le monde merveilleux de lucien

le monde merveilleux de lucien

CHAPITRE NEUVIEME

 

9

 

La métaphysique du philosophe né,

Fait principe commun pour l’être qui le sait.

Mais l’homme yang serait-il un élément contraire?…

Symbolisme du désir qui brûle sa terre.

L’obscurantisme est dans l’œuf non encore éclos;

L’enfançon qui ne parle est dieu en ciel falot.

Si l’art de vivre connaît des joies négatives,

L’homme sans apprêt est duplicité active.

Mais s’il contrôle ses égoïstes désirs,

Il pourra vivre bien sans soucis d’être pire.

Ainsi, dans sa quête de l’immortalité,

L'homme "près du ciel" saura voir la vérité.

C'est par restitution des énergies pures

De l’enfance, et puis jusqu’à l’être qui perdure,

Qu’adulte il s’est rassasié durant mille ans,

Des choses de la terre, et d’un monde ascendant.

 

Alors peut-être que:

 

Empruntant le grand escalier qui mène à eux

Par nuée l’on parviendra aux séjours des cieux.

 

 

      Laissant loin derrière lui l'alouette des champs qu'il savait occupée à saluer de son chant grisollant son ami le soleil, notre poète-romancier sembla un instant comme fasciné par les merveilleuses variations de cet oiseau qui fut longtemps l’emblématique des premiers peuples gaulois. Il avait emprunté ce jour-là un de ces chemins qui servait autrefois de voie romaine. Celui-là traversant de part en part la contrée ardennaise alors profondément forestière, il s’y entrecroisait encore aujourd’hui de jolis sentiers druidiques, dont la plupart étaient restés bordés d'arbres Faye qui se révélaient encore, pour être les généreux annonciateurs de douce quiétude.

C’est pourtant en s'intéressant de plus près à ce flamboiement pastoral qu'éclairait un rai maestro, alors que là-haut un autre soliste emplumé révisait ses trilles… Que pénétrant de concert parmi des fougères cachottières, aussitôt franchie la frontière symbolique du pays belge – humble barrière naturellement constituée par des genêts d'or richement enchantés de lumière – que Lucien avait perçu quelque chose d’inhabituel…

 

*

 

      Depuis qu'il avait quitté sa ville natale. Car s’y trouvant trop à l'étroit. Ayant le sentiment d'y finir bientôt étouffé. Et afin de n'être plus prisonnier du cocon- carcan de béton qui se faisait de plus en plus omniprésent: Lucien avait pris l’habitude de s'évader à vélo pour sillonner son petit coin de France, en empruntant préférentiellement les voies vicinales. Mais c'est encore mieux qu'il se plaisait, à traverser de plain-pied des territoires barbelés de ronciers…

 

Homme résolument jeune, avec un cœur d'adolescent éternel, il aimait à se promener parmi les essences forestières jouxtant son village d'adoption. Savourant alors çà et là les plaisirs que lui prodiguait avec soin une nature généreuse qu’il savait grouillante de petits êtres faussement ingénus. Minuscules créatures, qui jouissaient comme lui des bienfaits simples, car directement offerts de belle nature, autant que subissant parfois sans trop rechigner ses incontournables facéties d'amante ombrageuse.

 

Ces lieux, où vibrent encore d'étranges Alchimies se mêlant avec naturel au surnaturel, étaient bien connus du poète. Même s'il s’agit pourtant là, aux yeux de beaucoup, d’une conception plus philosophique que physiologique, dont il convient, c'est évident, de reconnaître que bien des idées font néanmoins convergence à la fois propice, autant que processus importun avec d’autres... Comme de celles, qui sont relatives à des convictions basiques moins religieuses qu’ésotériques. Car seulement admises aujourd’hui, par trop peu d'entre nous. D’aucuns disant alors… Et cela se concède facilement sur ce point. Que tout ceci n'est que présomptions utiles à se faire croire, ou à s’inventer, quelque espoir d’utilité naturelle… Cela s’obtenant d’ailleurs trop aisément par le truchement de légendes. Et là, je vous accorde que ces récits colportés sont naturellement forts de leurs approximations hasardeuses… Mais que tout de même, vous reconnaîtrez peut-être qu'ils peuvent s'avérer opportunément complices. Ne serait-ce qu'à tuer le dérisoire d'une existence morne. Une vie d’humain banal. Truffée d'adéquations trop efficaces à broyer du noir.

