce biotope, dont pourtant l’aspect extérieur, comme vous avez dû le constater, est à vous glacer les veines. Cela dit, pour votre enseignement, j’ai vu par les yeux de Thinassa que vous semblez venir chez moi en paix… Bien que vous ayez tout de même forcé deux barrages.

Conscients de la bonne volonté que Windthorst avait voulu leur montrer, les quatre de la déité première, s’étaient légèrement inclinés pour saluer cet autre fils du Très-Haut des Ténèbres.
Et puis c’était à présent Erzeré-Gabryel qui s’adressait à lui:

– Monsieur, considérez-moi pour être un nonce du Très-Haut de Lumière, car je vous apporte son message de paix.

– Je sais en effet cela par mon frère Chondrichtyus. Je l'ai consulté dès l’instant où votre vaisseau s’est approché de mon monde. Il m’a fait part de la noblesse de votre quête. Alors, considérant votre intrusion jusqu'ici pour erreur utile… et votre comportement non agressif le confirmant, je ne vois pas de raison pour vous refuser mon concours, dans la mesure où mon père le permet… puisque c’est lui qui me semble concerné en premier.

– Votre approbation est importante, dit à son tour Gabryel. Nous savons que vos sujets Gordaniens sont issus d’ancêtres venus de la planète Terre. En ce sens, c'est autant pour vous que pour nous qu'ils sont considérables en tant que colons. Ainsi, quelle que soit leurs origines, il se fait que notre reconnaissance pour ce geste salvateur de quelques rescapés cosmonautes égarés, venus d’une première civilisation terrienne aujourd’hui disparue   – bien qu’elle fut en son temps, technologiquement aussi avancée que celle actuelle –  ne peut que nous inciter à vous montrer du respect pour ce que vous avez fait.

– Bah, je me demande comment, sans les humains, nous autres, dieux des ténèbres, ferions pour exister autrement que de manière éthérée. Et puis nous devons admettre que vous et moi, avons obtenu  comme eux, mais des millions d'années avant même qu'ils n'émergent, des constituants cellulaires qui sont utiles pour confectionner certains de nos corps-enveloppe de matière vivante, alors même qu’ils n’obtenaient que bien plus tard, l'aide-étincelle qui leur permit d'attiser l'énergie nourricière de l’esprit limité qu’ils nomment cognition…

– Les conditions de survie à leur début ici, se sont certainement révélées drastiques: avec peu d’oxygène, pas de lumière, une forte pression, la basse température, et bien peu de nourriture.

– En effet Monsieur… En effet. Il reste que, comme c'est encore le cas pour la terre à l'heure actuelle, l’activité du noyau liquide de la planète produit ici d’incessants et puissants geysers sous-marins. Certains vomissent même une lave qui est récupérée, broyée, liée, puis appliquée pour revêtir les parois des cellules de glaces que nous creusons pour en faire toute sorte de locaux. L’eau bouillante nous sert à tout le reste. Y compris à faire tourner des centrales électriques à vapeur. Mais si ici même, d'autres amas cellulaires sont en voie d’évolution, je crains qu’il faille attendre encore des milliards d’années avant d’obtenir la création d'un nouvel être qui serait à notre image entière, une création issue directement de l'ombre, et qui serait pensante par l'intelligence… Nonobstant des descendants d'humains qui sont certainement plus vrais que mes soldats! Cela dit, je ne pense pas que votre visite s’arrêtera à contempler les mondes qui coexistent à l’ombre du vôtre, sans au moins en étudier leurs raisons. Je vous invite donc à nous suivre. Ainsi nous pourrons parler plus confortablement de ce qui vous amène et de ce que nous en attendons…

 

*



         Pour cette fois encore, les choses s’étaient bien passées. L’on pouvait même se demander d’où nous vient finalement, à nous humains, l’idée que l’ombre qui se juge dangereuse par son côté ténébreux, où qu’elle soit, puisse avoir un quelconque rapport avec une certaine idée du mal, comme on s’en fait un roman sur la terre…

Le pacte avait été signé une seconde fois. Sans vraiment qu'il fut rencontré de problème. Même Morganie se sentait inutile. Cependant, si Junyather avait insisté pour qu’elle fasse partie de l’expédition: c’est qu’il fallait certainement s’attendre à rencontrer bientôt de vraies difficultés, et que peut-être, ceux des humains qui prétendent que les démons existent aussi ailleurs que chez eux n’ont peut-être pas tout à fait tort!




Si de ce monde habité
La morte flamme n'a gelé,
Qui saurait dire à la vérifier,
Si la cristalline effigie figée
Ne glace quelque miroir brisé?

Si dans cette nuit inversée
Se caresse la croupe sexuée
D’un rêve exténué :
Windthorst est avisé,
Ses chimères évoluées !

Mais qui peut présumer
Ce qui se tisse sous des draps noués?

Image grise ou renouée?…

Posés tel des soupirs expectorés
Dans le silence qui encarte des murs écartés
S’entendent parfois des murmures éthérés !
Si même signées, des lois contournées
Se jugent défuntes: des feintes mornées…



02/02/2022
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