le monde merveilleux de lucien

le monde merveilleux de lucien

CHAPITRE DIX-HUIT

 

18

 

 

S’admettant d’Inanna, fille d’Ishkur, quelle fût à la fois Déesse de l’étoile Vénus et titulaire d’Uruk... L’on peut penser de l’amour, qu’à pareille image, cela nous donne tant parfois force d’ailes, que le rêve en nous pénétrant peut nous rendre sublimes…

 

Là-haut!

 

Les espoirs méprisés font songe délirant

Pour l’esprit révolté, un tableau triomphant…

Quand toute difficulté deviendra chimère:

En tuant ses ennuis, il quittera la terre.

Et pour l’amour du ciel, glissera survolant

De bien sublimes jours, en leurs commencements…

Nous sommes des amants sacrilèges des sens,

Des anges vétérans, pour Elfes indécents.

Dumuzi emporte d’Inanna le corps nu,

Jusqu’au septième miel, et fait l’amour aux nues:

De pauvre berger il s'élève en magnifique,

Et voit que son beau rêve n’est plus utopique.

Superbe volupté dans son ébat charnel,

Loin des villes enchâssées: Uruk est au ciel!

Les voici s’envolant touchant le firmament

Mais le vide les tue, car dans un foudroiement

Retombent vers Gaïa, refoulés par l’éther…

Tel un astre au couchant… s'enfonçant dans la mer.

 

 

      Depuis qu’elle l’avait vu pratiquer sa séance, l'épouse de Lucien craignait beaucoup pour son mari. Elle le savait magnétiseur barreur, mais cette fois, ce qui avait transité par lui était à l’image d’une entité paranormale qui pouvait influer sur l’esprit. Ceci s’adressant généralement à des médiums rompus à ce type d’exercice. Mais elle aurait beau faire: le karma du poète le destinait inéluctablement à suivre la trajectoire de son étoile natale. Il fallait bien se rendre à cette évidence, les astres l’entraînaient inexorablement vers un espace qui était trop Grand pour recevoir un simple humain. Alors elle s’imaginait qu’en suivant un tel labyrinthe de pensées, il finirait par se perdre lui-même. Mais avait-elle tort ou raison?

 

Pourtant, cet autre jour, où aidé de son épouse et de leur amie, il avait ouvert les bouteilles de champagne pour fêter la réussite d'une première réunion associative, laquelle était destinée à exposer les sujets du premier tapuscrit d’une épopée s'étalant sur deux époques, et qu'il avait provisoirement intitulé « Déité ou Féérie ?», il s'était trouvé qu’à voir le comportement chaleureux des invités qui passèrent la porte du café tout au long de la journée, cela lui avait redonné foi en l’avenir. Et puis, quelques mois après, quand la première série de livres concernant l'époque "1" fut imprimée, c'est en catimini qu'ils avaient cette fois osé ouvrir « la grande bouteille de champagne millésimé ». Celle d’un litre et demi qui, exposée chez un caviste de Reims, coûtait si cher!

 

Lucien se l’était procurée afin de célébrer comme il se doit d’un moment d'exception. Ils s'étaient alors régalés comme de braves arsouilles. Ils avaient ri. Ils avaient chanté. Et même pleuré de joie.

Ils avaient aussi récité quelques poèmes variés, qu'ils avaient lus depuis les livrets de Lucien. Heureux comme ils étaient, ils ne semblaient pas devoir s'arrêter... Et puis Lucien s’était soudain fait plus solennel:

 

– Toi qui dans ton temps marche pénétré par trop de pluie: sache que le sentier de ta vie se dessine comme les lignes dans la main et qu'alors, tu y verras tôt ou tard une « patte d'oie »… cela préfigurant la trace qui barrera ton destin… mais nous avons une Dame de lumière ou un Ange Bleu qui veillent sur nous. L’essentiel étant de n’en répudier aucun. Certains l'appellent conscience. Tandis que d'autres la nommeront Marie… ou bien seigneur. D’autres le ou la désigneront par d'autres noms encore... Ce qui importe, c'est avant tout de ne jamais désespérer. Et si vous choisissez d'aller vers le soleil: la lumière laissera votre ombre se traîner derrière vous… mais pas forcément misérablement... Un peu comme le sillage mouvant d'un fier bateau dont le voyage imaginaire émeut l'illusion. Mais, si avec l'âme en naufrage, vous préférez de ne rien tenter d'aventure qui se risque, alors vos rêves d'enfant se noieront un à un dans un lac d'indifférence, où même l'eau noire sombrera: aspirée à son tour par un gouffre d'intolérance...