 

Alors, si d'aventure il vous arrivait de passer par «Chez Lucien» il se peut que vous y viviez tout autrement qu'ailleurs, vos vacances estivales dans le nord-est de la France… Et si vous savez êtes suffisamment silencieux et perspicace, rien ne s’oppose à ce que vous puissiez vous aussi découvrir des lieux «Magiques». De ces endroits représentant ou prétendant avec juste raison, qu'ils peuvent démontrer par eux-mêmes que de tout temps ont existé ici de grandes et belles valeurs. Des trésors dont les tendances légendaires font actes historiques bien fondés par des sensations naturelles. Vous n'avez rien à craindre. Pour d'aucuns, elles se trouvent à demeurer banales sur le terrain. Mais c'est alors qu'elles se montreront différemment… Si toutefois. Sans le savoir, vous êtes un tant soit peu visionnaire. Comme tout philosophe qui s'ignore. Sans n’être pas moins pragmatique pour autant. Car acceptant comme le fait un poète, que certaines actions et pratiques, mêmes tenues pour légendaires et païennes, n'en sont pas moins riches de leur histoire, et généreuses de leur beauté tant naturelle que surnaturelle...

 

¤

 

      Voici donc que selon la vision de Lucien, notamment par la transmission de convictions échafaudées tout au long de sa vie, l'histoire des choses qu’il juge utiles à défendre pourrait bien vous atteindre à votre tour. S'expliquant que pour lui, c'est en raison d’un rêve itératif déclencheur qu'il fit enfant, alors qu'en ce temps-là, au cours de ses nuits d’après-guerre, il "survolait" virtuellement mais régulièrement les ruines de France.

 

Visions nocturnes, toutes pareilles à celles qui s’offrent de ces pays qui souffrent d’être presque continuellement ravagés par des conflits d’opinions explosives. Évidente béance des cratères immoraux que l’on remplit d’actes meurtriers directement issus de la folie destructrice de quelques hommes dominateurs, capables créateurs de dévastations qui se voient largement éclairées par leur bêtise.

 

En fait, l’âme du poète était déjà rongée par cette horreur depuis longtemps. Son véhicule charnel avait probablement perçu déjà par le biais de son fil astral, les effets de cette cruauté dantesque, alors même qu'il se concevait un corps, cellule après cellule, dans le ventre d’une mère égoïste. Vénale de surcroît. Et qu'il fut bien obligé d'accréditer comme telle. Apprenant entre autres, que sa naissance non voulue, n'aurait jamais dû se produire. Sinon que consécutive d'un ratage de la faiseuse d'anges de service…

 

¤

 

      Il en est ainsi de ces providences qui sont autant de protectorats destinés à assurer les premiers pas de notre destinée… Et si la belle Athénéïse évoluait elle aussi dans les mêmes parages que Lucien, sa présence, pourtant, s’obtenait aussi dans un autre plan où tout aurait certainement paru inversé aux yeux de notre jeune poète. À commencer par le temps, qui bien que n'existant pas comme nous le concevons dans notre dimension, s'affichait néanmoins selon la même alternance de jours et de nuits… Et si ce fut bien l'esprit d’un ange, qui l'avait su conduire au tout début de cette histoire…affrétant pour elle une barque traversière enchantée, qui lui avait offert de franchir la même limite intemporelle que cherchait aussi Lucien…. Il se trouvait qu’en y arrivant… elle avait donc gravit l'escalier bancal… et c’est à présent bien campée devant la porte fermée que de sa main tremblante et légère, voici qu'à présent elle soulève puis relâche plusieurs fois un lourd marteau de bronze patiné de vert-de-gris qui sitôt libéré, retombe aussitôt en frappant contre un réticule incrusté dans le bois dur. Cela produisant le son d'un impact sonore...

De nouveau c'est l’attente: incertaine. Dans l'espoir d'une réponse. Refrénant difficilement une sensation l'indicible émotion. Cela gagnait tout le corps de la poétesse, la pétrifiant sur place. En proie à un tremblement nerveux incontrôlable. Mais son oreille exercée perçoit enfin de l'autre côté une sorte de glissement. Il est aussitôt suivi d’un mouvement. Celui-là est mécanique. C'est probablement que quelque chose, ou quelqu'un opère dans l’énorme serrure. Il lui semble aussi qu'une clenche se dégage d'un mentonnet. Et voici qu'enfin la porte s’ouvre… Sur le néant!...

 

La belle aurait-elle affronté le lac et gravi deux par deux les marches de pierres boiteuses, pour que finalement, elle ne rencontrât rien ni personne…? Pourtant, cette serrure, et ce lourd battant n’auraient su se mouvoir sans la moindre intervention...

 

Décidément! pensa la jeune femme interloquée: Il ne faut surtout pas que je cède à la panique! Il convient au contraire de faire au mieux. Et pour réagir, battre le rappel de tout ce qui peut subsister en moi de courage et d'énergie. Si mon corps et prêt à faire le choix prudent de s'enfuir, bien que ne sachant trop où aller, alors, c’est à mon esprit aventureux qu'il convient de faire appel pour qu'il conçoive un subtil barrage contre toute retraite qui serait indigne…

 

Athénéïse veut mettre fin au conflit d'opinion. Mais il l’assaille au point de s'insinuer trop à son goût. Elle en appelle donc à l’agissement. D'un geste précis, elle se saisit bravement de l’étrange torche qui se trouve disposée près de la porte, placée dans un support de fer forgé destiné à la tenir écartée du mur de pierre, sans pour autant l'y fixer à demeure. Et puis elle s'apprête courageusement à s'engouffrer par le seuil de l’entrée béante, ou plutôt, de ce qui lui parait être un tunnel sans fond. Afin d'en chasser la pénombre inquiétante, voici donc qu'elle brandit haut l’éclairage improvisé… jusqu’à ce que… Saisie de frayeur… Elle l’aperçut enfin...

 

C’était un homme sans âge. Il était de belle stature. Il lui était apparu si soudainement dans le noir qu'il en fut lui-même fort emprunté, et du reste, aussi étonné qu'elle. Sobrement vêtu d’une livrée bizarre, il tenait dans sa main droite un chandelier où trônaient trois longues bougies de cire jaune dont les courtes mèches fumaient encore…

 

– Madame… (se reprenant) veuillez, je vous prie, me pardonner cet accueil si maladroit! Il s’est fait qu’un vent faraud s'est vraisemblablement faufilé avant vous comme le ferait un intrus. Ignorant jusqu'à la plus élémentaire des galanteries qui se doit pourtant par l’usage, devant une Dame. Ainsi, dans sa hâte à vous précéder, ce vil plaisantin a emporté la lumière que je vous destinais. Me confondant alors avec la nuit... Alors, me permettrez-vous d’emprunter maintenant votre quartz lunaire, afin que je puisse vous servir comme il se doit en cette maison?

– Certes Monsieur... Et je vous le dis avec soulagement, croyez-le!

– Fort bien Madame. Alors acceptez que je passe en premier, mais vous restant dévoué, tout en assurant ma fonction de majordome, par la grâce du maître de cette Maison... Mon nom est Henry… Et si vous ne le saviez, alors je vous en informe: vous êtes bienvenue car attendue depuis longtemps…

 

Joignant alors le geste à la parole, Henry lui tendit sa main libre afin de saisir à son tour la torche bizarre que lui offrait déjà la visiteuse. Puis il lui fit signe de le suivre. C'est ainsi qu'ils empruntèrent un long passage qu'Athénéïse supposa constitutif d’un vaste hall. Son sol pavé de grès très ancien conduisit leurs pas jusqu'à l'entrée d'une très grande salle. L'endroit se montrant chichement éclairé par la danse joyeuse de quelques flammes. Elles jouaient de leur corps éphémère, dans le foyer d’un bon feu. Les braises gisant en abondance. Plus rouges que des joues de femme ardemment amoureuse… elles faisaient songer à d’éblouissantes fleurs carminées. On pouvait les contempler, chaudement éparpillées sur la cendre protégeant la pierre calcinée d'un énorme foyer. La gueule était noire. Tapissée de briques réfractaires. Et probablement capable d’avaler la moitié d’un arbre.

 

Le majordome s'effaça galamment. Cela permit qu'ils entrent de concert. Puis Henry la devança cette fois de quelques mètres. Avant de s'effacer à nouveau. Puis, d'un geste avenant, il invita la jeune femme à s’asseoir sur une lourde chaise. Elle était couverte, siège et dossier, d'un épais cuir noir tout clouté de cuivre sur des bords rabattus. Pourtant, Athénéïse déclina sa proposition, le gratifiant d’un léger sourire, qu’elle accompagna d’un geste de tête négatif. Préférant pour le moment rester debout. L'homme n'insista pas. Il s'en fut de son côté afin de redonner quelque ardeur aux flammes qui couvaient dans la vaste cheminée ardennaise.

 

Vint alors un couple de serviteurs discrets, vêtus d'un pantalon blanc bouffant et d'un gilet de pourpre soulignant le bleu de leur chemise indigo, ils apportaient une longue bûche. Ils la disposèrent habilement sur deux grands chenets noirs, ornés chacun d'une grosse boule de cuivre jaune. L'écrasement de la braise produisit l’envol d’une gerbe d’étincelles qui, joyeuses, s'évadèrent aussitôt par le conduit de la cheminée. Et c'est à peine qu'elles commençaient de rassasier l'avaloir gourmand, qu'emportées par l’air chaud elles parvenaient à l'extérieur où elles s'égaillèrent encore. Alors ce fut autant de minuscules protoétoiles qui paraissaient très contentes de quitter la Terre. Peut-être rêvaient-elles à ce moment précis d’entamer un improbable voyage galactique? Quoi qu'il en soit, elles montèrent tout droit vers le ciel...

 

Le majordome s’empara d’un tison. Puis il rendit sa ferveur au candélabre d’argent dont les bouts de cire méchée s'enflammèrent aussitôt. Cela offrait par chacune des trois chandelles, l'éclat rassurant d'une lumière douceâtre. Avec beaucoup de soin, il disposa ensuite l'objet au centre de la grande table. Sur un joli napperon immaculé, finement brodé de fil d’or.