Or, la vie est un cadeau du Ciel. L'amour sous toutes ses formes en est à la fois génitrice et géniteur. Alors aimons! Aimons-nous les uns les autres, et à nous tous, nous ferons que nous nous retrouverons au-delà de la mort, dans la douceur et la clarté du jardin d'Éden ...

 

– Comme te voilà subitement rembruni mon mari, lança soudain Colette.

 

À cet instant précis, il leur sembla bien que quelque entité influait à nouveau sur le comportement de Lucien… Lequel sans rien dire d’autre, les invita à passer au salon: jugeant probablement que l’endroit serait plus intime et propice à une nouvelle démonstration de son don...

 

– Oh! firent ensemble les deux femmes.

Il se trouvait en fait, que si les volets fermés ne laissaient guère entrer de lumière tamisée que pour que chacun reste visible, en revanche la luminescence émise depuis de ce qui trônait au centre d'une table basse se voyait autrement mieux...

La première question fut posée par Colette :

– Lucien... Qu'as-tu encore imaginé?

– Je sais ce que vous ressentez car j'en ai fait l'expérience moi-même.

– C'est bizarre avait dit Gladys... Mais la pendule semble détraquée car voici que les aiguilles vont à contre sens. Et puis ma montre s'est arrêtée... Serait-ce encore un des sortilèges magnétiques dont tu as le secret... Et voilà que non content de sa magie latente, ton caillou se met à briller de plus en plus!

– Je vous accorde que l'objet contient probablement quelque chose comme du phosphore, mais qui au lieu d'être jaune-verdâtre, diffuse une onde de lumière bleue. Et ce n'est pas tout, car je vais vous faire participer à une autre expérience… Si vous voulez bien, et pour ce faire Mesdames, vous devrez, vous lever et me rejoindre. En faisant alors face au mur qui nous est directement opposé, mais en laissant entre lui et nous la table et le quartz nous serons « aux premières loges »…. Ainsi je vous promets une belle surprise. Surtout soyez attentives! Je vous demanderai le moment venu de ne plus bouger, et surtout de ne laisser échapper aucun mot, quoi que vous voyiez.

– Il est vrai que lorsque tu te fais mystérieux, il faut s'attendre à tout! dit Colette quelque peu inquiète.

– Pour sûr! Émit à son tour Gladys, ce n'est pas pour rien que certains lui prêtent des dons très particuliers.

– Je vous en prie les filles! C’est juste de l'intuition. Et puis, je crois moins à la voyance qu'à un développement conjoint de la perception mentale et sensorielle. C'est d'ailleurs par cela que j'ai découvert ce que vous allez voir si vous me laissez faire. Et surtout je vous en conjure: ne dites plus rien durant tout le temps de cette expérience… À présent laissez-moi opérer… Vous êtes comme moi détendues… vous chassez toute pensée qui serait négative, vos paupières s’alourdissent, vous ne résistez pas. Accoutumez-vous au vide total en fermant les yeux... voilà c'est cela... Vous êtes bien, c'est comme si vous alliez côtoyer le nirvana sans aucune aide substitutive...

Rappelez-vous maintenant celle qui berça autrefois vos rêves bleus... À présent vous régressez dans le temps, vous êtes des enfants... Voilà… c'est bien... nous sommes maintenant vous et moi au bord d’un lac... mais vous ne me voyez pas... vous cueillez des fleurs sauvages... Il y a un frôlement que vous percevez non loin de vous… dans les fougères... « Elle » est là qui vous sourit... Vous faites silence... pour ne pas l'effaroucher!… Maintenant ouvrez les yeux et serrez bien vos lèvres. Voyez l'intense lumière qui jaillit du quartz: voici qu’elle projette l’image hologramme d’une silhouette bleue... C'est une Fée... Elle est superbe!…

 

– Ça alors, mais c'est...

Hélas, les voix non maîtrisées de Colette et Gladys eurent pour effet immédiat de rompre le charme hypnotique. Alors la silhouette disparut en même temps que le quartz reprenait sa luminescence originelle.

– Eh bien oui mesdames, leur précisa Lucien bienveillant: c'était bien la Dame bleue de vos rêves qui se manifestait par l’énergie du quartz… Mais en parlant, il s’est produit que vous avez contrarié sa propriété fondamentale. Cela fermant du même coup la fenêtre intemporelle qui vous permettait de la voir!

 

*

 

 



21/03/2020
15 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 13 autres membres