 

– Monsieur, il me semble, sera certainement ravi de votre visite…

 

Athénéïse ne répondit rien. Ce n'était pourtant pas dans son habitude d'éviter la conversation. Son esprit était ailleurs. Il se mêlait par osmose à de la lueur vacillante qui faisait danser beaucoup d’ombres qu'elle souhaitait bénéfiques. Et puis la chaleur rassurante de l'âtre aidant, elle tendait à s’imaginer toute une cour admirative, composée des joyeux lutins de la forêt qui, pensait-elle, pouvaient bien l’avoir accompagnée jusqu’ici pour la protéger.

 

Pourtant, quelque chose dans son cœur la rendait tristement solitaire. Et tout en scrutant cet âtre rougeoyant qui s’insinuait jusque dans l’optique de son regard pers, elle s’inquiétait à présent de ce qui avait bien pu la conduire à venir jusqu’ici. Il lui semblait évident que par le fait de cette hardiesse, sa vie était en train de basculer… là, dans cette pièce, bien trop grande pour être intime, où elle sentait doucement ses jambes l’abandonner. En même temps que sa conscience l'emmenait par la main jusque dans le jardin de ses rêves...

 

Le vieil homme s’en émut de la voir ainsi :

 

– Madame… Madame!... Est-ce que vous allez bien? Vous êtes si pâle, presque diaphane.

– C’est que, voyez-vous, je n’étais plus moi, répondit-elle en reprenant ses esprits. Ma pensée s’était probablement diluée dans la félicité mielleuse qui rayonne de la cheminée. Au point que je la ressentais comme l’effet d'une source bienfaisante. Un fluide guérisseur de tout. Comme un baume liquéfié qui se déverserait dans un bassin déjà rempli de fondements bénéfiques. Probablement ceux de sa propre métaphysique.

 

Interloqué, l’homme la regarda songeur. Lui aussi vivait souvent ce genre de perdition inopinée. Celle de la pleine conscience… avant de sombrer doucement jusqu'à rejoindre l'autre, médiane, et l'ultime plongeon vers celle profonde. Et puis, n’était-il pas penseur en des lieux bien étranges?

 

*

 

      Henry était arrivé ici même, il y a plus d'un siècle. Et s'il avait vécu jusqu’à cet âge avancé tout en montrant encore une belle vitalité physiologique, c'était peut-être qu’il en avait hérité de lointains aïeuls? Des êtres singuliers, car féeriques… Mais vraisemblablement, c’était aussi en raison du fait qu’il est, pour partie active, l’un des habitants du monde "invisible" de Castel-Anatha. En outre, dès qu'il avait vu Athénéïse apparaître dans l'espace que représentait le cadre de la porte d'entrée, Henry n'avait pu s'empêcher de la comparer de mémoire à Morganie "la païenne". Une autre femme splendide. Et qui restait incroyablement jeune et belle…

 

Malgré tout ce temps qui avait passé depuis sa naissance. Morganie offrait en fait un visage et une apparence corporelle se rapportant trait pour trait à cette femme qui se trouvait devant lui. Pourtant, à moins d'un clonage, la chose était humainement inconcevable.

 

S'il avait vu Morganie pour pareille, sinon que peut-être de teint, c'était tout de même alors qu’il était encore enfant! Et sachant que la brune beauté d'alors avait déjà vécu bien plus d'années que lui n’en comptait aujourd'hui: cela devenait carrément impensable qu'elle fût encore comparable à une femme de trente ans! Sans compter que si elle avait été requise par Gabryel pour éduquer Henry, lorsqu’il était adolescent, ce dernier apprit assez vite qu'elle avait déjà fait cela bien avant encore! Puisque c’était pour son père à lui…!

 

Henry avait pu voir aussi durant sa jeune époque de vie, que la mystérieuse Dame brune à la jeunesse éternelle, dans un joli coffret d’argent finement ciselé, gardait de minuscules croissants de quartz que lui avait donné disait-elle, une Dame éblouissante, régnant quelque part sur la face cachée de notre Lune… Et qui lui avait affirmé qu'elle devait les garder ainsi, précieusement enfermés dans leurs bulles de lumière transparentes. Ces dernières se montrant prisonnières volontaires du coffret. Morganie avait alors assuré à Henry que ces bulles étaient capables de s'échapper vers le ciel avec eux à l'intérieur. Cela pouvant se produire dès qu’on en soulevait le couvercle de cristal qui les gardait de tout. Assurément lui avait-elle avoué: ces objets vivants à leur manière serviront un jour d’exemple utile à en faire admettre d’autres. Le Majordome pensait aussi que l’enseignement qui lui fut prodigué par cette étrange femme, était pour quelque chose dans le fait que lors de moments de conscience élargie, il avait su provoquer mentalement, comme dans ses rêves d’enfant, le concept générateur d’une certaine dimension proche de l'extase des chamanes. D'ailleurs, n'avait-il pas lui-même, au cours de ces "expériences méditatives" obtenu la faculté de s'élever d’un bon mètre au-dessus de son lit? Faisant un peu comme ces bulles-lune…

 

Si cela se concevait facilement à la période sensible qu’est la jeunesse humaine, aujourd'hui, à regarder Athénéïse, il se sentait soudain tout prêt à s’échapper encore en apesanteur. Et s'en aller découvrir, comme autrefois, les nues et le ciel!

Il faut bien préciser qu'à vrai dire, Henry est tout de même le petit fils d'une Ondine, qui elle-même, fut conçue par la descendance des "Frères-Ancêtres" de la lignée d'Ardvina la Déesse. Celle-là même, qui donna son nom au massif des Ardennes.

 

Henry avait donc en suffisance, les raisons et compétences qu'il fallait pour servir un Seigneur issu du ciel et de la terre, tel que l’est Gabryel…

 

Sa tâche certes était parfois difficile. Mais il se montrait bien utile. Se sentant à l'aise dans son bel uniforme de majordome, qu'il portait fort cérémonieusement. Pensant même parfois, que son habit valait mieux en bienséance, que celui pourtant beaucoup plus prestigieux des humains académiciens!

 

De fait, Henry avait remplacé son défunt père, assumant à son tour la charge de maître de grande Maison. Ce qui fit que Morganie les avait donc tous deux préparés à accomplir toutes sortes d'actes utiles à servir un Grand de la déité. Elle les avait pour cela initiés à la parapsychologie. Et aussi instruits à l'utilisation de certaines sciences parallèles. Cela leur permettant de générer et de gérer, des phénomènes considérés paranormaux par les humains qui n'en disposent plus, car ne sachant les définir. La plupart ayant véritablement perdu l’usage spontané de ce don inné qui reste cependant transmis à quelques-uns et quelques-unes, par le biais d'un rare héritage génétique.

 

Certes, il avait bien semblé à Henry, lorsqu'il n'était encore qu'un enfant, que cette Dame venue elle aussi de la forêt, et qu’il savait âgée de plusieurs siècles, ne pouvait être qu'une Fée. Et puisqu'elle servait ainsi un Seigneur encore plus âgé qu'elle, il admettait que les deux êtres étaient différents des humains. Puisqu'ils présentaient toujours une jeunesse de corps presque identique à celle qu'il leur avait toujours connue... C’est dire que le majordome était forcément à son affaire. Il connaissait même – c'est obligé – certains secrets de famille… N’est-il pas d’ailleurs aussi le gardien du "passage" cet escalier secret, réservé à son maître, et qui d'une certaine manière, mène à l'une des rares "écuries du ciel"…!

 

Et puis, de fil en aiguille, Henry se remémorait cet autre moment où, dans sa prime adolescence, il avait eu par hasard, et pour la première fois, connaissance des "voyages astraux" de Gabryel...

Certes, il se montrait encore alerte, mais il avait tout de même passé 138 ans. Et s’il servait fort bien un Prince disciple d’Athéna, (laquelle régna dans notre ciel, dès après que le flamboyant Phébus s’en soit allé de l’autre côté de la terre réveiller d'autres gens) ce genre d’exercice spirituel qu’il pratiquait autrefois couramment lui était aujourd’hui devenu relativement pénible à obtenir. Ce qui n’empêchait pas qu’Henry assumait toujours son service au mieux de sa personne. Et ce, depuis que Charles-Henry, son père, fut admis à passer la porte de lumière…Passage virtuel, dont la forme rappelle vaguement celle d’un cylindre qui serait constitué d'anneaux intemporels, et débouchant sur un étrange vortex. Cela c'était produit après deux cents ans d'une vie qui fut entièrement offerte au grand esprit de lumière. Permettant à son père de rejoindre exceptionnellement corps et âme, le pays des ombres blanches spirituelles. Il y fut d'ailleurs accueilli fort honorablement. On l'invita même à vivre son repos éternel dans la sereine clarté qui existe dans un monde moins connu des humains que vaguement présumé par les plus visionnaires d’entre eux! Du reste, le fils unique de Charles-Henry sait encore lire les images métapsychiques qui se dessinent dans l’esprit des gens. Et ainsi, quelques bribes de la pensée d’Athénéïse, bien que s'avérant lointaines et fort confuses, lui étaient tout de même parvenues. Il tira donc à nouveau la lourde chaise capitonnée et la lui offrit. La voyant cette fois accepter, il s'autorisa à s’asseoir à son tour. Non loin de la jeune femme, afin d’être à même de d'engager la conversation:

 

– Madame, commença-t-il d’une voix à la fois douce et respectueuse: votre image ne m’est pas étrangère… Et puis j’ai souvenir d’antan, alors que mon père m'avait entretenu d'un fait qui lui fut rapporté par sa mère à propos du Seigneur Gabryel et de Dame Morganie. Il s'est produit qu'autrefois le Seigneur Gabryel a sauvé des flammes une suppliciée qui vous…

Le majordome soudain s'était tu. Il se leva promptement de sa chaise et, agissant comme s'il avait soudain l'intention d'éclairer, mais d’une autre manière, des paroles qui somme toute sembleraient assez nébuleuses pour qui n'est pas dans son esprit: il se saisit du candélabre d'argent qu'il avait posé tout à l'heure sur la table de vieux chêne… Alors, le brandissant comme un trophée s'expose aux yeux d'une foule en admiration, il tourna les talons et se dirigea vers le fond de la pièce.

À le voir tenir ainsi la lumière, Athénéïse aurait pu penser qu'il avait entrepris de débusquer quelque entité maligne. Mais l'ombre pourtant semblait vouloir obstinément s'incruster dans les murs du manoir. Intriguée, la poétesse le regardait faire. Elle se demandait pourquoi il agissait de la sorte… Jusqu'à ce que se découvre un grand tableau représentant une femme à la sublime beauté!

 

Cela tenait de l'apparition transcendante! Si bien qu'on aurait pu croire que l'être, pourtant figé, allait s'avançer de lui-même vers le chandelier. Afin peut-être de mieux s'offrir à lui? Tel le tournesol, qui gourmand de lumière, nous semble suivre le déplacement du soleil.

 

Malgré le dérisoire du vacillant éclairage, l'irréalité qui se présumait des ombres vagabondes semblait devenir vivante. Alors que celle d'Henry s’arrêtait soudain ...

 

Athénéïse y voyait la représentation d’un corps presque nu. Et puis elle se dit que les traits du visage avaient quelque chose de familier, lui apparaissant même… identiques aux siens!

En fait, il s'agissait simplement d'une toile de jute qui avait été enduite au blanc de titane avant de se prêter à l'artiste qui avait immortalisé l'immortelle peinte à l'huile…

 

Par la structure particulière de son fond grossier, l’œuvre évoquait plus particulièrement une tapisserie… Laquelle, dans un style trop vivant pour ne pas s’en inquiéter, montrait donc l'image envoûtante d'une superbe femme brune. Le sujet était debout. Comme émergeant d’un lac infini incrusté par lui-même, comme pour s’auto-créer un décor surnaturel, bien que pavé de nénuphars sobrement voulus naturels. L'onde, dans son calme figé, ne masquait que les pieds de ce qui semblait être une ondine. Il reste que s’il n’y avait cette couleur corbeau des longs cheveux subtilement étalés, l'on aurait pu croire qu’il s’agissait là du portrait joliment érotisé d'une "autre" Athénéïse!

 

La brune était resplendissante de beauté. Dans une main aux ongles peints de vernis rose azalée, elle tenait un bouquet constitué de renouées rouges au cœur éclatant. De l'autre, par son bras levé, avec paume dirigée vers le ciel, elle maintenait telle une voluptueuse écharpe transparente, un fin voile qui ne cachait rien d'une poitrine à la forme et au volume idéal. Ainsi représentée par le génie d’un art figuratif expérimenté, la jolie femme semblait directement surgie de la nature aquatique qui l’entourait. C'était comme si une superbe orchidée de chair avait pu éclore, délicatement posée sur la toile, par le truchement-pinceau miraculeux, obtenu d’un dieu artiste, et faisant d’elle une entité superbement présente, entre le ciel et l’eau. Beauté pareille à une jaillissante fleur vivante. Émergée parmi d’autres fleurs posées sur des palets verts: elle offrait avec charme et paroxysme l'image parfaite d’une icône, concurrentielle en préciosité à celles incrustées d’or des églises. Bien que celle-ci fut tout autrement admirable, puisque s'obtenant d’alchimie infinie de vénusté… Voilà exactement à quoi songeait Athénéïse. Elle se surprit même, à repenser l'un de ses poèmes. Elle l'avait écrit juste après un rêve d'enfance, si consciemment vécu qu'il en avait profondément marqué sa mémoire.

 

– Qui est cette personne? Demanda soudain la poétesse en se levant à son tour pour s'en rapprocher.

– Ce tableau, lui répondit Henry, représente Morganie. Et comme je vous le disais, mon père me rapporta l’histoire de cette femme qui en des temps différents fut marraine et initiatrice. Il y a près de dix siècles que monsieur est intervenu dans sa vie sur la demande de Junyather. Elle serait née d’une Fée blanche, descendante d'une déesse ardennaise, une certaine Ardvina. La mère de Morganie fut autrefois condamnée par la Reine des fées pour avoir enfreint la loi de la Forêt-Noire. Celle-ci interdisant à une immortelle d’avoir un rapport charnel avec un mortel. Et puis, il se disait encore que Morganie aurait eu une sœur jumelle, une certaine Èrmandine, qui fut une grande prêtresse. Et que celle-là officia au temps qu'il est commun aux hommes d'histoire de nommer pour période de pré renaissance: le moyen âge.

– Ne trouvez-vous pas étrange, monsieur, qu’elle me ressemble à ce point?

– Justement, c'est ce qui m’a fait croire tout à l'heure que je vous avais peut-être connue autrement. Avant votre visite de ce soir… Quoi qu’il en soit… Reprenait le majordome un peu comme on s’excuse… Je ne puis pour le moment vous en dire davantage. Sinon vous préciser que Morganie, pareillement à Èrmandine, est une personne d'importance, car très digne défenderesse d’une confrérie dont la raison ésotérique, quoique se faisant plus discrète à présent, s'attache encore à sacraliser l’action bénéfique de notre étoile. Cela en vertu de sa lumière, telle que nous la renvoie en nocturne notre satellite naturel, la lune. Bien qu’à ma connaissance, la trace de ce culte semble pourtant s'arrêter à l’existence d’un site, qui pareillement à Castel-Anatha, ne se voit plus guère maintenant. Sauf par celles et ceux qui comme vous et moi ont su préserver l'usage de leur don inné de supra sensibilité parapsychique. Ce concept associé qui nous permet de voir et connaître non seulement ce manoir, mais aussi d’évoluer parmi d’autres composantes du monde parallèle. Dont celle d'un puissant oratoire, qui pour d’autres que nous, n’est plus guère qu’un lieu faiblement vibratoire. Lequel existant aussi dans la dimension humaine, mais totalement enfoui, sous une terramare faite d’humus, de limon et de mor. Cela le montrant certes encore, mais comme un simple tertre d’apparence naturelle. Et qui se perd en mémoire au sein de la grande Forêt ardennaise.

 

*

 

      Athénéïse était à présent revenue tout près de l’âtre. Elle se trouvait plus précisément assise, sur l'une des deux avancées contiguës. C’était une sorte de large rebord constitué par un assemblage de pierres bleues. Bien que se révélant assez inconfortable par la présence de saillies, cela pouvait tout de même servir de banquette improvisée… De son côté, Henry s’était à présent muni de quelques bâtonnets d'énergie. Il les avait puisés dans un grand pot d’étain ciselé. Lequel était posé sur une sellette d'airain munie d'un blanc plateau de marbre rond. Assez semblables à celui qui alimentait l'éclairage du perron, ces sortes de crayons de la taille d’un gros cigare demandaient comme eux à être sectionnés à l'une de leurs deux extrémités. Il convenait d'opérer ainsi avant qu'ils fussent plantés dans des réceptacles de cuivre en forme de petites tulipes à bords courts. Ces coupelles, judicieusement serties, se trouvaient réparties par groupe de trois dans des supports de fer forgé, dont la hauteur était étudiée pour diffuser au mieux la lumière. On aurait pu comparer cela à nos lampadaires modernes lorsqu'ils sont munis de tubes à iodure. À ceci près que nul courant électrique ne parcourait aucun gaz, et qu'il n'y avait pas davantage d'électrode en tungstène. Ces quartzites étaient donc puissants d’eux-mêmes. Ils puisaient ce dont ils avaient besoin d'énergie dans leur environnement immédiat, ce qui fait qu'Athénéïse pouvait mieux encore contempler la mystérieuse toile, tout en réfléchissant à ce que le majordome lui avait appris...

 

De fait, si elle-même était née au cœur de la Forêt ardennaise, Athénéïse n’ignorait en rien que ce fut peu de temps après que ses parents disparurent très mystérieusement. Elle savait aussi qu'un brave couple d'errants, lui aurait-on dit – qui passant par un étrange hasard suffisamment près de la cabane forestière – s'était enquis par un soir de décembre, de savoir si quelque personne accueillante se trouvait dans la maisonnette ou alentours, mais que sur ces entrefaites, n'ayant obtenu de réponse que celle des pleurs d’un bébé, ils s'étaient décidés à pousser la porte entrouverte. Ne trouvant qu'elle, ils avaient pris la décision de s'en occuper. Mais seulement jusqu’à ce que quelques années plus tard, ils disparaissent à leur tour...

Bien que l’enfant ignorât pourquoi: cela perdura ainsi en d’autres cycles trisannuels, et ne cessa que lorsqu’elle fut en mesure de se débrouiller seule...

 

Athénéïse avait bizarrement oublié les visages de tous ces gens qui l'ont préservée, soignée, et donc élevée. Elle ne se souvenait pas davantage de leurs noms. Sinon d'un seul. Le même que prononcé tout à l'heure par Henry: celui d'Èrmandine !

Et puis il y avait cette étrange marraine qui… Ressemblait à….

L'esprit occupé à se remémorer, et bien qu’il lui semblât que les flammes dans l'âtre entreprenaient cette fois de dévorer son dos, la jeune femme ressentait cependant l'étrange sensation d'une sorte de fluide glacial parcourant son corps.

 

Instinctivement, elle ramena ses jambes contre elle, emprisonnant ses genoux de ses mains, et soudant celles-ci, par l'entrecroisement de ses doigts. Tout en adoptant cette posture, elle posa sa joue sur l'avant de son bras droit et s’assoupit...

Ce fut probablement le joyeux tintinnabule des couverts d'argent qui, parvenant à ses oreilles, la tira du même rêve étrange quelle faisait souvent. Elle ouvrit alors les paupières. En même temps qu'elle relevait son beau visage. Elle constata que le majordome s'affairait autour de la grande table de chêne très vieux, mais parfaitement ciré.

 

¤

 

      Le sphéroïde de lumière s’approchait lentement des toits de Castel-Anatha. On aurait pu penser naïvement que la lune ayant rapetissé, c'est elle qui s’apprêtait ainsi à atterrir tel un globe merveilleux... Cela se posa en douceur, sur le dallage de la grande terrasse d'en haut. Et puis la clarté avait soudain disparu.

 

La jument Zanaïhelle devait certainement apprécier le fait de retrouver cet endroit. Elle laissa entendre un hennissement de satisfaction qui fit vibrer l’air accueillant de la nuit tiède. Tandis que tout en bas, entourant de son corps placide le parc du manoir, l'on aurait pu croire l'eau noire endormie… Pourtant, la surface du lac au liquide tranquille fut parcourue d’un étrange frisson qui dérangea la faune nocturne jusqu'aux abords de la forêt… Un grand-duc au regard ébahi prit soudain un envol paresseux, laissant du même coup la vie sauve à l'imprudent chiroptère qui s’apprêtait à passer trop près de lui. Cependant que depuis les joncs et les nénuphars, des voix se mirent à coasser:

 

– « le Moaître est revoanu... ».

Un vieux chêne bicentenaire secoua branches et feuilles d’un air entendu. À son pied profondément enraciné, courbant l’échine sous le souffle aquilin, des roseaux faisaient penser à des glaneurs laborieux. Tandis que devant eux, engendré par l’onde mise en mouvement, le discret clapotis se prit à caresser tendrement le ventre rond de la barque de bois virtuellement enchaînée, comme par amour à son ponton. Près d’elle, une reinette jalouse quitta son île- nénuphar dans un bond dédaigneux. Elle sombra aussitôt, comme un jet de pierre. Produisant un plouf retentissant. Lequel fit jaillir une gerbe de liquide moiré d'anthracite.

 

À l'intérieur du manoir, Athénéïse se trouvait à présent dans un état de fébrilité latente. La conscience en ébullition de la Dame la faisait vibrer. Cet espoir qu’elle nourrissait de longtemps allait-il se muer en réponse? Et cette information: saurait-elle justifier l’excitation profonde que la poétesse ressentait depuis plusieurs mois? Ce ne pouvait-être qu'un sentiment puissant qui l'avait amenée à faire preuve d'une telle hardiesse, et qu'elle récusait comme véritable révélatrice de son entêtement. Et puis, elle aussi avait remarqué cette féerie de lumière qui faisait danser des chimères derrière les vitraux multicolores du Manoir… Du reste, la jeune femme s’avérait plus réceptive que le majordome. Elle avait pressenti l'arrivée de Gabryel. Et ce bien avant que le brave serviteur lui eût annoncé la nouvelle. Ce qui explique qu'elle s'était donc levée d’un bond si rapide qu'elle en avait surpris ce dernier. Mais elle se tenait à présent si roide qu'on aurait dit une femme en cire. S'accordant l'aide discrète, bien qu’à priori fort utile de sa main gauche, qu'elle maintenait, comme on peut dans un tel cas de proche dérobade, appuyée contre le manteau bienvenu de la grande cheminée. Incapable de contrôler le tremblement nerveux dont son corps en émoi était la proie: la jolie jeune femme offrait ainsi l'image éclatante d'une superbe rousse, dont la flamboyance active, paraissait à peine concurrencée par la clarté vivante du feu dans l'âtre. Celui-là crépitant de surcroît comme s'il se montrait jaloux de l'effet qui mieux que lui, si chaud et prometteur, jaillissait des cheveux de la belle. Cependant que la grande horloge comtoise tirait tant qu'elle pouvait sur ses ficelles munies de leur poids de fonte. Tentant peut-être d’accélérer son rythme mécanique, en vue de l'accorder à celui cardiaque de la poétesse prête à défaillir...

 

Et puis, sans émettre le moindre bruit, le grand tableau représentant Morganie paru s'effacer en même temps qu’une partie du mur de pierre. Ce pivotement sur lui-même fit découvrir un passage sur le pas duquel se tenait un être immobile. Il était soudain apparu, vêtu d’une longue houppelande qui paraissait plus blanche que la neige des hautes cimes inviolées des montagnes. Il était là, debout, nimbé de la tête aux pieds par une étrange clarté...

 

 

 



20/02/2020
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